FDSEA : un syndicalisme d’actions
La FDSEA de l’Oise a tenu son congrès ce mardi 2 décembre matin à Bresles. Une occasion de faire le bilan de l’ensemble des actions et, pour les adhérents, d’exprimer leurs attentes en matière de défense syndicale.

Ce congrès a débuté par un huis clos réservé aux seuls adhérents. Les débats étaient animés par Christophe Beeuwsaert, secrétaire général, qui attendait avant tout que les agriculteurs proposent des solutions, fassent des propositions d’actions. Plutôt qu’ils exposent leurs problèmes, qui sont nombreux, surtout cette année : 2014 aura été une année difficile, peut-être comme 2009, même si les trésoreries ne le montrent pas encore dans les exploitations les moins sensibles. L’agriculture de notre région a subi des conditions climatiques très défavorables à la qualité des blés, qui ne peuvent pas être bien valorisés sur les marchés, et il n’y a aucune autre production qui vient compenser les pertes enregistrées par la principale culture du département.
Pourtant, les principaux sujets abordés lors du huis clos ont porté sur d’autres sujets, plus struturels.
D’abord, celui de la la liberté d’entreprendre : des remarques étaients faites sur «la ferme des 1.000 vaches», puis sur celle des «3.000 porcs», qui sont des projets très médiatisés et très critiqués dans le grand public.
L’opinion publique est manipulée par des organisations qui disent vouloir défendre l’environnement et qui ne recherchent que la décroissance. Ces gros ateliers d’élevage, en hors sol, posent bien sûr un problème environnemental, bien qu’il soit prouvé que l’impact de tels élevages soit moindre, mais les agriculteurs subissent des dommages collatéraux - tout projet d’extension ou de construction d’un élevage est désormais contesté - et interrogent sur la liberté d’entreprendre : comment développer une exploitation, la rendre viable et durable ? Les agriculteurs vivent mal ces critiques, cette impossibilité d’adapter leurs exploitations. Tout comme le fait d’être systématiquement considérés comme des pollueurs.
La question était aussi posée de l’agrandissement des entreprises en général et de leur cessibilité car il y a aussi les fermes de 1.000 ha... ou plus : qu’en est-il de la volonté de défendre l’agriculture familiale ? Pour la FNSEA, la priorité est de défendre la liberté des agriculteurs, qui peuvent vouloir se regrouper pour des raisons économiques et de qualité de vie. La remarque était faite par ailleurs sur les distorsions de concurrence : en Allemagne par exemple ou aux Pays-Bas, on se pose beaucoup moins de questions sur la taille des élevages ou des exploitations.
Un autre sujet important de débat a porté sur la communication.
Les journalistes connaissent en général peu de choses de l’agriculture qui est souvent critiquée dans la presse grand public. Aux agriculteurs d’organiser mieux leur communication, en montrant ou en expliquant simplement ce qu’ils font dans leurs exploitations ; et à leur organisation syndicale de prendre le relais au niveau national, ce que fait la FNSEA qui travaille en relation avec les médias nationaux et les agences de presse. Mais un retard semble avoir été pris avec le développement des réseaux sociaux, beaucoup plus réactifs. Un travail sera donc conduit pour tenter d’améliorer la communication par Twitter, Facebook... Quant à la communication terrain, il y a déjà des opérations fermes ouvertes, mais il faudrait pouvoir les développer.
Autre sujet de débats, celui des charges. Plusieurs agriculteurs sont intervenus pour regretter la hausse des charges fiscales et sociales. 2013 et 2013 ayant été des années à plus fort revenu, les sommes appelées semblent d’autant plus importantes que les trésoreries sont très faibles cette année. Une réponse partielle peut être apportée par des demandes individuelles de report, tant pour les impôts ou taxes que pour la MSA, et une réflexion est menée pour une démarche nationale.
La forte variabilité du revenu due, soit à la volatilité des prix, soit à des accidents climatiques, doit conduire les exploitants à organiser une épargne de précaution au cours des bonnes années, à utiliser les outils de régulation du revenu, par les régimes des provisions, dont les DPA, et à faire des études prévisionnelles de revenu ou de trésorerie.
Elle conduit aussi à la réflexion sur le devenir de l’assurance revenu, qui devrait être financée sur des fonds européens et par l’État.
D’autres sujets ont été évoqués lors de ce huis clos : la dématérialisation des fiches de paie des salariés, l’accord national «intolérable» sur les dégâts de gibier, le prix des petits veaux, qui sont «donnés», ou encore les délais d’instruction des dossiers de construction de méthaniseurs.
Revendications
Car les sujets ne manquent pas, et il ont été rappelés dans le rapport d’activités présenté cette année dans une vidéo, réalisée avec la participation des secrétaires généraux, Bernadette Bréhon et Christophe Beeuwsaert, et de responsables du réseau FDSEA dans les cantons. Il en est ainsi de la réglementation environnementale mille-feuilles, dont la directive nitrates, de la circulation routière des matériels agricoles, de l’organisation des marchés et des prix agricoles, ou encore de l’entretien des cours d’eau. Nous avons présenté dans notre précédente édition, en page 3, une synthèse des actions menées par la FDSEA, qui résume ce rapport d’activités.
Comme à l’accoutumée au congrès de la FDSEA, il y a eu une intervention du président des Jeunes Agriculteurs. Nicolas Caron a rappelé la priorité de leur action : l’installation. Mais il y a des freins : sur le foncier en particulier, ou sur la cession des contrats de livraison aux lateries en particulier.
Le président des JA a rappelé l’organisation de Campagne en fête, en direction des agriculteurs et du grand public, fin août dernier ; et la prochaine tenue de l’assemblée générale, le 22 janvier à l’Institut LaSalle Beauvais, avec une réflexion sur ce que pourrait être l’agriculture en 2020.
Il a aussi exprimé la solidarité dont il faudra faire preuve avec les agriculteurs du Sud de la France, gravement sinistrés par une série d’inondations.
Guillaume Chartier, qui est président de la FDSEA depuis moins d’un an, a insisté sur la représentativité de la fédération et sur son ancrage sur le territoire.
Le score aux élections à la Chambre d’agriculture conforte le fort taux d’adhésion des agriculteurs de l’Oise et elle déploie ses activités au service de ses adhérents grâce à l’implication des responsables élus, qui travaillent en réseau. Ces actions expriment la solidarité entre les agriculteurs, avec l’ensemble des organisations agricoles, pour tenter de résoudre des problèmes de plus en plus complexes, sur des domaines très variés. Une réflexion est en cours sur l’adaptation du schéma de fonctionnement des structures syndicales, dans le contexte de la future réforme territoriale.
«Trop d’agriculteurs sont en proie au doute, disait Guillaume Chartier, exprimant la perte de confiance observée. Nous réfusons la décroissance, la renonciation, la paupérisation ; nous disons oui à une agriculture responsable et durable», disait-il.
L’action première du syndicalisme est la défense économique : le revenu est à défendre en priorité, mais il y a aussi la qualité de vie, il faut «lutter contre tout ce qui entrave notre liberté d’exister».
Il évoquait les charges administratives et la complexité réglementaire croissantes, dans le domaine environnemental en partiuculier. Alors que l’on sait très bien «concilier agronomie et environnement».
Mais dans ce contexte économique «délicat», arrivent une nouvelle Pac et une réforme Le Foll «que nous contestons» : la France ajoute toujours des normes supplémentaires, sur le verdissement des aides par exemple, ce qui accroît les distorsions de concurrence au sein de l’Union.
La directive nitrates a été souvent citée lors de ce congrès et le président de la FDSEA a de nouveau exprimé le refus des agriculteurs de «refaire du béton» pour augmenter la capacité de stockage des effluents d’élevage s’il n’y a pas eu augmentation de cheptel.
«Nous ne sommes pas contre l’environnement, ni contre les réglementations par principe, nous sommes contre une réglementation injustifiée», disait-il, traduisant le ras-le-bol souvent exprimé par les agriculteurs.
Le principe d’innovation
à ce congrès de la FDSEA, un représentant de la FNSEA était invité à participer, Eric Thirouin, membre du bureau national, aux côtés de Luc Smessaert, également présent. Sur les SIE, il a rappelé la position de la FNSEA, qui demande une année blanche pour les contrôles, puisque les règles ne sont toujours pas connues, alors que les assolements ont été définis avec les semis déjà réalisés.
Il a évoqué un autre sujet, celui du «manger français» dans la restauration hors foyer : un guide d’achat sera rédigé par le ministère de l’agriculture à l’intention de toutes les collectivités territoriales, pour favoriser l’emploi de produits français dans les cantines.
Enfin, il a exprimé l’espoir de voir inscrire dans la Constitution le principe d’innovation, aux côtés du dramatique principe de précaution «qu’on n’arrivera pas à faire enlever».
Il a par ailleurs présenté d’autres avancées, sur l’assurance revenu par exemple, ou encore l’aménagement de la DPA (dotation pour aléas) : autant de dossiers qui avancent, grâce à un travail constant de négociation, et à la pression qu’il faut maintenir sur le terrain : les manifestations du 5 novembre, avec une forte mobilisation dans tous les départements, ont mis en évidence le malaise paysan. Et la centrale syndicale sait rappeler la nécessité pour l’État français de maintenir une agriculture forte, dont notre société a bien besoin, au niveau économique, social ou d’aménament du territoire.
La FDSEA, «un interlocuteur reconnu»
En concluant ce congrès, le préfet, Emmanuel Berthier, reconnaissait aussi la force de la FDSEA, dont la représentativité permet d’être «un interlocuteur reconnu» auprès des services de l’État et des collectivités territoriales. Elle est appuyée par des relations responsables entre les élus professionnels, qui restent avant tout des agriculteurs, des chefs d’entreprises, et les représentants de l’administrations ou les élus politiques.
Emmanuel Berthier, très au fait de la situation des agriculteurs, a fait part de quelques avancées, sur la levée de l’embargo russe sur les bovins vivants par exemple, sur l’aménagement en discussion dans le projet de loi de finances pour la DPA, sur l’approvisionnement des restaurations collectives en produits français, ou encore sur des aménagements à venir sur l’apprentissage pour les mineurs.
Il a aussi évoqué le futur schéma régional de cohérence écologique (le SRCE, avec les fameuses trames vertes et bleues), dont les discussions se poursuivent en lien avec les agriculteurs.
Sur le sujet de l’installation, il a annoncé que les dossiers ne seront pas bloqués du fait de la réforme de la Pac, dès janvier 2015. Enfin, il a fait appel au sens de responsabilité des agriculteurs, citant des débordements parfois trop «musclés» dans les manifestations.
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