Net ralentissement des conversions et recul des entreprises
L'Agence bio a fait paraître les résultats de l'agriculture bio française pour l'année 2022, marquant, comme attendu, un net ralentissement des conversions. Pour la première fois, le nombre d'entreprises de l'aval a reculé.
Compte tenu du marasme ambiant sur les marchés de la bio, il fallait s'y attendre. Le nombre de producteurs engagés en agriculture biologique n'a progressé que de 3,5 % en 2022, contre 9 % l'année précédente, constate l'Agence bio dans son rapport annuel paru le 1er juin. Un solde qui traduit d'abord un «coup de frein dans la dynamique des conversions», puisque les déconversions restent relativement stables à 5,6 %, contre 4 % à 5 % l'an passé. Au total, on compte environ 60 000 exploitations en bio, soit 14,2 % des fermes françaises. La dynamique est pour l'instant moins bridée en surfaces, avec une hausse de 10 % sur 2022, contre 9 % l'année précédente. Mais cela pourrait changer d'ici trois ans : les surfaces en première année de conversion reculent de 40 %. Compte tenu des surfaces engagées en deuxième et troisième années, l'agence s'attend tout de même à une nouvelle augmentation de 10 % en 2023. Au total, les surfaces bio représentent 2,87 millions d'hectares, soit 10,7 % de la surface agricole utile française (SAU). Dans le cadre du plan stratégique national (PSN), la déclinaison nationale de la Pac, la France vise 18 % de SAU en bio d'ici 2027. Pour rappel, entre 2010 et 2021, la part du bio dans la surface agricole est passée de 3 % à 10 %, et la consommation bio a été multi-pliée par 3,5.
Brebis qui rit, porc qui pleure
Les dynamiques apparaissent très diverses sur 2022 selon les filières, avec de nets reculs du cheptel bio en porc (- 7 %) et poulet, et des hausses soutenues de cheptel en brebis viande (+ 11 %) et en chèvres (+ 11 %), ainsi que des sur-faces en progression en grandes cultures, fruits à noyau et pépins, vigne (plus de 18 % de hausse). Mais les surfaces en première année de conversion chutent brutalement en grandes cultures (- 59 %) et en vigne (- 48 %).
Recul de l'aval
Pour la première fois, le nombre d'entreprises de l'aval (trans-formateurs, distributeurs, grossistes...) certifiées a reculé (- 2,2 %, à 28 547). L'Agence bio rappelle que le nombre de points de vente a reculé de 5,3 % fin 2022, selon Biolinéaires. Au total, le nombre d'opérateurs (fermes et entre-prises) reste stable (+ 1,6 %). Pour rappel, ces chiffres interviennent dans un contexte de baisse de consommation, liée notamment à l'inflation et à des crises cycliques de marché (oeuf, lait, pomme). Les ventes de bio ont reculé de 4,6 % sur l'année 2022, surtout en viande (- 13 %) et en fruits (- 7 %). Après des annonces jugées insuffisantes par la profession au Salon de l'agriculture (10 millions d'euros), Marc Fesneau a dévoilé le 17 mai un nouveau plan d'aide d'urgence dédié au bio comprenant 60 millions d'euros d'aides directes, en plus d'engagements sur la commande publique et la communication.
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