L'Oise Agricole 15 septembre 2022 a 09h00 | Par Christophe Soulard

Emmanuel Macron annonce un pacte de renouvellement et d'avenir

Lors de son déplacement le 9 septembre à Outarville (Loiret) pour la 8e édition des Terres de Jim, organisée par les Jeunes agriculteurs, le président de la République, Emmanuel Macron, a détaillé les grandes lignes de la future loi d'orientation agricole. Il a aussi rendu les derniers arbitrages sur l'assurance-récolte.

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Le chef de l'État accueilli par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau et le président national des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot.
Le chef de l'État accueilli par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau et le président national des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot. - © C. S.

«Je souhaite une mobilisation de tous au service du renouvellement des générations et au service de la souveraineté agricole et alimentaire», a annoncé le président Emmanuel Macron, en rendant un vibrant hommage à la résilience du monde agricole au cours des deux dernières années, notamment pendant la crise du Covid et depuis le début de la guerre en Ukraine. «N'oublions pas tout ce que nous devons à l'agriculture», a-t-il déclaré, regrettant que beaucoup soient «retournés à leurs vieilles habitudes». S'il donne quitus aux lois Egalim 2 «grâce auxquelles on a évité des drames (...) On va appliquer avec fermeté, on va mobiliser, et je suis prêt à ce qu'on change encore les choses si nécessaire», a-t-il lancé. Le chef de l'État qui a, par ailleurs, mis un terme au débat sur les critères de l'assurance récolte, a pris l'engagement que les contrôles seront renforcés envers certaines grandes enseignes, car «l'alimentation a un prix», a-t-il martelé. Réaffirmant que la souveraineté alimentaire «passe par l'eau», il entend «sanctuariser la ressource en eau pour l'agriculture» et a invité «à dépassionner le débat».

Faciliter la transmission

Emmanuel Macron a surtout esquissé les grandes lignes de ce que sera la future loi d'orientation agricole qui devrait être rédigée avant la fin du premier semestre 2023. Si les mécanismes sont déjà en place pour défendre le revenu agricole, armer l'agriculture contre les aléas climatiques et faire face aux grandes transitions, «nous avons encore deux défis devant nous : celui de la souveraineté alimentaire et le mur démographique. Deux défis qui arrivent au pire moment en raison de l'inflation, du dérèglement climatique et parce que les revenus ne sont pas là», a-t-il dit.

Ce qu'il appelle le «pacte de renouvellement et d'avenir» s'appuiera sur quatre piliers. Tout d'abord celui de la formation et de l'information. Il compte ainsi déployer 20 millions d'euros (MEUR) du fonds Compétences de France 2030, pour «soutenir l'innovation pédagogique dans nos établissements». Il propose aussi la création d'un statut d'expert associé au sein des établissements «car l'enseignement agricole a besoin de compétences extérieures». Le deuxième pilier s'intéressera à «faciliter la transmission» et visera à «renforcer le dialogue entre les générations», avec le double objectif de «donner de la visibilité et d'anticiper les transmissions». L'installation, le foncier, l'accès aux terres constituent les fondements du troisième pilier. «Il nous faut aider les jeunes pour que le ticket d'entrée soit soutenable.» D'où l'idée d'Emmanuel Macon de mettre en place un fonds «Agriculteurs du vivant» qui serait doté de 400 MEUR pour faciliter le portage du foncier. Ce même fonds servirait aussi les jeunes agriculteurs à réinvestir dans leur outil de production, notamment lorsqu'il reprend une exploitation où le cédant n'a rien investi depuis plusieurs années. L'objectif recherché est la rentabilité de l'entreprise. «Ce troisième pilier est le pilier clé», a martelé Emmanuel Macron.

«Nouvelle révolution»

Enfin, quatrième et dernier pilier : la transition et l'adaptation au climat. Partant du principe que les jeunes ne pourront pas s'installer dans les mêmes conditions (économiques, agronomiques, climatiques, etc.) que leurs aînés, le chef de l'État veut leur donner de la visibilité. «Je veux aider les nouveaux entrepreneurs du vivant à participer à cette nouvelle révolution», a-t-il affirmé. Concrètement, ce quatrième pilier s'appuiera sur une cartographie des territoires qui permettra de mieux identifier les évolutions climatiques et d'adapter les cultures. «C'est pourquoi il faut poursuivre l'investissement dans la recherche pour avoir une vision à 20/30 ans», a ajouté Emmanuel Macron. Ce dernier pilier passera aussi par la mise en place, avec les chambres d'agriculture, d'un «stress test climatique» intégré au parcours d'installation et par la rémunération des puits de carbone et des énergies renouvelables. Avant même cette future loi d'orientation agricole, à laquelle les organisations agricoles et les collectivités locales seront associées, la loi d'urgence éponyme annoncée fin juillet par le gouvernement contiendra un volet agrivoltaïsme et méthanisation.

Assurance récole : les derniers arbitrages rendus

Au cours de son intervention, Emmanuel Macron a confirmé ce que les organisations professionnelles agricoles attendaient avec impatience, c'est-à-dire la mise en place des critères européens Omnibus «20/70/90». Autrement dit, le seuil de déclenchement est fixé à 20 % de pertes, tandis que l'État subventionnera à hauteur de 70 % les polices d'assurances des agriculteurs. Enfin, il interviendra à hauteur de 90 % pour le déclenchement de la solidarité nationale. «Avec ce dispositif, nous voulons créer un appel d'air et inciter les agriculteurs à s'assurer», a-t-il dit. Cependant, ce dispositif est soumis à une clause de revoyure «si on dépasse 680 millions d'euros. On remet alors tout le monde autour de la table».

«Un aboutissement positif»

Dans un communiqué commun, la FNSEA et JA ont salué la décision du président de la République pour avoir «posé les jalons d'une réforme structurante de la gestion des risques en agriculture». Pour les deux organisations, c'est un «travail constructif» avec les associations spécialisées et les filières qui a permis d'aboutir «positivement». La FNSEA et JA pressent maintenant le gouvernement «d'agir vite» pour que les compagnies d'assurance soient prêtes avant le 1er janvier 2023. Les deux syndicats lui demandent aussi de refondre la «règle de la moyenne olympique quinquennale servant de base à l'historique de rendement».

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