L'Oise Agricole 11 août 2022 a 09h00 | Par Christophe Soulard

Autour de l'azote, la colère des agriculteurs néerlandais ne faiblit pas

Hostiles au «plan azote» du gouvernement, les agriculteurs néerlandais manifestent depuis plusieurs semaines à travers les Pays-Bas. Ils comptent bien poursuivre leurs actions syndicales pour faire plier le cabinet Rutte. Ce dernier a décidé d'entamer des négociations.

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Les images des manifestations ayant fait le tour de la planète, les agriculteurs néerlandais reçoivent le soutien parfois appuyé de personnalités politiques de plusieurs pays.
Les images des manifestations ayant fait le tour de la planète, les agriculteurs néerlandais reçoivent le soutien parfois appuyé de personnalités politiques de plusieurs pays. - © Capture d'écran - Twitter

«Préparez-vous pour les actions plus dures», a averti le syndicat agricole Farmers Defence Force (FDF, force de défense des fermiers), le 5 août. Ce syndicat réputé radical n'a pas apprécié les négociations que le gouvernement de Mark Rutte a engagées début août. La crise de confiance entre le gouvernement et les agriculteurs semble d'ailleurs très profonde et dépasser le seul débat sur la réduction d'azote. Le mouvement prend de l'ampleur et cristallise autant qu'il capitalise au-delà du seul secteur agricole. Ainsi le 7 août, des milliers de personnes ont manifesté à Groningen manifestent contre la politique de Mark Rutte en signe de solidarité avec les agriculteurs néerlandais. D'ailleurs, une grande majorité des Néerlandais soutiennent les manifestations des agriculteurs. Au coeur du problème, se trouve le projet du gouvernement dirigé par Mark Rutte de vouloir de réduire le cheptel national, afin de diminuer les émissions d'ammoniaque et d'oxydes d'azote, dans le but de protéger les zones naturelles du pays. Selon ce plan, les émissions d'azote doivent être réduites de 50 % d'ici à 2030. Ce qui conduirait à réduire le cheptel bovin d'environ 30 %. Pis. Le gouvernement n'exclut pas d'exproprier certains exploitants. Une perspective qui crispe encore plus des organisations syndicales agricoles peu promptes au dialogue.

«Provocation»

Empêtré dans ce dossier, le ministre de l'Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire, Henk Staghouwer, a bien tenté une médiation avec Johan Remkes, commissaire du Roi (président d'un Etat provincial). «Provocation», ont répondu les syndicats agricoles. En effet, Johan Remkes est le rédacteur du rapport gouvernemental sur le plan azote et la réduction du cheptel. Le commissaire du Roi a approché les dirigeants de l'entreprise d'aliments pour animaux De Heus pour que ces derniers puissent intercéder auprès des agriculteurs qui ne veulent pas s'asseoir à la table des négociations, à l'exception du syndicat LTO. Dans une déclaration détaillée sur son site web, l'entreprise remarque les plans de réduction d'azote sont «radicaux», qu'ils entraînent une «grande incertitude» sur le devenir des exploitations et qu'avant de s'adresser aux entreprises et aux filières, le gouvernement serait avisé de parler en priorité aux «représentants des organisations d'agriculteurs.»

Un tour politique

La colère des agriculteurs est d'autant plus grande, qu'ils estiment avoir réalisé de très nombreux investissements pour réduire ces émissions. «Ils se sentent méprisés et ils soupçonnent le gouvernement de surtout vouloir prendre leurs terres pour y construire des logements, puisque le pays manque cruellement d'espace», souligne le journaliste Kleis Jager. Ces manifestations commencent à prendre un tour politique. Les images des manifestations ayant fait le tour de la planète, les agriculteurs néerlandais reçoivent le soutien parfois appuyé de personnalités politiques telles que Donal Trump et Marine Le Pen. L'extrême-droite locale, représentée par Geert Wilders et Thiery Baudet, tentent aussi de surfer sur ce mouvement d'humeur à des fins politiciennes. Cet épisode pourrait d'ailleurs redessiner à plus ou moins long terme, le paysage politique néerlandais. La fracture semble en tout cas consommée entre les agriculteurs et les partis écologistes et de gauche comme Democraten 66 (D66). Généralement issus du milieu urbain, leurs cadres dirigeants y cultivent une attitude «anti-paysanne» et réclament «une agriculture bio et locale sans trop se poser de questions sur la rentabilité», des exploitations selon Kleis Jager.

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