L'Oise Agricole 30 janvier 2020 a 09h00 | Par L'Oise Agricole

Vers un projet d’intelligence collective au service des adhérents

L’organisme de gestion a organisé son assemblée générale le 24 janvier à Beauvais, sur le site du Crédit agricole du Haut-Villé.

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Didier Verbeke veut développer une intelligence collective au sein d’AS60-AGC.
Didier Verbeke veut développer une intelligence collective au sein d’AS60-AGC. - © Dominique Lapeyre-Cave

La présentation des comptes au 31 juillet 2019 a montré qu’AS 60-ACG est en bonne santé : un chiffres d’affaires à hauteur de 4,2 millions d’€, des produits financiers et des charges d’un montant de 4,3 millions d’euros ont permis de dégager un bénéfice de 100.000 euros. Les investissements de l’année ont surtout porté sur l’acquisition de parts de SCI dans les locaux de Pont-l’Évêque partagés avec la FDSEA et la Chambre d’agriculture de l’Oise.

Soixante-trois salariés, équivalant à 58 ETP, ont fourni 55.500 heures de comptabilité pour un nombre d’adhérents légèrement en baisse, due à des arrêts d’activités. Les activités autres qu’agricoles se développent.

Dans son rapport, le président, Didier Verbeke, dressait le constat d’un monde agricole en pleine période de transition : volatilité des marchés mondiaux, aléas climatiques, évolutions réglementaires, pratiques remises en cause et impasses techniques suite à l’interdiction de matières actives.

«Nos adhérents vivent mal ce contexte et ils veulent tout tout de suite. Ils oublient parfois qu’ils sont d’abord des adhérents avant d’être des clients», se désole le président.

«Mais ce contexte nous oblige à être pro actifs et à définir notre vision du monde agricole.» D’où la volonté d’un travail collectif au sein d’AS60-ACG, impliquant de nouveaux élus en les formant, nécessitant un diagnostic des ressources humaines pour que la structure soit en capacité, aux delà des traditionnels besoins de ses adhérents, de proposer un accompagnement à ceux qui auraient des projets.

«Nous allons faire évoluer notre organisation en développant une intelligence collective autour d’une dynamique de projets. Nous souhaitons développer le dialogue social dans l’entreprise car nous devons tous ensemble cerner ce qu’attendent les adhérents. Pour cela, nous devons apprendre à écouter, à capitaliser afin d’améliorer le service à apporter», développe Didier Verbeke.

Un travail en groupe sera organisé selon un calendrier et des contacts seront établis avec les autres organisations professionnelles agricoles.

«Quel est notre cœur de métier ? Quelles sont nos concurrences ? Ce qui est sûr, c’est que nous devrons créer des partenariats et saisir des opportunités pour avoir des lectures partagées sur les événements. Nous serons ainsi en mesure de porter la voix de l’agriculture auprès des décideurs politiques. Après cette réflexion de groupe, nous établirons des priorités et nous construirons ensemble l’avenir de chacun», affirme le président. On ne pouvait pas faire plus belle conclusion et meilleure introduction aux intervenants du jour.

La bioéconomie, une opportunité pour le monde agricole

Le concept de bioéconomie concerne toute l’économie générée par la production de biomasse générée par la photosynthèse. Elle est d’autant plus pertinente à l’aune des défis auxquels l’humanité doit faire face : changement climatique et dégradation de l’environnement. Laurent Bleuze, de La coopération agricole (anciennement Coop de France) Hauts-de-France, rappelait que la bioéconomie vise à produire des aliments, de l’énergie, des matériaux et des produits chimiques dans un cycle vertueux. Elle peut développer la biomasse, créer un million d’emplois verts d’ici 2030, transformer les déchets en nouveaux produits à valeur ajoutée, remplacer les énergies fossiles par des renouvelables, fournir un revenu supplémentaire aux agriculteurs, forestiers et pêcheurs.

La bioéconomie est déjà une réalité et Laurent Bleuze de citer la méthanisation, l’utilisation du béton de chanvre dans l’automobile (garniture de portières), de la paille de seigle bio pour remplacer les pailles en plastique...

L’Union européenne a lancé un Green deal afin de devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050. D’ailleurs, la nouvelle Pac prendra en compte ces aspects. La France a aussi établi un plan d’action national sur la bioéconomie 2018-2020 : production de bioressources, alimentation humaine et animale (agroalimentaire), produits biosourcés, substituant des produits basés sur les ressources fossile, pour des usages matériaux ou chimie (construction, isolation, transport, design, produits chimiques, fertilisant) et bioénergies : utilisation de l’énergie stockée dans la biomasse (bois énergie, méthanisation, biocarburants).

La Région Hauts-de-France a quant à elle élaboré un master plan bioéconomie dans lequel s’inscrivent des projets comme la construction en paille, la production de protéines d’insectes à partir de coproduits agricoles à destination de l’aquaculture et l’alimentation animale ou la production de bio-énergies.

Le Beauvaisis, territoire de transition agricole et alimentaire

Noémie Degroote, chargée de mission à l’Agglomération du Beauvaisis, est venue présenter le contrat de transition écologique signé tout récemment (voir notre édition du 17 janvier). Partant du constat des évolutions de l’agriculture et de la société depuis 50 ans et face aux enjeux actuels, l’Agglo du Beauvaisis a entamé une réflexion pour une reconnexion entre la production agricole locale et l’alimentation des habitants.

L’agriculture du territoire concerne 337 exploitations agricoles et 500 emplois directs, 35.275 ha, soit 65 % de la surface totale du territoire. Seuls 10,5% des fermes commercialisent en circuits courts et 1 exploitation sur 5 est en démarche de diversification dans l’Oise. 3,2 % de la surface agricole est cultivée en agriculture biologique et seulement 0,92 % de l’alimentation du territoire est issue de produits locaux.

Le CTE vise à engager une transition écologique à toutes les étapes de la filière agricole et alimentaire (production, transformation, distribution, consommation, déchets) vers un système alimentaire territorial durable. Pour cela, il faudra mobiliser l’ensemble des acteurs socio-économiques du territoire pour la définition et la mise en oeuvre d’actions concrètes autour d’une ambition partagée, impulser des dynamiques locales, favoriser les synergies et accompagner les projets (administrativement, techniquement, financièrement). L’Agglo du Beauvaisis facilite l’émergence des projets.

Se diversifier, une polyvalence de métiers

Marc Vandromme, jeune installé à Bailleul-sur-Thérain, a témoigné de son itinéraire. Il a souhaité développer la diversification entamée par ses parents qui avaient planté des pommiers. «Cette production que l’on vend directement au consommateur, c’est ce qui me motivait. Dans un projet d’installation, il faut faire ce que l’on aime, c’est primordial», déclare le jeune homme. Et puis la conduite des arbres en agriculture raisonnée lui convenait : «on est sans cesse à la recherche de l’équilibre entre la préservation de l’environnement et la sauvegarde du revenu», reconnaît-il.

La vente des pommes s’étalant d’août à février-mars, Marc Vandromme a souhaité élargir son activité par du maraîchage. «C’est un projet atypique, j’ai dû convaincre les banques», assure-t-il.

Aujourd’hui sur 14 ha, avec de la vente sur place et un distributeur automatique qu’il faut remplir deux fois par jour, il emploie trois salariés et un apprenti. «Il faut avoir plusieurs casquettes et passer sans cesse de l’une à l’autre : arboriculteur, maraîcher, chef d’entreprise, commercial, gestionnaire de ressources humaines... C’est le plus difficile, mais le plus passionnant !», se réjouit-il.

Sans compter le temps passé à rassurer le consommateur et même à l’éduquer car celui-ci ne connaît pas forcément le cycle des saisons. «Il faut investir dans la communication et organiser des portes ouvertes. Encore une autre facette du métier», sourit-il. Facette qu’il semble parfaitement assurer, tout comme les autres.

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