«Notre volonté est de reconquérir le terrain et de recréer du lien»
Élue en juin dernier à la présidence de l’AS 60, Stéphanie Roussillon nous dévoile ses ambitions : moderniser l’accompagnement comptable tout en replaçant l’écoute et la proximité au coeur de la relation avec les adhérents.

L’Oise agricole : Pour commencer, pourriez-vous nous parler de votre parcours au sein de l'AS 60 et de ce qui vous a motivée à en prendre la présidence ?
Stéphanie Roussillon : C'est mon premier mandat et ma première participation à un conseil d'administration. Auparavant, je n'avais jamais été impliquée dans une OPA, notamment parce que je m'occupais de mes enfants. J'ai été contactée il y a 5 ans par mon comptable et par le président de l'époque, Didier Verbeke, lors d'un renouvellement du conseil. Ils cherchaient à féminiser un peu l'instance. Je suis d'abord entrée comme administrateur invité. Au fil du temps, j'ai souhaité m'investir davantage en participant à des groupes de travail, notamment sur la facture électronique, en collaboration avec la direction et les salariés. Le président m'a ensuite introduite au niveau du réseau national des AS (FNAS), en m'invitant à des congrès et séminaires. Il m'a progressivement mis le pied à l'étrier pour m'amener à prendre des responsabilités. Dernièrement, le président, ayant déjà plusieurs mandats, a souhaité laisser sa place. Ma candidature a été soumise au bureau et au conseil d’administration, et j'ai été élue en juin dernier.
Quelles étaient vos motivations principales ?
Je voulais me sentir utile. Je ne voulais pas siéger au conseil simplement pour être spectatrice. Mon objectif initial, en tant qu'adhérente exploitante en polyculture-élevage, était de faire remonter les problématiques de terrain et les besoins réels des adhérents. Ensuite, j'ai voulu passer un cap et m'investir concrètement sur des dossiers précis.
Maintenant que votre mandat débute, quels sont vos axes prioritaires ?
Ma priorité absolue pour cette année est l'écriture du nouveau plan stratégique de l'AS 60 pour la période 2026-2031, car l'actuel se termine en 2025. Je souhaite le construire avec l'ensemble du conseil d'administration et la direction. Pour ce faire, nous organiserons un séminaire de travail de deux jours en début d'année, accompagnés par un conseiller spécialisé. L'objectif est de définir une feuille de route claire et des fiches actions pour que la direction — Clémence Varlet étant en poste depuis le début de l'année — sache précisément vers où nous allons. C'est un travail conséquent mais indispensable.
Quelle est la situation actuelle de l'AS 60 ?
Nous sortons d'une période compliquée et avons traversé des moments difficiles. Il y a eu un changement de direction nécessaire. Nous avons fait le choix de nommer à la direction une personne issue de l'interne, qui connaissait déjà la structure et ses problématiques, ce qui l'a rendue opérationnelle immédiatement. Aujourd'hui, nous sommes en phase de reconstruction. Le conseil évolue également à la suite du départ d’administrateurs ayant atteint la limite d'âge et l'arrivée de quatre nouveaux administrateurs, pour qui nous avons mis en place un processus d'intégration. Nous avons communiqué auprès des adhérents pour expliquer la situation et rassurer, car cette période a pu leur causer du tort.
Au-delà de ces restructurations, quels sont les grands enjeux pour les agriculteurs de l'Oise face auxquels l'AS 60 peut apporter des réponses ?
Le prochain grand enjeu est la facture électronique. Cela a été bien préparé avec des réunions de sensibilisation et un suivi des adhérents. Mais cela pose une question fondamentale sur l'évolution de nos métiers. Avec l'automatisation qu'apportera la facture électronique, nous ferons moins de saisie comptable pure. Il nous faut donc apporter une valeur ajoutée différente : du suivi de trésorerie, de l'accompagnement régulier, etc. Comment utiliser cette technologie pour aider nos adhérents face aux aléas et aux problèmes de trésorerie ? C'est tout l'objet de notre réflexion actuelle pour nous positionner correctement dans l'environnement agricole.
Quel intérêt une structure comme l'AS 60 conserve-t-elle pour les agriculteurs ?
Notre force réside dans la proximité et la connaissance de nos adhérents. Nous connaissons leur fonctionnement et leurs besoins. L'idée est de passer d'un bilan comptable annuel (le "rétroviseur") à une gestion de chef d'entreprise plus dynamique. Grâce aux flux de données plus réguliers, nous pourrons offrir un pilotage au fil de l'eau, anticiper les décisions et ne plus attendre la clôture de l'exercice pour réagir. Nous devons structurer notre offre pour accompagner l'adhérent de l'installation jusqu'à la transmission. Il y a aussi l'enjeu de la diversification. Les profils des adhérents changent (double-actifs, nouvelles attentes des jeunes), et nous devons répondre à ces nouveaux besoins.
Quel message souhaitez-vous adresser aux agriculteurs de l'Oise ?
Le message est que nous sommes à l'écoute, présents et dans une dynamique de reconstruction. Nous voulons reconquérir le terrain. Si un adhérent rencontre un problème ou souhaite partir, nous prenons le temps d'échanger avec lui. Je tiens à ce qu'aucun adhérent ne reste sans réponse. C'est un grand défi, cela prendra du temps, mais nous y travaillons durement avec la direction et les salariés. Je veux rester humble : Je souhaite continuer le travail entrepris et respecter notre devise : «A vos côtés pour réussir.»
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,