«Des bras pour mon assiette», du lien dans les territoires
François Mellon, agriculteur bio à Villotran, a employé des personnes en chômage partiel pour biner sa rhubarbe. Pour sa plus grande satisfaction.
Dès l’annonce du confinement, l’exploitant s’est demandé s’il allait pouvoir organiser le chantier de binage de sa rhubarbe, nécessaire en ce printemps. «Au départ, on parlait d’un confinement strict et je me disais que je ne pourrais pas solliciter comme d’habitude à une agence d’interim pour trouver du personnel», témoigne-t-il. Puis, avec l’appel lancé par le ministre de l’Agriculture et la mise en place de l’action «Des bras pour mon assiette» lancée par la FNSEA, tout s’est emballé.
François Mellon en sourit encore : «J’ai reçu de nombreux appels de personnes en chômage partiel, que je ne connaissais pas, parfois de l’autre bout du département. comme je n’ai pas de compte Facebook et que je n’avais pas lancé de recrutement, j’ai été très surpris !»
Finalement, 15 personnes, de tous âges, avec pus d’hommes que de femmes, ont travaillé 8 heurs par jour pendant 4 jours pour venir à bout de la parcelle de rhubarbe. Le chantier avait été organisé dans le respect des gestes barrière et de la distanciation sociale : du gel hydroalcoolique, salariés espacés un rang sur deux, soit 2 mètres, chacun apportait son casse-croûte.
«C’est quand même un travail difficile physiquement, on avait mal aux pectoraux à la fin de la journée mais il était hors de question pour moi de rester à ne rien faire. J’ai été sensible à cet appel pour travailler dans les champs, ce que j’avais déjà fait puisque je suis saisonnier, à la fois en agriculture et dans la restaurarion. Et puis l’ambiance était excellente», témoigne Félix Hackl, originaire de Bretagne, mais revenu en famille dans l’Oise dès l’annonce du confinement.
Récolte à venir
François Mellon a été très satisfait de ses salariés dont le profil est différent de ceux qu’il emploie habituellement. «Ces personnes sont venues pour répondre à l’appel du ministre. Beaucoup avaient la volonté d’être utiles dans le contexte actuel, elles étaient extrêmement motivées, ce qui fait qu’elles sont toutes restées jusqu’au bout malgré la pénibilité de la tâche. Certaines étaient totalement étrangères aux travaux agricoles et je pense que cela a aussi permis de créer du lien entre consommateurs et agriculteurs. L’ambiance était très conviviale malgré le strict respect des règles sanitaires. Finalement, je me demande si cette période particulière ne va pas permettre de rappeler que l’agriculture est un secteur stratégique qui doit être préservé. C’est bien l’esprit de cette démarche «des bras pour mon assiette», se félicite l’exploitant. En tout cas, il a lancé un appel à ses salariés de la semaine pour la première récolte de la rhubarbe qui devrait avoir lieu vers le 20 mai, puis pour la seconde plus tard en saison. Il est sûr que si les conditions actuelles se maintiennent, beaucoup sont prêts à revenir.
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