Exploitations: les chiffres sortent
Avec l’arrivée du printemps, fleurissent également les bilans comptables pour l’année 2016. Ils ne sont pas réjouissants et montrent, chiffres à l’appui, les difficultés que traversent les entreprises agricoles.
Les comptabilités pour l’année 2016 commencent à sortir et les chiffres tombent. Le 21 mars, Nathalie Velay, conseillère à CerFrance Alliance Massif central, donnait ainsi quelques chiffres caractéristiques des exploitations dans le rouge : «taux d’endettement de 90%, retour sur dette de cinquante deux ans ans, trésorerie nette de -35.000 €, revenu disponible de -524 €, annuité sur EBE* de 103%».
Elle notait sur 6.500 exploitations dans le Massif Central, 215 entreprises en situations très alarmantes avec une perte annuelle de 18.600 €. 16% des exploitations ont plus de 400.000 € d’endettement, et 8% des exploitations sont des jeunes agriculteurs de moins de cinq ans.
Dans l’Allier, ce serait 31% des exploitations qui sont en difficulté, 17% dans le Puy-de-Dôme, 27% dans le Cantal et 22% en Haute-Loire. Nathalie Velay distingue trois niveaux de problématique : la productivité avec 17% des exploitations qui ont un produit inférieur à 50.000 €/UTH*, la technicité avec 38% des exploitations qui ont un niveau de charges opérationnelles disproportionnées, et la dilution des frais de structure avec 26% des exploitations qui ont des problèmes de frais de structure (mécanisation, prélèvements sociaux...).
Aussi «le levier financier ne sert à rien s’il y a déjà un problème de fonctionnement », souligne-t-elle. D’après elle, les difficultés de certaines exploitations étaient déjà structurellement présentes. Elles ont été aggravées par la conjoncture.
Pour refaire une trésorerie, Georges Douguet, conseiller au CerFrance 22, évoquait le 30 mars «des résultats comptables relativement inquiétants», avec «des revenus très, très bas en fin d’année 2016». «Tous les résultats sont en pleine dégradation», selon lui. Les céréales n’ont effectivement pas été non plus à la hauteur en 2016 (baisse de rendement et baisse de prix), ce qui n’a pas permis de compenser les pertes liées à l’atelier élevage sur une même exploitation. Dans la filière laitière, un quart des exploitations clôturent leur bilan avec un revenu inférieur à 5.000 € /UHT et 16% sont en déficit, selon les chiffres présentés par CerFrance 22, le 24 mars, lors d’une rencontre organisée par la FDSEA des Côtes d’Armor.
La marge brute de l’atelier lait s’effondre à 198 €/1.000 litres contre 258 € en 2015 et 288 € en 2008. «Des déficits de trésorerie de 10.000 à 30.000 € ne se rattrapent pas en un an», souligne-t-il. Cela nécessitera «plusieurs bonnes années de suite» pour retomber sur ses pieds, sachant qu’en lait l’année 2017 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.
Il note également que dans le département, 1.400 exploitations ont fait une demande d’aide auprès de l’administration, mais il semblerait que l’enveloppe ne soit même pas suffisante pour payer les 1.000 € par exploitant promis par le gouvernement.
*EBE: excédent brut d’exploitation UTH: unité de travail humain
BERTRAND (40) | 06 avril 2017 à 12:30:49
ce n'est pas d'hier...Ayant été conseiller de gestion, il y a 20 ans que l'on a compris que la marge brute ne voulait plus rien dire en terme de revenu à l'exploitant...de plus, ce n'est pas d'hier que les paysans travaillent pour toutes les structures d'amont et d?aval de l'exploitation...Il y a longtemps que les PINEA sont en décalage avec les prix des denrées agricoles..le Blé fait toujours la richesse des meuniers mais la misère du paysan...
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