L'Oise Agricole 30 janvier 2025 a 09h00 | Par Pierre Poulain

37,5 € /t pour être rentable

Alors que les coûts de production augmentent d'année en année, le cours du sucre connaît une légère baisse. Les importations de sucre ukrainien augmentent l'incertitude pour 2025.

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Emmanuel Pigeon (à gauche), directeur de la CGB Hauts-de-France, et Alexis Hache (à droite), président de la CGB de l'Oise.
Emmanuel Pigeon (à gauche), directeur de la CGB Hauts-de-France, et Alexis Hache (à droite), président de la CGB de l'Oise. - © PP

Les coûts de production betteravier* s'élèvent à 2.967 €/ha en 2024, bien au-dessus de la moyenne des coûts sur la période 2019-2023 (2.577 €). «Avec un rendement moyen à 79 t/ha, ce n'est qu'à partir de 37,5 €/t de betteraves que la culture sera rémunératrice et que le betteravier pourra investir», explique Emmanuel Pigeon, directeur de la CGB Hauts-de-France.

La hausse des coûts devrait se prolonger en 2025, les estimations tablant sur 3.046 €/ha, avec un risque prix principalement porté par le planteur.

Dans le même temps, le marché, lui, se cherche. Après une hausse des cours mondiaux du sucre brut et du sucre raffiné entre 2020 et fin 2023, ceux-ci ont entamé une baisse tendancielle. Le marché est à l'équilibre pour 2024-2025, mais s'oriente vers un déficit de 3,1 Mt en 2025 et 2026. «Le marché reste robuste, notamment à la faveur de l'euro.»

Ukraine, Mercosur...

À l'origine de la chute des prix dans l'Union européenne, les importations ukrainiennes. Là où elles n'étaient que de 20.000 t/ an avant l'invasion russe, elles atteignent maintenant les 700.000 t. «On s'attend à des prix de betteraves 2024 inférieurs de 10 €/t par rapport à 2023» La betterave est une des rares filières à avoir obtenu une limitation des importations (260.000 t).

De nouvelles négociations sont prévues pour le mois de juin alors que les betteraviers ukrainiens inondent les marchés historiques du sucre français, en profitant de leurs avantages comparatifs : des surfaces plus grandes et la possibilité d'utiliser 29 produits phytosanitaires interdits aux producteurs européens.

Le Mercosur fait lui aussi peser une menace sur la filière. Le traité, s'il entre en vigueur, permettrait l'importation en Europe de 190.000 t de sucre et 8,2 Mhl de biocarburants, issus de cultures en partie OGM ou utilisant des produits phytosanitaires non autorisés en France, l'équivalent de 50.000 ha, soit 12 % de la surface betteravière française. «La Commission tente de passer en force, mais la France s'oppose et cherche des alliés parmi les autres États membres.»

Concurrence intra-européenne

Reste que les distorsions de concurrence ne résultent pas uniquement de nos échanges avec les pays extra-européens. La boîte à outils des producteurs français se réduit tandis que les risques de résistances de bioagresseurs augmentent. Or, «les molécules interdites en France sont utilisées chez tous nos principaux concurrents européens.»

Le récent vote par le Sénat en faveur de la réintroduction de l'acétamipride et du flupyradifurone semble être un pas dans le bon sens pour les betteraviers.

À l'Assemblée Nationale d'examiner la question des néonicotinoïdes. Réponse courant février.

* Ces coûts comprennent les itinéraires techniques, les charges de structures, les charges variables et les charges MSA.

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