L'Oise Agricole 28 février 2021 a 11h00 | Par Régis Gaillard

Polytesse : l'art du vêtement recyclé

Alors que chaque jour qui passe, le consommable jetable ne cesse de diminuer, Clément Pelletier a grillé la politesse à ses concurrents en s'intégrant à cette mouvance pour proposer une gamme de vêtements à la fois écologiques et formidables ambassadeurs du Made in France.

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Il faut aussi mettre la main à la pâte pour comprendre ce qu'est la production en usine.
Il faut aussi mettre la main à la pâte pour comprendre ce qu'est la production en usine. - © Polytesse

Rien ne prédestinait vraiment Clément Pelletier à faire carrière dans l'univers de la mode. On l'aurait davantage vu évoluer dans le domaine industriel après sa formation en génie mécanique automatisme. Ou encore dans le monde du sport pour ce passionné de vélo qui a également réalisé, excusez du peu, un Ironman (homme de fer en anglais), épreuve référence d'endurance sportive en triathlon. Mais c'est finalement du côté du commerce que le garçon va s'épanouir. «J'ai le commerce dans le sang depuis tout jeune. J'ai créé une entreprise, à peine majeur. Depuis toujours, j'aime ça». Une fois ses études finies, il a choisi de se mettre à son compte et d'ouvrir un magasin d'articles de course à pieds qu'il tiendra pendant deux années. Suivront deux autres années dans l'univers du bâtiment comme commercial. Puis l'opportunité lui est offerte de devenir responsable de magasin pour une franchise américaine dans le secteur de l'alimentaire.

Changer le modèle de l'industrie textile

Néanmoins, Clément Pelletier aspirait à se réaliser autrement à travers une philosophie qui lui est propre. «J'avais envie de monter un projet autour du vêtement avec une approche écoresponsable, des valeurs de solidarité. Je suis aussi très attaché au Made in France». Le voici donc à 28 ans qui crée au mois de mars 2020 l'entreprise Polytesse. «La protection de l'environnement s'impose plus que jamais comme une priorité. Or, dans ce domaine, la mode est loin d'être exemplaire. Pollution, gaspillage, manque d'éthique... Le vieux modèle de l'industrie textile est en total décalage avec les enjeux actuels. Un article de mode parcourt en moyenne 45.000 km. 1 % seulement des vêtements sont recyclés. En parallèle, le plastique fait aussi des ravages : un million de bouteilles plastiques sont vendues chaque minute, treize millions de tonnes finissent chaque année dans l'océan et dix tonnes de déchets plastiques sont produites chaque seconde ».

Dès lors, Clément Pelletier propose une autre conception, plus proche, plus écologique, plus humaine. «Pour devenir acteur d'une mode meilleure, l'idée est de fabriquer localement et de réduire de 45.000 km à 3.000 km le parcours d'un vêtement. Mais aussi de réutiliser de manière durable l'existant, pour limiter l'enfouissement et l'incinération. Ou encore de commercialiser en mode précommande pour limiter la surproduction et de promouvoir une consommation raisonnée sans opération promotionnelle abusive». Derrière cela, il y a une démarche visant à minimiser la quantité d'intrants. «Les bouteilles plastiques, c'est du polyester. Il est possible de transformer cette matière en fil après l'avoir broyé puis chauffé. Ensuite, ce fil est mêlé avec du fil en coton. Grâce à cette technique, nous revalorisons 15 à 25 bouteilles plastiques et vêtements par produit. Nous économisons 90 % d'eau ainsi que 70 % d'énergie pour la production». La volonté est aussi de réduire les déchets autour de l'entreprise. Ainsi, les colis envoyés à un client sont réutilisables cent fois. Quant aux étiquettes, une fois plantées dans le sol, elles permettent de faire pousser des fleurs.

Made in France

Bien évidemment, la volonté de Clément Pelletier est de faire vivre des entreprises localement et nationalement. Et ce, en collaborant notamment avec des entreprises du patrimoine vivant. À noter, aussi qu'une partie de la production est réalisée par des personnes en situation de handicap. «Nous veillons au bien-être au travail de nos sous-traitants partenaires et favorisons l'emploi solidaire».

Une gamme de plus en plus large

Du tee-shirt au sweat-shirt en passant par les chaussettes, les bonnets et (prochainement) les pantalons, les polos ou encore les espadrilles (conçues à partir d'anciens jeans), Polytesse ne cesse d'accroître sa gamme. «À terme, la volonté est d'avoir un vestiaire complet, été comme hiver. Avec blouson, veste, manteau, sous-vêtements voire baskets». Des vêtements qui, à l'image des tee-shirts, sont pour certains 100 % issus de matières recyclées. Côté commercialisation, Polytesse vend ses produits, soit directement sur Internet, soit auprès de boutiques du type concept store ou magasins spécialisés dans le Made in France. «Nous venons de lancer un nouveau service : Polytesse carte blanche qui propose aux entreprises de fournir des vêtements personnalisés. En 2021, nous lançons une gamme de maroquinerie en cuir de raisin. Cela sera fabriqué à partir des déchets de vendanges. Une fois transformé, cela devient un simili-cuir ».

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