Le projet d’arrêté réautorisant les NNI en consultation
Le ministère de l’Agriculture a mis en place, depuis le 4 janvier et jusqu’au 25 du même mois, la mise en consultation publique du projet d’arrêté autorisant provisoirement des néonicotinoïdes pour la betterave.
D’après le texte signé des ministres de la Transition écologique, Barbara Pompili, et du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, «la mise sur le marché et l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam sont autorisées pour une durée de cent vingt jours». Cette mesure est toutefois assortie de restrictions sur les cultures qui suivent dans la rotation, conformément à un récent avis de l’Anses. Dans le texte de l’arrêté mis en consultation, le retour des néonicotinoïdes est justifié, quant à lui, par un «danger sanitaire» : «Il n’est pas possible d’écarter l’hypothèse que 2021 soit semblable à 2020, en matière de risques de virose sur la betterave sucrière en France», rappelle en effet une évaluation de l’Inrae.
Des restrictions dans le choix des cultures
Le 23 décembre dernier, l’Anses a rendu un avis suite à une saisine de septembre 2020. Elle y définit «les mesures d’atténuation des risques devant figurer dans toute dérogation à l’interdiction d’utiliser des produits à base de néonicotinoïdes».
Si les risques avec la betterave elle-même sont faibles pour les pollinisateurs, rappelle l’agence, «un risque élevé a été identifié» avec le thiaméthoxame et l’imidaclopride dans les cultures suivantes et, plus particulièrement, pour les bourdons.
Citant les résultats de l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ainsi que des auditions des instituts techniques de l’abeille (Itsap) et de la betterave (ITB), l’agence suggère en conclusion d’implanter uniquement des cultures non attractives pour les pollinisateurs après la betterave. Pour définir ces cultures, l’Anses s’appuie sur un indicateur de risque développé par l’Itsap. Si le colza, la moutarde et la phacélie ne devront être cultivés que trois ans après la betterave, l’avoine et le blé pourront être cultivés dès l’année suivante, et le maïs deux ans après. L’agence propose également d’empêcher la floraison des adventices avant l’implantation des cultures suivantes, et de limiter l’implantation des cultures intermédiaires après la culture suivante «à des cultures peu attractives pour les abeilles et les autres pollinisateurs».
Le projet d’arrêté se base sur l’avis de l’Anses, lequel ne s’appuie absolument pas sur des études scientifiques comme on aurait pu s’y attendre. L’Anses s’est appuyée sur une grille d’analyse théorique et pas sur des études de mesures de résidus de NNI dans le sol. Cela n’est absolument pas satisfaisant.
Le projet d’arrêté prévoit la possibilité d’implantation de céréales en N+1, ce qui correspond à la pratique habituelle dans notre région, mais sans possibilité de semis de maïs, ce qui est préjudiciable pour des régions comme l’Alsace. Nous allons continuer le combat pour infléchir les préconisations pour N + 2 puisque le colza en est exclu ainsi que toutes les cultures intermédiaires mellifères. Or, la rotation betterave-blé-colza est très répandue dans notre région et j’ai peur que l’impossibilité de semer du colza en N+2 n’entraîne une baisse des surfaces de betteraves et l’abandon de cultures intermédiaires mellifères. Cela aurait finalement l’effet inverse que celui souhaité, à savoir la diversité des cultures et des assolements. Cela aurait aussi des conséquences sur la production de miel. Nous n’en avons pas encore fini avec ce dossier.
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