Avenir conseil élevage doit séduire les éleveurs pour sortir de l'ornière
Avec une perte comptable de près de 540 000 EUR pour l'exercice 2022, Avenir conseil élevage doit retrouver un équilibre financier. Les objectifs étaient annoncés lors de son assemblée générale, ce 7 février, à Cambrais. La coopérative mise toujours sur le conseil de qualité.
Tout le monde se l'accorde, 2022 a été une année inédite. «Les repères ont été difficiles à trouver concernant l'économie de nos élevages, entre des prix inespérés pour le lait conventionnel et les vaches de réforme, donnant envie d'investir, et dans le même temps des charges en forte augmentation et des effets concrets du changement climatiques», pointe Estelle Mullet, président d'Avenir conseil élevage (ACE), lors de son assemblée générale, ce 7 février, au siège de Cambrais.
Pour la coopérative de conseil en élevage, le compte n'y est pas. 7,8 MEUR de chiffres d'affaires en 2022, soit 1,66 % de moins que l'année dernière, et surtout, près de 540 000 EUR de perte comptable. La hausse des prix du carburant, des péages et des matières premières ont eu raison de son équilibre financier. «Les élus n'ont pas eu d'autre choix que d'imposer un forfait carburant, peu apprécié mais indispensable pour continuer à se rendre régulièrement dans vos élevages.» Cependant, ACE a financé sur fonds propres pendant plusieurs mois les hausses de prix. «Depuis vingt ans, nous avons l'habitude de nous fixer un objectif zéro bénéfice, pour contenir la facture aux éleveurs. Alors nous avons usé nos réserves de fonctionnement», explique Noël Pouleur, membre du conseil d'administration. L'effet ciseau, entre hausse des charges et baisse du chiffre d'affaires, «doit être enrayé». Pour cela, des actions sont engagées concernant les frais de personnel (faut-il remplacer chaque départ ?), les déplacements (comment les optimiser ?) et la prospection. Huit conseillers sont chargés du développement de l'activité. «Nous devons mieux faire connaître notre offre de services aux adhérents, et reconquérir de nouveaux adhérents. Notre taux de pénétration, avec 55 % des élevages adhérents, peut être amélioré.» Un objectif en bonne voie, puisque trente-quatre nouveaux éleveurs ont adhéré en ce début d'année. La qualité du conseil est pour cela primordiale. «Un bon conseil, ça n'a pas de prix», assure Arnaud Basset membre du conseil d'administration.
Des innovations pour les éleveurs
Pour cela, les conseillers redoublent d'énergie, auprès de plus de 1 500 élevages laitiers, 130 élevages de bovins allaitants, et désormais deux élevages caprins. Pour Noël Pouleur, l'efficacité tient aussi à la capacité à s'adapter. «Notre survie dans le temps nous amènera à réinventer le conseil en élevage», plaide-t-il. Cette réinvention est déjà en cours, avec de nouveaux outils proposés aux éleveurs, et des innovations à l'étude.
Les conseillers disposent notamment, depuis 2022, de l'outil de suivi «marge sur coût alimentaire». Un avant-goût de la marge brute globale, qui mesure l'efficience de la conduite alimentaire du troupeau. Ce repère, qui permet de fixer un cap vers l'objectifs d'EBE défini, prend en compte tous les facteurs limitants (place, main-d'oeuvre, SFP...) «Notre avantage est d'avoir suffisamment de données pour se comparer à un grand nombre d'éleveurs avec le même système fourrager que son propre élevage», note Estelle Mullet, la présidente.
Depuis janvier 2023, Cow'Move permet, lui, d'observer le troupeau en bâtiment ou au pâturage via une caméra. Un outil intéressant pour analyser le comportement des animaux et de comprendre les anomalies qui peuvent affecter leur bien-être. Le Gestatest, test colorimétrique réalisé en laboratoire sur un échantillon de lait, jusqu'alors disponible uniquement aux élevages équipés d'une salle de traite, devrait être déployé pour les robots Lely cette année. Le suivi de la pousse du maïs par satellite, pour mieux estimer la teneur en matière sèche des fourrages, doit aussi être étudié cette année. Un élargissement au suivi de la pousse des prairies est envisagé.
Une conjoncture laitière positive
Une marge brute de 3 046 EUR/ha de SFPc, soit une progression de 783 EUR/ha. Ces chiffres sont les résultats des marges brutes calculées par ACE, pour les éleveurs laitiers adhérents. Cette campagne 2021/2022 aura été marqué en fin de période par une hausse généralisée des prix des intrants, et une saison de pousse de l'herbe record. «Les volumes de lait produits par élevage ont encore augmenté, mais de manière moins marquée que les années précédentes», remarque-t-on chez ACE. La marge brute moyenne s'élève à 240 EUR/1 000 l tous systèmes confondus, en hausse de 34 EUR par rapport à la campagne précédente. C'est le meilleur résultat des archives informatiques d'ACE.
Sur la campagne laitière, les produits s'élèvent à 429 EUR (+ 46 EUR), en partie grâce au prix de vente du lait qui tire le produit lait vers le haut : 382 EUR (+ 37 EUR). Le produit viande participe à cette augmentation des produits (47 EUR, soit + 8 EUR). Le niveau de production fourragère a permis de constituer des stocks et de consommer moins de surface pour produire 100 000 l de lait. «C'est une valorisation jamais égalée depuis 1996.
Un partenariat avec Elvup
Travailler à plusieurs, c'est multiplier les idées et limiter les coûts. Chez ACE, on est persuadé de cela. L'occasion d'un partenariat avec Elvup - entreprise de conseil d'élevage basée à Aleçon (85 salariés, 1 200 élevages concernés) - a donc été saisie. «Le départ à la retraite en janvier 2023 de Patrick Hichard, son directeur, a fait naître l'opportunité de partager le même directeur général. Nous conservons tous les deux indépendance et autonomie», présente Estelle Mullet, la présidente. Lionel Lemaître, directeur d'ACE, est donc aussi désormais directeur d'Elvup. «Nous rencontrons les mêmes problématiques, dont la baisse du nombre d'éleveurs, et la même ambition de répondre aux attentes des éleveurs, de plus en plus diverses.» La possibilité, dans le même temps, de partager les investissements en termes d'innovation, du matériel et des moyens humains.
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