L'Oise Agricole 18 septembre 2025 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une tribune à signer contre la validation du Mercosur

La FDSEA de l’Oise, JA et la Chambre d’agriculture se mobilisent contre l’imminente signature du traité Mercosur et alertent les élus et tous les responsables agricoles contre «cet accord délétère pour l’agriculture française et de l’Oise».

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Régis Desrumaux et Luc Smessaert ont signé la tribune.
Régis Desrumaux et Luc Smessaert ont signé la tribune. - © DLC

«Cela fait 25 ans que l’on en entend parler mais, cette fois-ci, si nous ne faisons rien, le Mercosur va entrer en vigueur et il en est hors de question !», s’exclame Régis Desrumaux qui ne décolère pas : «Le dossier est loin d’être teminé. Alors qu’on nous ajoute toujours plus de contraintes comme dans le plan d’action régional directives nitrates, voilà qu’on devrait ouvrir nos frontières à des produits dont les facteurs de production, produits phytosanitaires notamment, sont interdits depuis belle lurette chez nous!»
Luc Smessaert rappelle que l’Union européenne a validé le texte qui a été envoyé à chacun des États-membres pour une validation nationale : «chez nous, c’est normalement prévu au calendrier de l’Assemblée Nationale pour la deuxième quinzaine du mois de novembre. Certes, devant le mécontentement des agriculteurs européens, Ursula Von der Leyen a ajouté au texte des clauses de sauvegarde concernant le prix et les volumes, mais en aucun cas les clauses miroir que nous réclamons depuis toujours ! 
Dans les pays du Mercosur, 80 % des produits phytosanitaires utilisés sont interdits chez nous. De même, les hormones de croissance participent à la production de viande bovine et les poulets sont élevés avec des antibiotiques, leurs carcasses sont passées à l’eau de Javel avant leur exportation ! Il est certain que ces aliments vont être largement utilisés en restauration hors foyer, dans les écoles et les maisons de retraite. Est-ce vraiment ce type d’aliments dont les consommateurs veulent dans leur assiette ?»


Concurrence déloyale
Les deux responsables, auxquels s’associe Matthieu Carpentier, président de JA60, pointent l’impossibilité pour les agriculteurs français de produire à des prix aussi bas. Ils ne demandent pas à avoir les mêmes moyens de production qu’eux, mais que des contrôles puissent être faits en amont pour vérifier que ces produits étrangers respectent les normes européennes, ce qui n’est bien évidemment pas le cas. «Nous allons importer l’agriculture dont nous ne voulons pas. Il faut être cohérent par rapport à la loi Duplomb. On ne peut pas refuser d’un côté et accepter de l’autre.»
Et puis il faut rappeler que l’agriculture de l’Amérique du Sud n’est pas une agriculture familiale comme la nôtre. Elle est de type industriel, se pratique sur de très grandes surfaces ou avec des cheptels immenses, à grands coups de déforestation et avec un transport qui pèsera lourd dans le changement climatique. «Sans compter que ces importations, et notamment de sucre, vont impacter directement nos outils de production comme la sucrerie de Chevrières ou l’abattoir de Formerie. C’est la France des territoires qui est directement attaquée !»

Que faire ?
La FNSEA et JA national ont lancé un mot d’ordre de mobilisation pour le 25 et le 26 septembre dans les départements. En attendant, les responsables de l’Oise veulent sensibiliser les élus, députés, sénateurs, mais aussi maires, conseillers départementaux ou régionaux ainsi que toutes les organisations professionnelles agricoles en leur proposant de signer une tribune contre le Mercosur.Et de joindre le geste à la parole : Régis Desrumaux et Luc Smessaert signent en chœur la tribune. 
«Nous avons besoin de l’appui de nos élus locaux qui comprennent bien le tort que fera un tel texte dans nos territoires ruraux. Une fois de plus, l’agriculture est la variable d’ajustement dans un accord qui concerne aussi l’aéronautique, l’automobile et l’armement. Ursula Von der Leyen n’a pas écouté la France, pourtant pays fondateur de l’Union européenne. Il est vrai que l’Europe n’a pas les moyens matériels de contrôler la qualité des aliments que nous importons, ce qui est dommage. 2 % des produits sont contrôlés, dont un quart ne respecte pas au final les normes européennes ! Quant à Emmanuel Macron, voilà au moins 18 mois que nous ne l’avons pas entendu parler de sa vision de l’agriculture ni de souveraineté alimentaire.»
Aujourd’hui, la France importe la moitié de ce qu’elle mange alors qu’elle a les moyens de tout produire ou presque. Quand son assiette dépend du bon vouloir des autres, il faut s’attendre à voir son prix augmenter sans rien pouvoir y faire ou à ce qu’elle reste vide !
Le texte de la tribune devrait rapidement être transmis aux élus de l’Oise et leur retour est attendu pour le 25 septembre, date pressentie pour la mobilisation locale contre le Mercosur. «La liste des signataires sera publiée.»
D’ici là, élus et agriculteurs sont invités à se positionner contre cet accord néfaste.

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