L'Oise Agricole 02 octobre 2025 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Les agriculteurs veulent que les produits français soient mis en avant

À l’appel de la FNSEA et de JA contre la signature du Mercosur, les départements se sont mobilisés devant les préfectures, dans les grandes surfaces ou sur des marchés le 26 septembre dernier.

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Dans l’Oise, rendez-vous  était donné aux adhérents FDSEA et JA au Carrefour de Venette, à 11 heures le vendredi 26 septembre. Une bonne cinquantaine ont répondu présents. «Nous ne sommes pas contents de nos politiques qui, d’un côté, retoquent une partie de la loi Duplomb et, de l’autre, vont approuver le Mercosur dont les conséquences seront importantes sur les filières miels, œufs, sucre et viande bovine notamment. Avec les importations en provenance d’Ukraine, nous subissons de réelles distorsions de concurrence, inadmissibles. Ces denrées, produites pour la plupart avec des molécules phytosanitaires interdites chez nous depuis de nombreuses années, vont se retrouver en restauration hors foyer. Ce sont nos enfants et nos anciens qui vont les consommer, s’insurge Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l’Oise. L’Union européenne voudrait tuer ses agriculteurs qu’elle ne s’y prendrait pas autrement !»


Luc Smessaert, président de la Chambre d’agriculture et vice-président de la FNSEA, poursuit : «Quelle alimentation voulons-nous ? La France, plus grande puissance agricole européenne, importe désormais 50 % de son alimentation alors nos agriculteurs ne demandent qu’à remplir les rayons des supermarchés avec leurs produits de qualité et respectueux de l’environnement. Où sont les promesses de début 2024 ? Quelle est la vision du président Macron qui reste muet ? Si nous dépendons des autres pour manger, il faut s’attendre à payer le prix fort et à subir des pénuries !»
D’où la volonté de communiquer avec les consommateurs en inspectant les rayons du Carrefour pour pointer les produits non conformes aux discours de la grande distribution toujours prompte à mettre en avant «ses» producteurs locaux. «Nous n’appartenons à personne et ces affichages sont souvent de façade. Nous voulons du durable, des perspectives», ajoute Luc Smessaert.

Des origines bien surprenantes
Les manifestants se sont dispersés dans les rayons alimentaires où ils ont inspecté les étiquettes, ce que ne font sans doute pas assez les clients. Quand l’origine était non française ou non précisée, ils apposaient des stickers «soutien à la transparence de l’origine» ou «produit importé non conforme à nos normes».
Que ce soit au rayon des sucres, des miels, des fruits et légumes, il y avait de quoi recouvrir les rayonnages tant les produits importés sont nombreux. Des miels mélangés issus d’Ukraine et d’Argentine avec des packagings laissant penser qu’ils sont produits par des apiculteurs français, des haricots verts équeuttés venant du Kenya et pouvant être conservés plus de deux semaines, des noix bio de Moldavie (voir encadré)... est-ce vraiment ce que les consommateurs désirent ?


En fin de manifestation, les agriculteurs ont entamé une discussion avec Audrey Quennesson, la récente directrice du magasin qui, en bonne picarde, les a assurés de sa volonté d’introduire plus de produits locaux dans ses rayons. Elle invite d’ailleurs les responsables à venir en discuter et s’engage à faire remonter auprès des dirigeants Carrefour les remarques des agriculteurs, notamment sur l’origine des produits bio Carrefour. Rendez-vous sera donc pris.
En attendant, si le sujet du Mercosur ne mobilise pas plus les politiques, tout occupés à se chamailler au niveau national, les agriculteurs promettent d’aller à Strasbourg ou à Bruxelles. Car c’est bien la Commission européenne qui a conclu cet accord scélérat avec l’Amérique du Sud et avec l’Amérique de Trump également. «Chine et USA protègent leur agriculture; pourquoi ne faisons-nous pas de même ? C’est le moment de nous faire respecter».

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Bonnet d’âne aux produits bio de marque distributeur

Abricots secs et lentilles corail de Turquie, noix de Moldavie, sucre bio d’Allemagne, farine hors UE... la marque distributeur Carrefour bio ne met pas en avant le bio français alors que les producteurs traversent une crise sans précédent.

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