Exposition aux pesticides en agriculture
Un rapport relatif à l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides a été publié par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le lundi 25 juillet.

«Les données relatives aux expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture sont lacunaires, et aucune organisation en France n’est en charge de les produire», déplore l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans son rapport publié le lundi 25 juillet. Quatre années d’étude auront été nécessaires à ses auteurs pour produire les sept volumes, comptant pas moins de 865 pages.
«Il existe un véritable déficit sur les données d’exposition dans les conditions réelles des pratiques des agriculteurs», ajoute Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique à l’Anses. La notion même d’exposition, expliquent les rapporteurs, se retrouve à la croisée d’une multitude de disciplines.
L’Anses constate et regrette que dans un bon nombre de système de production (arboriculture, horticulture, maraîchage ou élevage), aucune enquête n’ait été effectuée sur le sujet. En outre, concernant les données existantes, l’Anses déclare dans son rapport qu’elles «sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits, soit indirectement via la commercialisation de produits d’aval)».
Mieux accompagner les producteurs
Considérant la réduction de l’usage des pesticides en France, les chercheurs mettent en évidence la place secondaire attribuée à l’agriculteur. «La réduction de l’usage des pesticides est le plus souvent raisonnée dans une perspective environnementale ou pour réduire les résidus dans les produits finaux. La santé au travail des personnes travaillant dans l’agriculture est un élément très secondaire dans les débats qui accompagnent et régulent les choix techniques dans le secteur agricole en France», peut-on lire dans la conclusion du texte.
Les stratégies de réduction des pesticides peuvent ainsi «avoir des effets négatifs concernant les expositions des personnes travaillant dans l’agriculture ». Pour illustration, certains produits de substitution considérés moins dangereux pour les milieux aquatiques le sont en revanche plus pour l’homme. «La diminution des pesticides doit se faire en accompagnant les producteurs», souligne Gérard Lasfargues.
D’autres mesures et recommandations sont également prodiguées par l’organisme de santé, à savoir renforcer le conseil et la formation des utilisateurs des produits phytosanitaires.
Paroles d’agriculteur
«Peut-être sommes-nous dans le déni», s’interroge un agriculteur présent dans les locaux de l’Anses, le jeudi 28 juillet, à l’occasion de la visite de Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie. «Les agriculteurs ne se plaignent pas beaucoup, ils mettent souvent de côté leur problème de maladie», poursuit-il.
Selon ce dernier, dans les lycées agricoles, les formations seraient trop basées sur la chimie. Aussi, une vraie évaluation des pratiques dans les fermes doit se faire d’après lui. «Il faut que l’on puisse avoir une gradation à travers une classification des produits afin d'accumuler les éléments sans forcément avoir de preuves», avance un autre intervenant.
Le ministre Stéphane Le Foll réagit à la publication du rapport de l’Anses
Le ministre de l’Agriculture a souhaité réagir aux conclusions du rapport relatif aux expositions aux pesticides des travailleurs agricoles, publié le lundi 25 juillet.
Dans un communiqué du jeudi 28 juillet, Stéphane Le Foll rappelle que le dispositif de phytopharmacovigilance, créé par la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014, «permet de caractériser les effets des produits phytopharmaceutiques sur la santé humaine».
Stéphane Le Foll précise que deux dispositifs de surveillance, l’un servant à estimer les fréquences de certaines maladies dans les populations agricoles, et l’autre permettant d’affiner la connaissance de l’exposition de ces dernières ont également été activés conjointement par les ministères de la Santé et de l’Agriculture.
Concernant le conseil, la formation et la prévention, des mesures ont également été prises, en particulier via le dispositif Certiphyto, souligne le communiqué du ministère. Pour information, un site visant à encourager la réduction des expositions existe à l’adresse suivante : substitution-cmr.fr.
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