L'Oise Agricole 16 avril 2020 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Restaurateurs et agriculteurs, au secours des soignants

Le mardi 14 avril, Charles-Édouard Barbier, restaurateur à l’Auberge Les Tilleuls à Heilles, a livré une cargaison de repas et de paniers remplis de produits locaux pour venir en aide aux personnels hospitaliers.

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Les aides soignants remercient et acclament l’effort porté par les restaurateurs et les agriculteurs. Parmi les producteurs pour les paniers : Pauline et Stéphane DUmont à Grémévillers, la ferme du Merlet à Canny-sur-Thérain, Jean-Marie Baudoin à Héricourt-sur-Thérain, Hervé Quéra à Espeaubourg et pour le savon au lait d’ânesse Elsa Sav’onissime à Dieudonné. (© D.) Sur les paniers made in Oise, des mots d’encouragements sont écrits pour soutenir les aides soignants. Une cagnotte solidaire leetchie a également été mise en ligne pouvoir offrir des repas issus de produits locaux, ré © D. Charles-Édouard Barbier et Audrey Legrand chargent le camion réfrigéré. © D.

Quel est le point commun entre l’Amap mon Bio Chou, Isagri, les Jeunes Agriculteurs de l’Oise, la FDSEA 60, la Chambre d’agriculture de l’Oise, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, Réagir, le Crédit agricole Brie-Picardie, Groupama, l’agglomération du Beauvaisis, Agora et Métro ? Un restaurateur du nom de Charles-Édouard Barbier. Après la fermeture de son restaurant labellisé Bistrot de pays, ce gérant et chef cuistot à l’auberge Les Tilleuls à Heilles a décidé de mettre en place une chaîne de solidarité pour venir en aide aux aides-soignants en leur proposant des plateaux repas made in Oise. «Lorsque l’on a appris que le restaurant devait fermer ses portes le 14 mars à minuit, c’était un vrai coup dur. Le lendemain, on ne comprenait pas trop la situation. Mais il fallait se ressaisir car notre chambre froide était pleine de produits périssables et en restauration, il est interdit de surgeler, on devait donc écouler notre marchandise.» explique Charles-Édouard. «Vu que l’on est fermé jusqu’à mi-juillet, on se posait la question à qui donner la marchandise ? En ces temps, difficile, cela a fait tilt. On a constaté que le Samu est débordé et que le personnel enchaîne les gardes avec peu de jours de repos. Il fallait donc les aider en cuisinant pour eux» poursuit-il.

De plus, l’entreprise Métro est venue fournir de la marchandise supplémentaire, mais elle n’allait pas pouvoir approvisionner sur le long terme. Les marchandises s’épuisent rapidement. Le restaurateur a donc cherché du soutien auprès de différents organismes agricoles. Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, et l’association Réagir ont décidé, via cette opération, d’aider les agriculteurs en difficulté «De nombreux producteurs ont perdu la majorité de leur revenu avec la fermeture des marchés et des restaurations collectives. Il fallait donc trouver une solution.» Jean-Marie Savalle, président d’Isagri, a également contacté Charles-Édouard Barbier afin que le groupe puisse aider les agriculteurs et les aides-soignants. «Cette chaîne solidaire s’est développée très rapidement, la Chambre d’agriculture de l’Oise s’est aussi greffée à l’aventure», se réjouit le restaurateur.

Une opération gagnant gagnant

L’idée de ce projet est double : aider les agriculteurs et le personnel hospitalier, que ce soit dans le département ou en dehors de l’Oise. Plusieurs partenaires financiers participent au mouvement, dont le Crédit agricole Brie-Picardie, Groupama, Agora, l’Amap Mon bio Chou et l’Agglomération du Beauvaisis. Ils viennent abonder un fonds pour acheter les produits aux agriculteurs pour qu’ensuite, le restaurateur puisse préparer les repas aux soignants. «Une à deux fois par semaine, j’envoie à Charles-Édouard les produits de la semaine. Par exemple, cette semaine, un producteur avait 60 lapins et une agricultrice 60 kilos de poireaux. Tout le monde est payé au juste prix. C’est donc solidaire envers les agriculteurs et solidaire envers les soignants. Et tout est gratuit au final pour les soignants» souligne Johanna Lomont, des Jeunes Agriculteurs de l’Oise. En ce qui concerne l’Amap Mon Bio Chou, cette action est une suite logique aux activités du groupe : «L’Amap a déjà vocation de mettre en relation les agriculteurs avec des consommateurs. Elle a donc le même rôle durant cette opération de solidarité. Cela permet aux agriculteurs d’écouler leurs produits. On fournit donc des paniers avec des produits locaux comme pain, miel, salade, poireaux, mais aussi du savon. Ce dernier, venant d’une productrice, est offert par Isagri. Il s’agit d’un geste symbolique, car les mains des aides-soignants sont abimées par les gels hydroalcooliques. De plus, on pourrait momentanément faire un contrat en plus pour les nouveaux agriculteurs en difficulté qui veulent adhérent à cette opération» affirme Audrey Legrand, présidente de l’Amap Mon Bio Chou.

Aujourd’hui, sept chefs restaurateurs du département de l’Oise ont rejoint l’aventure. Avec cet élargissement, ils peuvent fournir des repas sur l’ensemble des établissement hospitaliers que ce soit Clermont, Chantilly, Beauvais…

«On essaye de livrer tous les établissements comme la clinique des jockeys à Chantilly, les hôpitaux, les Ehpad, les pompiers. On va où on nous fait la demande. Tous les mercredis, je fais le point pour la semaine suivante, je centralise les commandes et chaque chef assure la livraison. Certaines entreprises nous ont fourni des camions réfrigérés pour livrer dans les meilleures conditions possibles. Selon les prévisions, à la fin de cette semaine, on aura fourni 1.350 repas. Notre objectif est de faire 2.500 repas par semaine. Ça serait pour nous une bonne vitesse de croisière en termes de production. Pour ça, il nous faudrait deux ou trois chefs de cuisines supplémentaires.» avance Charles-Édouard Barbier.

Concernant les plats, les restaurateurs font jouer leur imagination. Ils fonctionnent avec les produits locaux disponibles. L’essentiel est de garantir plat/dessert les plus savoureux possibles made in Oise. «Cependant, la difficulté que l’on a aujourd’hui est de maintenir nos restaurants fermés en assurant les paiements des charges fixes en n’ayant aucun revenu. Certains restaurateurs ont pris des boulots à droite à gauche, rien à voir avec la restauration, pour s’assurer un salaire» exprime le restaurateur. «Même si l’avenir de mon restaurant est incertain, on prend toutes les bonnes volontés, et si on peut valoriser les produits de l’Oise, cela serait génial. En termes de solidarité, on ne fait pas de distinction, l’idée est d’additionner les forces. J’ai entendu une phrase qui résume cette opération : plus on donne, plus on est heureux. Au moment où l’on reçoit des mails, des appels de remerciement, le bonheur est à son comble» conclut-il.

En tout cas, le milieu hospitalier lève le pouce et remercie cet acte de solidarité. «J’ai beaucoup de respect pour cette opération et j’affectionne cet amour et ce civisme à notre égard durant ces temps difficiles», déclare l’un des infirmiers.

Une participation collective

Une cagnotte solidaire leetchie a également été mise en ligne pouvoir offrir des repas issus de produits locaux, remuneres au juste prix aux producteurs, au personnel soignant de l’ensemble des hopitaux de l’Oise. 1 don de 5 € correspond a 1 repas ! Chacun participe du montant qu’il souhaite et tous les paiements sont securises. Le mercredi 15 avril, le montant s’élève à 625 euros. Vous pouvez la retrouver sur le site www.leetchi.com/fr/c/wmW7bMqr.

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