Nat'Up: une année sous le signe d’injonctions paradoxales
Malgré une moisson historiquement mauvaise, la coopérative NatUp a présenté lors de son assemblée générale du 5 décembre à Rouen des résultats solides, portés par la diversification du groupe. Elle a aussi mis l’accent sur ses projets d’avenir.

Pour sa grand-messe annuelle, toujours très rythmée, la coopérative NatUp a accueilli quelque 600 invités, adhérents et partenaires, au Zénith de Rouen le 5 décembre. Après avoir planté le décor avec un film rétrospectif des 18 derniers mois, Antoine Declercq, président de NatUp, et Laurent Lemarchand, directeur général de la coopérative, se sont focalisés en introduction sur 2024, «la plus mauvaise récolte de ces dernières années, à la fois en quantité et en qualité» (- 20 % de rendement ; 80 % des lots livrés non conformes...).
À cela se sont ajoutés un marché baissier, des conditions climatiques difficiles avec une sécheresse au printemps 2025 et des orages violents en juin dernier. «Tout n’est pas sombre sur cette campagne», a souligné Antoine Declercq. «NatUp a payé les récoltes convenablement» : un blé à 200 euros/t, un colza érucique à 600 euros/t. «Les cultures de printemps, que ce soient les betteraves, le lin, les pommes de terre, ont été convenables, tout à la fois en rendement et en prix. Et puis, pour les productions animales, le lait, la viande ont connu des prix historiquement hauts. Alors c’est vrai que les charges ont augmenté aussi, mais elles laissent au final une marge confortable. (...) Conclusion, les exploitations les plus résilientes sont celles qui ont des diversifications ; c’était plus compliqué pour les exploitations purement céréalières.»
Qu’à cela ne tienne. «Dès le lendemain des moissons, nous avons lancé un plan d’économies, avec une ambition, celle de réduire nos coûts de 10 M€», a renchéri Laurent Lemarchand. «Ça nous paraissait indispensable et surtout proportionné à l’impact de cette baisse de collecte», a-t-il souligné, saluant au passage la pertinence des outils collectifs (pour sécher les céréales, pour travailler le grain...) et la mobilisation des équipes, notamment du Trade, pour «aller chercher des volumes en fermes (...)».
Les filiales tirent la croissance
L’ensemble des filiales a connu une année hétérogène dans une conjoncture économique et une consommation moroses, à l’exemple du marché de la pomme de terre qui a connu des hauts et des bas. Néanmoins, «NatUp capitalise sur les efforts industriels qui ont été faits par le passé», a rappelé Laurent Lemarchand. «Des décisions difficiles avaient été prises il y a quelques années avec la restructuration d’outils industriels (chez Pom’Alliance notamment). Elles portent aujourd’hui leurs fruits, à l’image de Lunor. C’est le retour à l’équilibre de Lunor et je pense que c’est le renouveau de cette entreprise.» «Au niveau de la distribution, ça a été une année compliquée au niveau de la consommation ; pour autant, là encore, nous capitalisons sur les efforts qui ont été faits au cours des derniers mois avec une recherche continue d’amélioration des assortiments, de la performance des magasins pour aller chercher de la rentabilité au mètre carré. Nous avons bénéficié d’un printemps un peu plus clément, ce qui est bon pour nos activités de jardinerie et nos activités de consommation de viande pour les Éleveurs de la Charentonne. Somme toute, l’activité de distribution a rebondi».
Concernant l’activité fibre, «la conjoncture est très hétérogène, a-t-il développé. D’un côté, nous avons un secteur du textile français qui ne se porte pas bien ; nous sommes impactés comme l’ensemble du secteur. De l’autre côté, la dynamique est porteuse au niveau des biomatériaux et du secteur automobile et nous comptons bien capitaliser là-dessus.»
Traduction en chiffres
NatUp enregistre «un chiffre d’affaires autour de 1,3 milliard d’euros, c’est peu ou prou le même que l’année dernière.» L’excédent brut d’exploitation (EBE) est de 47,9 M€. «50 % de cet EBE vient de nos filiales, de nos diversifications» tandis que le résultat groupe s’élève à environ 20 M€, dont 12 millions d’euros pour la coopérative. 6 M€ seront redistribués aux adhérents. «En résumé, sur cette campagne, dixit Laurent Lemarchand, je voudrais dire que nous avons des résultats dont nous sommes satisfaits. Ils sont le fruit de la confiance de nos adhérents». Et «c’est aussi la pertinence de nos choix stratégiques.»
Antoine Declercq a lui aussi rappelé la force du modèle coopératif et encouragé l’engagement des jeunes agriculteurs, avec en ligne de mire le renouvellement des générations. Pour finir, Laurent Lemarchand a évoqué le travail des équipes pour les mois à venir. NatUp fait notamment le pari de l’IA (voir encadré), de la méthanisation, d’un atelier volaille de chair... et lance une campagne de communication baptisée Lombric visant à valoriser l’agriculture.
Quelques chiffres
CA à date : 1 296 M€
EBE : 47,9 M€ ; 50 % de l’EBE est issu des filiales
20 M€ de résultat groupe
12 M€ de résultat coop
6 M€ redistribués
1.800 collaborateurs
7000 agriculteurs et éleveurs adhérents et clients.
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