L'Oise Agricole 26 décembre 2022 a 08h00 | Par Emeline Durand

Le coq gaulois retrouve fière allure

Mascotte nationale, le coq gaulois se trouve pourtant en voie d'extinction ces dernières années. C'était sans compter sur deux passionnés de la race, Damien Vidart et Yannick Fassaert. Dans l'Aube, ils lui redonnent ses lettres de noblesse, à la faveur d'un conservatoire qui vise à pérenniser l'emblème.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
- © Emeline Durand

On l'identifie, ces dernières semaines, jusqu'au Qatar, sur les maillots des joueurs de l'équipe de France, en plein mondial de foot. Dans le monde du sport, que ce soit au pays du ballon rond comme du ballon ovale, le coq gaulois est sans conteste le symbole d'une appartenance nationale. Une certaine fierté qui - cocorico - fait la renommée de la France en dehors de ses frontières.
Et pourtant. Pourtant cet emblème tricolore était sur le point de disparaître. En 2018, confirme Damien Vidart, responsable de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine (10) et du Conservatoire du coq gaulois, on recensait seulement 151 gallinacés partout en France pour 78 éleveurs. Une extinction à petit feu que le passionné aubois explique de façon simple : «c'est un animal non productif donc non rentable», laissé de côté à la faveur de races économiquement plus porteuses.
Un paradoxe alors que le coq pavane fièrement sur le toit des églises de France et jusqu'à l'entrée du parc de l'Élysée. «Il appartient au patrimoine français, au même titre que la baguette, récemment entrée au patrimoine immatériel de l'Unesco. C'est un emblème de coeur et de combats sportifs, c'est un emblème laïque et religieux et pourtant, c'est une race non reconnue juridiquement et statutairement par l'État», observe Yannick Fassaert.

Un lieu vitrine
Une rencontre, il y a quatre ans, entre le président de l'association Ferme pédagogique-Conservatoire du coq gaulois et Damien Vidart va sceller la suite de l'histoire. «Nous avons décidé de lui rendre justice, pour assurer sa pérennité, par la reproduction», indiquent les deux hommes. Le Conservatoire du coq gaulois, inauguré au printemps dernier, trône désormais fièrement au coeur de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine. «L'idée, décrit Damien Vidart, éleveur et sélectionneur de la race gauloise depuis dix ans, c'est aussi de faire de cet endroit une vitrine.»
Un espace d'autant plus stratégique que la commune se situe à une dizaine de kilomètres seulement de Romilly-Sur-Seine, siège social de l'équipementier... Coq sportif (lire par ailleurs). Si le conservatoire vise donc à faire renaître ce volatile de ses cendres d'un point de vue médiatique, il souhaite avant tout organiser tout un éco-système pour en assurer sa survie. Il a d'abord fallu faire un recensement minutieux des éleveurs, récupérer les oeufs provenant de toute la France - 22 souches différentes ont été détectées - avant l'étape de la reproduction. Ce travail, inédit à l'échelle hexagonale, permet désormais d'assurer la reproduction de l'espèce.

Trois fois plus nombreux
Grâce au conservatoire, le coq gaulois a repris des couleurs. En trois ans, son nombre a triplé en France, dépassant les 500 têtes, l'objectif fixé dans le cadre du plan de sauvegarde de la race. Le pays compte désormais 250 éleveurs, des passionnés pour la plupart. Mais l'association ne compte pas en rester là. «Les collectivités locales, les acteurs locaux nous soutiennent, ce qui est une très bonne chose, mais on doit changer de braquet», admet Yannick Fassaert. Pour porter le coq gaulois plus haut sur le devant de la scène, la structure sait qu'elle doit produire un dossier solide d'un point de vue génétique - en lien avec l'Inrae-, juridique, marketing et financier. «Il doit nous permettre d'aller défendre le coq gaulois dans les plus hautes instances et pourquoi pas, le faire reconnaître juridiquement comme emblème national». Prochaine étape, le Salon de l'agriculture, en février prochain : le coq gaulois n'y défilera pas - mesures sanitaires liées à la grippe aviaire obligent - mais il sera sous les projecteurs du hall 4 pendant toute la durée de l'événement. «Dans le cadre du centenaire de la race, en 2023, le Conservatoire souhaite aussi créer une journée nationale. La Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques de 2024 sont autant d'opportunités à ne pas manquer, soulignent Damien Vidart et Yannick Fassaert pour mettre en avant cet emblème et plus largement, le travail des éleveurs et de l'agriculture.»

Un partenariat à trouver avec le Coq sportif


Entre le coq gaulois et l'équipementier Coq sportif, qui habille notamment les joueurs de l'équipe de foot durant la coupe du Monde, les liens semblent assez évidents, d'autant plus que la marque est installée à seulement 13 kilomètres du conservatoire. «Il y a un partenariat à trouver avec l'entreprise», analyse Yannick Fassaert, qui confirme que des discussions sont en cours sur ce point. L'enjeu est d'autant plus grand, à quelques mois maintenant de l'événement sportif le plus médiatique de la planète, les Jeux olympiques à Paris, en 2024.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,