L'Oise Agricole 22 avril 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé, Dorian Alinaghi

Covid-19 : un an plus tard, comment vont-ils ?

Il y a un an, nous nous étions intéressés à ces maraîchers, horticulteurs, gérants de centres équestres pour voir en quoi le confinement de mars 2020 avait mis à mal leur activité. Un an plus tard, nous prenons de leurs nouvelles.

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- © Nicole Ouvrard

Daniela Strube est la propriétaire des Écuries des platanes, à Estrées-Saint-Denis. L’équitation en extérieur faisant partie des activités permises, le centre équestre fonctionne à peu près normalement. «Au confinement de novembre, nous avons eu des craintes sur une possible fermeture administrative mais nous avons pu continuer avec les propriétaires de cheveux et les mineurs, ce qui représente l’essentiel de notre activité. Par contre, nous nous sommes adaptés à l’horaire du couvre-feu en supprimant tous les cours du soir et en les reportant le dimanche, qui est une journée chargée dorénavant.» Pour le reste, le port du masque, la désinfection du matériel et le respect des gestes barrière restent de mise.

Malgré le contexte de 2020, Daniela Strube a pu mener à bien le projet qui lui tenait à cœur, la construction d’une écurie active, c’est-à-dire un bâtiment dans lequel les chevaux vivent ensemble et en liberté. «Je suis ravie du résultat et plus jamais je ne mettrai des chevaux au box ! Il sont plus calmes, bien dans leur tête, en meilleure santé car ils marchent entre 10 et 15 km dans ce système. C’est un rêve abouti !», enthousiaste la propriétaire. Au final, elle a accueilli de nouveaux cavaliers pour lesquels c’est une des rares activités sportives praticables pour le moment. Mais elle est moins sûre qu’ils restent une fois les autres activités sportives rétablies. Elle a pu bénéficier des aides gouvernementales de soutien au chiffre d’affaires et ses salariées ont repris totalement le travail. «Actuellement, nous dispensons les cours que les clients avaient payés pour mars et d’ici peu, nous allons recaler l’activité. Bien sûr, les concours hippiques n’ont pas repris, mais je m’estime chanceuse», confie-t-elle.

Son de cloche plus amer pour Valérie Dissaux, entraîneur de chevaux de courses à Lamorlaye. Certes, les courses continuent à se dérouler, mais toujours à huis-clos et le moral du secteur commence à flancher. «On a mis en place des protocoles sanitaires afin de pouvoir continuer notre activité et, malgré cela, les allocations (NDLR sommes versées aux propriétaires des chevaux qui gagnent ou se placent) ont été baissées de 20 % en 2020 et le seront de 16 % cette année. C’est vécu comme une punition et cela commence vraiment à être très dur pour des petites structures comme la mienne», se désole Valérie Dissaux. Surtout que le secteur ne bénéficie pas du chômage partiel.

«Nos charges sont très importantes, nous travaillons beaucoup, mais force est de constater que des petits propriétaires, qui sont parfois touchés dans leur activité professionnelle, commencent à se décourager. Aller voir son cheval courir dans un hippodrome vide, ce n’est plus un plaisir !» Il manque la lumière au bout du tunnel, des perspectives, pour redonner le sourire à Valérie Dissaux. Le secteur des courses est vraiment sous tension.

Adaptation et réorganisation

À Bailleul-Sur-Therain, le verger-potager de Marc Vandromme a su faire face à cette pandémie. «Il ne fallait surtout pas se reposer sur nos lauriers. La peur était… enfin est de garder toujours une main-d’œuvre en bonne santé. Je devais m’adapter, me réorganiser et essayer de garder une bonne clientèle», explique le jeune agriculteur. Lorsqu’il s’agit d’adaptation, Marc Vandromme a dû créer un roulement continu au sein de la boutique pour accueillir les personnes dans de bonnes conditions et dans un respect «strict» des gestes barrières. «Malgré le fait que l’on n’a plus de marché, on a mis en place un distributeur ouvert 7 j/7 et 24 h/24. C’est un franc succès, du fait que les personnes évitent tout contact avec d’autres personnes.» De plus, les confinements à répétition ont permis aux consommateurs de retrouver un certain amour avec les produits locaux. «Il est vrai qu’il fallait jongler entre la forte demande et la production. Cela sur du moyen ou long terme. Malheureusement, on n’a pas fidélisé 100 % de la clientèle, mais j’espère que cela a un peu changé les mentalités des personnes sur le manger local. Dans tous les cas, notre activité n’est pas négative, ni positive, on reste stable. Même si je vends peu dans les marchés, je garde tout même une oreille attentive pour les prochaines ouvertures (restaurants, collèges…) afin d’écouler la production.» souligne-t-il. Mais le Covid-19 n’a pas été le seul problème cette année. Le mois d’avril a été placé sous le signe de gel historique. «On protège au maximum nos vergers et nos serres avec plusieurs techniques comme l’aspersion ou de l’antigel. C’est une année difficile pour tout le monde, nous devons tenir bon» affirme Marc Vandromme.

Du côté de Beauvais, la crise sanitaire n’a pas tellement impacté la ferme Saint-Jean. «Depuis le premier confinement, nous avons mis en place un système de livraison à domicile et la vente directe. Il fallait prendre les devants avant que cela empire. Durant le premier confinement, on était ouvert pratiquement de 10 h jusqu’à 15 h non-stop pour la vente directe» explique Nabil Azerkane, maraîcher à la ferme Saint-Jean. Malgré les confinements, Radouane et Nabil Azerkane ont pu profiter de la réouverture de certains marchés dont celui de Beauvais «La demande est très forte même maintenant. Toujours dans le respect des normes sanitaires et des gestes barrières, nous avons continuellement des stagiaires pour nous aider. La production ne suivait pas la demande. On travaillait peu dans l’exploitation. Heureusement que l’on collabore avec des agriculteurs du coin pour rassembler nos productions.» poursuit-il. Avec la possibilité prochaine de réouverture de restaurants ou de cantines scolaires, Nabil Azerkane espère que le projet, avec la mairie de Beauvais, de développer et de fournir du bio dans les cantines scolaires, se concrétisera.

Mi-figue, mi-raisin chez les horticulteurs

Fabien Retourné, horticulteur et gérant de Picardie Végétaux, à Moliens, reste très mesuré quant à la situation actuelle. «Au premier confinement, on a plutôt bien travaillé car les gens ont retrouvé le chemin du jardin. Ceux qui se sont lancés dans le jardinage ont bien récolté l’année dernière et ils renouvellent cette année en commençant à acheter des plants potagers. Mais l’année est plus froide et on ressent une moindre fréquentation», explique le professionnel. De même, les fleurs coupées ne se vendent plus à cause du couvre-feu qui interdit les dîners du samedi soir. «On vend quand même le dimanche midi et je pense que les clients seront présents pour les prochaines fêtes comme ils l’ont été en 2020.»

Le souci vient du manque de marchandises et de la difficulté à s’approvisionner. «D’abord, les Anglais ont tout acheté avant le Brexit, par crainte des taxes à venir. Ensuite, certains fournisseurs ont fait faillite. Enfin, ceux qui sont restés ont eu peur de produire pour rien et ont réduit la voilure», se désole Fabien Retourné. Malgré les confinements et avec les aides de l’État (prêt garanti), son résultat 2020 sera peut-être moins catastrophique que prévu car il a plus vendu sa propre production, donc avec une meilleure marge. Manque la visibilité pour les mois à venir.

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