Autant se le dire tout de suite, chez Nicolas d'Hermy, l'élevage, c'est une véritable passion. Vêtu de sa cotte floquée aux couleurs du Service de remplacement, il n'envisage pas sa vie ailleurs que dans «sa» ferme : «J'ai toujours voulu faire ça. L'amour des bêtes, le vélage, la traite, le travail de la terre, semer et voir la pousse, le changement des saisons et ne jamais faire la même chose, c'est ce qui me donne envie de faire ce métier, même si la rémunération peut sembler faible par rapport au travail abattu. Mais quand on est passionné, on a moins à se plaindre».

À vingt ans, il vient de terminer un CS Conduite de l'élevage bovin lait à Songeons après un Bac pro conduite et gestion de l'entreprise agricole-élevage et se retrouve employé de la ferme familiale à la Houssoye, petit hameau situé à côté de Crèvecoeur-le-Grand, et salarié de l'ETA de l'Aventure, près du Hamel, où il presse de la paille. Travailleur, il veut continuer à réaliser des missions pour le Service de remplacement où il est inscrit depuis 2021 : «Je réalisais un stage et ma patronne d'alors souhaitait que ce soit moi qui la remplace chez elle lorsqu'elle était absente le week-end. À mes 18 ans, elle a appelé Françoise Cacan, la responsable du Service de remplacement. Depuis ce temps je fais des traites à droite et à gauche. Avec mes deux boulots, ce sera moins facile qu'avant, mais je ne n'arrêterais pas. C'est un vrai plus d'aller travailler chez les autres, de discuter avec des éleveurs et de voir plusieurs méthodes. Ça m'a fait changer certaines de mes manières de faire, comme mettre de la paille dans les râteliers ou faire une transition au sevrage. On voit que les animaux sont plus beaux, que leurs poils ne bougent pas.»

Gagnant au concours des agents de remplacement

Et c'est justement en tant qu'agent qu'il a participé aux sélections régionales pour la deuxième édition du concours national des agents des Services de remplacement, lors des Journées de l'herbe, à Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, les 15 et 16 juin dernier. «Il manquait des participants pour représenter le département de l'Oise. Je n'étais même pas intéressé au départ. Des copains ont voulu y aller, alors je me suis motivé. J'y suis allé pour me détendre, couper un peu du boulot, pas du tout en mode déterminé. Je ne partais pas pour gagner !»

Nicolas finit en effet à la première place dans la catégorie «soudure». Une surprise pour le jeune crépicordien qui affrontait un soudeur professionnel et un professeur de soudure. Les impétrants avaient pour consigne la réalisation d'une soudure sur le modèle du logo du Service de remplacement en moins de 40 minutes. «D'ailleurs, je ne trouve pas que ma soudure soit particulièrement belle. Nous avons concouru sur des tables en bois qui reposaient sur des tréteaux. Le tout était assez instable, surtout lorsque les autres candidats martelaient.»

Une performance réalisée sans entraînement, si ce n'est la pratique du quotidien : «À la ferme, on bricole beaucoup, on essaie de faire les choses soi-même. À force de regarder faire mon père et mon oncle, je me suis mis petit à petit à fabriquer des pièces moi-même.»

Le jeune homme retient surtout de sa participation aux sélections régionales la bonne ambiance qui y régnait. «Finalement, on s'est surtout bien amusé. ça nous a fait sortir de nos habitudes. Tout le monde s'est bien entendu, même avec les Services des autres départements. Il y a tout de suite eu un bon feeling.»

Au niveau national, l'épreuve s'intitule «découpe acier», sans plus de précision. «Je ne sais pas trop en quoi ça consiste. Ce ne sera plus de la soudure.»

En attendant, Nicolas veut peaufiner sa réalisation : «Je dois encore la peindre aux couleurs du Service de remplacement» sourit-il.