L'Oise Agricole 01 avril 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Bientôt de la vigne plantée à Montépilloy !

Arnaud et Élizabeth Roland, agriculteurs en grandes cultures dans le Valois, accompagnés de leurs cinq grands enfants, ont le projet de planter de la vigne et de produire du vin à quelques kilomètres de Senlis.

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Arnaud et Élizabeth Roland veulent faire revivre le passé viticole de Montépilloy et entament une démarche originale.
Arnaud et Élizabeth Roland veulent faire revivre le passé viticole de Montépilloy et entament une démarche originale. - © DLC

C’est le projet d’une famille depuis toujours passionnée par le vin. «Nous apprécions les Bordeaux rouges, les Bourgogne blancs, le Sancerre et nous avons transmis cette passion à nos enfants. Et puis, sur l’exploitation, nous avons toujours conduit des projets de diversification. Nous avons ainsi tenu un magasin de produits fermiers, créé une cueillette de fraises à la ferme dont la sécheresse aura finalement raison», témoignent Arnaud et Élizabeth Roland.

Avec le constat du réchauffement climatique et les premiers essais de plantations de vigne réussis dans l’Aisne, le Val-d’Oise ou même le Pas-de-Calais, l’idée leur vient de redonner à Montépilloy le caractère viticole que le village possédait au Moyen âge. «Une de nos filles, passionnée d’histoire, a retrouvé la trace d’un vignoble administré par la cour royale de Senlis et de nombreux lieux-dits de cadastre font référence à des vignes»,ajoutent-ils.

Dès lors, toute la famille s’investit dans le projet : Édouard, qui va bientôt s’installer sur l’exploitation familiale, et ses sœurs, Prudence, Lucie, Louise et Madeleine se renseignent, font des recherches pour ce projet de territoire qu’ils veulent partager. Arnaud et Élizabeth Roland visitent des exploitations viticoles, rencontrent le président du Syvif, le Syndicat des vignerons de l’Île-de-France, se rendent au clos Férout, un domaine en pleine production dans le Val-d’Oise afin d’évaluer la faisabilité de leur projet.

Orientée sud

C’est une belle parcelle de 2 hectares dont ils sont propriétaires, orientée au Sud, légèrement en pente et protégée du Nord par un bois qui accueillera la vigne. «C’est un sol filtrant, du limon sableux dans lequel nous planterons un cépage résistant au mildiou et à l’oïdium, les principales maladies de la vigne. Chaque cep est composé d’un porte-greffe résistant au phylloxera et d’un greffon que nous avons choisi car il est adapté à un climat comme le nôtre. C’est un cépage blanc, le Souvignier gris, un croisement entre un cabernet-sauvignon et un cépage allemand», détaille l’agriculteur qui va bientôt passer commande de 5.500 ceps pour un hectare, à une prix de 2 euros par cep.

La plantation, pour laquelle ils seront assistés par leur pépiniériste fournisseur, est programmée pour avril 2022, afin d’éviter le gel, la première taille sera exécutée un an plus tard, ainsi que le palissage. «Nous devrions voir nos premiers raisins en 2025 et faire notre première vendange, sachant qu’un pied de vigne entre en pleine production au bout de 7 ans», se réjouit Élizabeth.

Cela laissera le temps à la famille Roland d’installer les équipements nécessaires à la vinification. «Nous construirons le chais dans notre hangar existant et investirons dans le pressoir, les cuves, les filtres... C’est un projet séquencé en étapes», précise Arnaud Roland.

Le couple se fera aider par un œnologue pour sa première cuvée et avait prévu d’aller se former au Clos Férout prochainement grâce à la Chambre d’agriculture d’Île-de-France, mais les conditions sanitaires actuelles obligent à reporter cette étape de formation.

Droits à planter

Arnaud et Élizabeth Roland doivent d’abord obtenir des droits à planter car la production viticole est particulièrement réglementée au niveau européen et français. Les premiers qui se sont lancés ont d’abord essuyé des refus au motif que l’Île-de-France n’était pas reconnue comme une région de tradition viticole. Depuis, l’administration a évolué et la demande des Roland devrait aboutir auprès des douanes puis de France AgriMer.

«Notre production devrait à terme bénéficier de la mention «vin de France» et, parallèlement, le Syvif a pu obtenir en 2016 une IGP, dont fait partie l’Oise», annonce Arnaud Roland. Pour l’heure, le nom qui sera donné à la production de Montépilloy n’est pas encore trouvé. Les mentions «domaine» et «château» sont interdites, mais la famille sera imaginative et ne manquera pas de trouver le nom idoine.

Ce qui est sûr, c’est que la vigne et la vinification seront conduites écologiquement : taille et vendanges manuelles, couverts exploités dans l’inter-rang par le pâturage de moutons.

«Nous souhaitons également vendre notre futur vin localement, auprès de restaurateurs ou de cavistes, mais aussi directement à la ferme où nous organiserons la découverte des vignes et la visite du chais. Nous pourrons accueillir les clients dans les chambres d’hôtes que nous avons déjà sur la ferme pour des week-ends autour de l’œnologie. Nous voulons faire vivre Montépilloy autour de cette production viticole, animer ce village auquel toute la famille est attachée», témoignent Arnaud et Élizabeth.

Faire revivre un passé viticole, développer un projet collectif innovant, rechercher de la valeur ajoutée, le tout avec professionnalisme, enthousiasme et le sourire aux lèvres, voilà sans doute un des secrets de la réussite.

Un financement original

Dès le début, Arnaud et Élizabeth Roland ont vécu leur projet comme collectif et ont associé dans leurs réflexions leurs enfants, parties prenantes, ainsi que leurs amis ou connaissances, d’où l’envie d’entraîner avec eux tout ceux qui seraient intéressés par cette aventure originale. Avec les encouragements de leur conseiller de gestion, ils ont pensé à faire appel à Miimosa, plateforme participative de financement de projets liés à l’agriculture et à l’alimentation. Deux formes sont proposées aux contributeurs : des prêts rémunérés ou des dons, avec ou sans contrepartie.

Arnaud et Élizabeth Roland ont choisi des dons avec contrepartie, variables selon la somme attribuée : parrainage de ceps, bouquet de moisson, visite de la ferme, des installations dès 2025, nuitée à la ferme...

Plusieurs paliers sont proposés dont le premier à 5.000 euros pour pouvoir planter les 50 premiers ares de vignes, jusqu’à 30.000 euros pour l’installation complète de la parcelle !

La famille Roland promeut son projet localement en contactant les collectivités, le Parc naturel régional Oise-Pays de France, les communes voisines. D’ici 2022, la viticulture sera finançable par le programme Leader Les enfants sont actifs sur les réseaux sociaux et déjà une cinquantaine de contributeurs se sont fait connaître, auxquels Elizabeth ne manque pas de répondre individuellement. «Avec mon expérience de magasin de produits fermiers et la gestion de mes chambres d’hôtes, j’ai l’habitude du contact et de la gestion clientèle», reconnaît Elizabeth.

En attendant les contributeurs affluent sur la plateforme Miimosa. Coralie Tricard, chef de projet Hauts-de-France chez Miimosa, les accompagne dans leur recherche de financement et se réjouit de voir qu’à mi-parcours, la barre des 60 % est atteinte, ce qui assure la réalisation au moins du premier palier : «Arnaud et Elizabeth Roland ont un projet innovant et sont particulièrement investis dans leur démarche. Nous les accompagnons pour qu’ils puissent aller au bout de leur rêve, la renaissance du vignoble à Montépilloy.»

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