L'Oise Agricole 20 décembre 2020 a 14h00 | Par Claire Duhar

Mon beau sapin de Noël reste très français

Dans une année 2020 inédite en raison de la crise sanitaire, le sapin de Noël demeure le roi des forêts et des fêtes de fin d’année. En quelques semaines, près de six millions d’arbres sont coupés des exploitations françaises pour être vendus en grandes surfaces, chez les fleuristes, en vente directe. Tour d’horizon d’une production et d’un marché très français.

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La filière de production du sapin de Noël emploie quelque 1.000 salariés permanents et 5.000 saisonniers en fin d’année.
La filière de production du sapin de Noël emploie quelque 1.000 salariés permanents et 5.000 saisonniers en fin d’année. - © AFSNN

Crise sanitaire oblige, la vente des sapins de Noël a fait l’objet cette année d’un décret qui a été publié au Journal officiel (JO) le 19 novembre. En pleine période de confinement, celui-ci autorisait les fleuristes à écouler des arbres de Noël, du moment que la vente se faisait en extérieur, et les établissements qui ne pouvaient accueillir de public, à recourir au «click & collect». Depuis le 28 novembre et la réouverture des commerces qui avaient été jugés «non essentiels», les ventes de sapins de Noël peuvent se dérouler «normalement».

Au cœur des maisons, près de la cheminée ou du canapé, le sapin de Noël trône dans bien des foyers au moment des fêtes de fin d’année. Au match environnemental, le sapin de Noël naturel gagne sur tous les plans face au sapin artificiel : pas de produits d’origine pétrolière, peu de kilomètres parcourus, facile à recycler et un bilan carbone trois fois moindre. En France, quelque 5.000 hectares sont ainsi consacrés à sa culture, dans le Morvan qui arrive en tête, suivi de la Bretagne et de la région Rhône-Alpes, pour répondre à une demande stable. «Il y a environ 800 producteurs répartis sur toute la France, même si plus on descend dans le Sud, moins il y en a», explique Vincent Houis, animateur de l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN).

80 % des sapins achetés sont français

Certains ne cultivent qu’une poignée d’hectares, en diversification d’une exploitation en polyculture, par exemple ; d’autres, comme des pépiniéristes ou des paysagistes font 15 à 20 ha, et puis «il y a les professionnels du sapin qui exploitent 50 à 60 ha». Les «industriels» du sapin sont peu nombreux en France. On ne compte que quelques exploitations de plusieurs centaines d’hectares. La plus grande, de plus de 1.000 ha, est située en Bretagne. À l’image des profils de producteurs très variés, les canaux de distribution le sont tout autant : marchés, fleuristes, vente directe, centrales d’achats, marché de Rungis, grandes surfaces… Une chose est sûre : quasiment tous les sapins produits en France sont vendus dans l’Hexagone. «Nous ne sommes pas un pays d’exportation, contrairement à la Belgique et au Danemark», poursuit le spécialiste. Près de 80 % des sapins achetés en France sont français.

La culture du sapin est réglementée depuis 2003. La densité doit être comprise entre 6.000 et 10.000 plants par hectare. «En général, on plante autour de 8.000 plants, ce qui donne à la récolte quelque 6.500 arbres/ha.» Quand il est planté en pleine terre, le sapin a déjà quatre ans et mesure entre 15 et 20 cm. Il atteint 80 cm à 1m, trois ou quatre ans plus tard, selon les variétés. Il faut attendre deux à trois ans de plus pour un sapin de 1,50 m à 1,75 m, le plus recherché. L’arbre au cœur de l’ambiance de fête dans votre salon a ainsi une dizaine d’années.

Des pratiques culturales plus durables

Plus de 90 % des sapins sont vendus coupés. «Il n’y a pas vraiment de demandes pour l’instant pour les sapins en pot», constate Vincent Houis, qui est témoin, depuis 18 ans, de nombreux changements dans les pratiques culturales des producteurs.

«Aujourd’hui, tous les producteurs ont leur Certiphyto, pulvérisent au ras du sol, des volumes faibles… L’indicateur de fréquence de traitement est compris entre deux et trois sur la durée de vie du sapin, ce qui est peu comparé à la vigne, qui est à vingt.» Le nombre de traitements a ainsi été divisé par cinq en dix ans. L’ennemi n°1 lors de la culture du sapin, c’est l’herbe, avec une période critique sur les deux ou trois premières années, où «il est indispensable de limiter l’enherbement qui fait concurrence à la croissance des sapins». Les herbicides sont les traitements les plus utilisés. «Le reste, c’est vraiment au cas par cas et les producteurs utilisent de plus en plus de traitements de biocontrôle», explique Vincent Houis.

La filière biologique se développe à petit pas. Il y a une dizaine de producteurs bio, pour 35.000 à 40.000 sapins. «C’est un marché émergent. Quatorze producteurs sont en conversion (trois ans).» C’est surtout la provenance du sapin qui semble avoir son importance pour 56 % des consommateurs, selon un sondage réalisé par l’association et l’interprofession Val’hor. L’AFSNN mise sur les démarches de qualité et les labels. «On pousse les producteurs à s’engager dans le Plant bleu, MPS ou Global gap, mais aussi dans des IGP, comme dans le Morvan, Fleurs de France, le Label rouge, ou les démarches locales.»

- © Terres et Territoires

Le saviez-vous ?

Le sapin de Noël est à l’honneur en fin d’année depuis plus de 4 000 ans. À l’origine, l’épicéa, aussi surnommé l’arbre de l’enfantement, symbolisait au solstice d’hiver la renaissance du soleil dans les pays nordiques. Le christianisme s’empare du symbole pour célébrer la naissance de Jésus le 24 décembre, au IVe siècle.

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