Le gouvernement espagnol dirigé par le socialiste Pedro Sánchez a approuvé, le 11 mai, lors d'un conseil des ministres extraordinaire*, un plan d'urgence contre la sécheresse. À ce jour, «plus de 60 % du territoire espagnol est déjà touché par la sécheresse» et la catastrophe est «imminente», selon la Coordination des organisations agricoles et d'élevage (COAG). Madrid a débloqué 2,190 milliards d'euros (MdEUR) qui iront principalement aux agriculteurs. Ces derniers ont vu leurs productions très affectées par le manque d'eau, notamment sur les olives, les céréales, les melons, le riz et les tomates.

Investissements et aides pécuniaires

Malgré son caractère d'urgence, le plan devrait mettre plusieurs semaines à être appliqué. Un peu moins des deux tiers de l'enveloppe dégagée (1,4 milliard d'euros-MdEUR) serviront à la construction de nouvelles infrastructures pour remédier à la pénurie d'eau. L'État envisage la construction d'usines de désalinisation de l'eau de mer ou des systèmes pour accroître la réutilisation d'eaux usées.

Le solde (784 millions d'euros) sera consacré à une aide multiforme à l'agriculture, dont près de la moitié (355 MEUR) pour venir en aide à l'élevage et aux producteurs de lait. 5 MEUR seront alloués à l'apiculture. En outre, 40,5 MEUR ont été prévus pour l'assurance agricole et le report de cinq mois des cotisations de sécurité sociale pour plus de 730 000 travailleurs. Le gouvernement souhaite prolonger le plan jusqu'au 15 septembre, en se basant à son tour sur les prévisions des agences météorologiques du pays, qui annoncent les pires prévisions possibles pour les campagnes : il ne devrait pas pleuvoir avant trois ou quatre mois, alors que certaines régions n'ont pas vu d'eau tomber du ciel depuis plus de 140 jours.

Le plus chaud et le plus sec

Depuis le début de l'année hydrologique, le 1er octobre 2022, jusqu'au 11 mai, les précipitations moyennes en Espagne ont été inférieures de 27,5 % à la moyenne de cette période. La réserve hydraulique péninsulaire s'est établie cette semaine à 48,9 %, soit un peu moins que l'année dernière (50,6 %), lorsque le gouvernement avait déjà approuvé un décret sur la sécheresse prévoyant d'importantes mesures, dont certaines ont été étendues au cours de l'année écoulée pour faire face à la situation critique du secteur, également touché par les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine.

Selon le décret royal publié le jour-même, «des mesures de flexibilité sont prévues dans l'application de la nouvelle Pac, telles que la prolongation du délai d'introduction des demandes d'aide jusqu'au 30 juin». Le manque d'eau dont souffre le pays a poussé de nombreux agriculteurs à renoncer aux semis de printemps, notamment de céréales et d'oléagineux, avec le risque de provoquer des pénuries alimentaires et une explosion des prix des produits concernés. Après une année 2022 déjà très sèche, à l'instar de nombreux pays d'Europe occidentale, l'Espagne a enregistré cette année son mois d'avril le plus chaud et le plus sec depuis au moins 1961, date à laquelle l'Agence météorologique nationale (Aemet) a commencé ses statistiques.

* En raison de l'imminence des élections du 28 mai, au cours desquelles les municipalités et la majorité des communautés autonomes du pays seront renouvelées, le gouvernement a été contraint de tenir ce conseil extraordinaire, précisément pour éviter qu'il ne coïncide avec le début de la campagne électorale officielle.