L'Oise Agricole 08 mars 2023 a 08h00 | Par L.M.

Les grandes lignes du plan Souveraineté fruits et légumes

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a lancé le plan Souveraineté fruits et légumes, le 1er mars, avec un budget de 200 millions d'euros d'argent public pour la première année. Le chantier global vise à augmenter de 5 points la «souveraineté alimentaire» en fruits et légumes dès 2030.

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Un premier volet de ce plan sera dévolu aux «agroéquipements» tandis que le deuxième volet du même montant sera dédié à «la recherche et l'innovation».
Un premier volet de ce plan sera dévolu aux «agroéquipements» tandis que le deuxième volet du même montant sera dédié à «la recherche et l'innovation». - © Nadège Petit

Attendu depuis des mois par les professionnels des fruits et légumes frais et transformés, le plan de souveraineté fruits et légumes a été lancé en grande pompe par le ministère de l'Agriculture le 1er mars, au cinquième jour du Salon international de l'agriculture. Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé que le plan sera doté de «200 millions d'euros» (MEUR) d'argent public en 2023, première année d'un plan «pluriannuel». L'objectif est «de gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et d'enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035», selon le ministère. Par «souveraineté», le gouvernement fait a priori référence au taux d'autoapprovisionnement. L'enveloppe sera répartie en deux volets. Un premier volet de «100 MEUR» sera dévolu aux «agroéquipements» (développement des serres décarbonées et abris froids, robotisation, automatisation, équipements économes en eau...). Un deuxième volet du même montant sera dédié à «la recherche et l'innovation» et pourra financer une «panoplie» de sujets possibles (insectes stériles, alternatives aux produits phytosanitaires, renouvellement et modernisation des vergers...). Les fonds seront issus «en grande partie» du plan d'investissement France 2030, a précisé le ministre de l'Agriculture. Cette enveloppe sera par ailleurs complétée des co-financements des professionnels via les appels à manifestation d'intérêt.

«Objectif à dix ans»

Interrogé sur la durée totale du plan (qui concerne également la filière pomme de terre), Marc Fesneau a répondu être «sur un objectif à dix ans. Au fur et à mesure des années [...] il faudra qu'on travaille avec d'autres acteurs qui sont importants, je pense aux régions et aux collectivités locales», a-t-il ajouté. Se voulant rassurant sur la concrétisation du plan, il a affirmé vouloir un «pilotage fin» dès les prochains jours.

Améliorer la protection des cultures

Durant la présentation du plan souveraineté, les services du ministère ont détaillé les quatre axes du plan et les actions à mener. Le premier axe vise à améliorer la protection des cultures. Pour cela, quatre leviers d'action ont été identifiés, a exposé la directrice générale de l'alimentation, Maud Faipoux. Le premier consiste à «recenser et anticiper les difficultés de court et de moyen terme» en s'appuyant sur une «cartographie» faisant «un état de lieux des usages plus ou moins sous tension, qui a vocation à être actualisé» et permettant de «planifier» des réponses pour les usages «en situation d'impasse ou sur le point de l'être». Le deuxième levier, envisagé pour le «court terme», consiste à «faciliter le recours à certains produits phytopharmaceutiques en attendant de développer des alternatives [...] : soit par reconnaissance mutuelle, soit par extension d'usage pour des cultures mineures ou encore en priorisant certaines évaluations». Les troisième et quatrième leviers consistent enfin à «développer des alternatives aux phytopharmaceutiques» et à «coordonner» les efforts de la recherche publique, privée et des instituts techniques.

Le deuxième axe du plan vise à dynamiser la consommation de fruits et légumes. Il est prévu de «sensibiliser» le public via «des campagnes de communication» ; de «renforcer l'éducation à l'alimentation» ; de consolider la place des fruits et légumes dans les projets alimentaires territoriaux (PAT) ; et d'optimiser le plan européen fruits et légumes à l'école.

Plus de compétitivité et de recherche

Concernant le troisième axe du plan sur l'amélioration de la compétitivité et l'investissement, plusieurs actions sont à mener au-delà de celles mentionnées par le ministre. Il faut notamment faire «un travail sur la relocalisation des outils de stockage, l'optimisation des chaînes logistique à l'aval, sur le conditionnement et la transformation», a exposé Philippe Duclos, représentant de la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE). Il faut également «renforcer la structuration et l'organisation économique de la filière» pour améliorer «la capacité à aller chercher des fonds européens à travers les programmes opérationnels», en particulier «dans les outre-mer». De plus, il faut renforcer la «capacité collective de suivi des indicateurs de marché», là encore «pour les filières ultramarines» mais aussi «pour les filières biologiques», a précisé Philippe Duclos. «Tous ces travaux s'inscrivent dans un contexte de nécessaire adaptation au changement climatique», a-t-il ajouté.

Le dernier axe du plan englobe la recherche, l'innovation, l'expérimentation et la formation. Le directeur général de l'enseignement et de la recherche, Benoît Bonaimé, a souligné la nécessité de «travailler sur des objectifs de reconception de systèmes de production» qui prennent en compte une complexité de problématiques, ce qui induit «des projets plus conséquents de R & D».

Il a annoncé le déploiement d'«une offre spécifique de formations, y compris de formation continue», avec un travail spécifique sur deux points : le «renouvellement des générations» et «les compétences de l'adaptation au changement climatique». Enfin, une «cellule d'animation» chapeautée par le CTIFL et l'Inrae permettra de «garantir que les travaux avancent» et «de faire travailler l'ensemble des acteurs ensemble, pour déposer les bons projets, au bon moment et sur les bons guichets».

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