Tous mobilisés pour défendre la ferme France
Interview des secrétaires généraux de la FNSEA, Dominique Barrau, Jérôme Despey et Daniel Prieur.

Pourquoi la FNSEA et les JA ont-ils décidé de se mobiliser le 2 juillet ?
Dominique Barrau: La transformation et la distribution protègent leurs marges en toute légalité, mais pas en toute transparence. La situation ne peut plus durer. Les agriculteurs ne peuvent plus nourrir les Français à ce prix!
Jérôme Despey : La nuit de détresse du 2 juillet s’inscrit dans la continuité de notre mobilisation pour la défense de nos productions, pour veiller à ce que les accords de filière s’appliquent réellement sur le terrain. La discussion est terminée, il n’y a plus de négociation possible. L’engagement doit être mis en œuvre dans son intégralité. Il ne peut l’être partiellement. Nous voulions dire aussi stop à l’ensemble des surenchères de l’État qui nous impose toujours plus de règles administratives et environnementales au-delà des règles communautaires et qui crée de graves distorsions sur le plan social par rapport à nos voisins européens. Ce qui plombe notre compétitivité et ouvre un boulevard aux produits alimentaires de nos partenaires européens.
Nous avons donc appelé les agriculteurs à se mobiliser le 2 juillet pour défendre la ferme France, pour produire français et manger français avec des prix rémunérateurs à la clef.
Quelles sont les revendications que vous mettez en avant?
Dominique Barrau : Parce que les prix de nos produits sont les moins bien payés d’Europe, l’agriculture française s’enfonce dans une situation de crise irréversible si nous n’obtenons pas de véritable rupture sur l’organisation économique des filières d’une part, et l’encadrement normatif d’autre part. La première urgence porte bien entendu sur les prix, les prix, les prix. Il est temps que les pouvoirs publics se prononcent clairement en faveur d’une politique de prix : des prix à la consommation qui prennent en compte la hausse des coûts de production et la rémunération des agriculteurs. Aux pouvoirs publics de faire preuve de la plus grande fermeté vis-à-vis des distributeurs en rendant publiques leurs pratiques abusives.
Pour ce qui nous concerne, nous plaidons pour la mise en place d’une contractualisation multipartenariale tout au long de la chaîne alimentaire, du producteur jusqu’au distributeur en passant par les transformateurs.
Dans le contexte de crise que nous connaissons, la promotion de l’origine France, y compris pour les produits transformés, constitue un levier majeur pour le redressement du pays et la vitalité de nos territoires. Nous exigeons la généralisation de l’apposition des logos Viandes de France, Lait collecté et conditionné en France sur la totalité des produits d’origine française, dans la grande distribution comme dans le commerce de détail. Sans oublier la restauration hors foyer. La politique des prix bas et le recours massif aux importations conduisent inexorablement à la disparition de pans entiers de l’agriculture française alors que les produits français sont soumis à des contraintes sociales et environnementales plus élevées que chez nos partenaires. Il est impératif de mettre un terme à l’hystérie technocratique de production de normes sur le travail, l’environnement et de sortir de la logique de silo où chaque administration élabore des normes en ignorant le ministère d’à coté. La surenchère administrative : ça suffit !
Quelles actions concrètes avez-vous prévu d’engager?
Dominique Barrau : Parallèlement, l’action déjà engagée de mise sous surveillance des entreprises, de la grand distribution, de la restauration hors foyer, va se poursuivre pour que les engagements pris par les opérateurs des filières viande bovine et porcine se concrétisent.
Pendant tout l’été, nous allons sensibiliser l’opinion publique sur la situation des agriculteurs français et l’obligation vitale de changer de cap en organisant des opérations de communication sur les grands axes de circulation.
Au-delà des actions syndicales, quel message souhaitez-vous faire passer?
Daniel Prieur : On ne peut avoir dans ce pays un message d’indifférence sur l’agriculture et priver les agriculteurs de l’accès au prix et à la valeur ajoutée. Alors qu’ils sont soumis à des contraintes administratives et environnementales de plus en plus dures. N’oublions pas que l’agriculture reste stratégique pour l’avenir de la production dans notre pays. Au moment de la création du marché commun, le chancelier Adenauer en Allemagne et le général de Gaulle en France ont signé un deal réservant l’industrie à nos voisins et à notre pays l’agriculture. Plus de 50 ans plus tard, l’Allemagne a gagné sur tous les tableaux et nous sommes hors jeu. Ca ne peut pas durer. L’opinion publique doit le savoir.
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