L'Oise Agricole 14 novembre 2024 a 07h00 | Par Vincent Fermon

Saint Louis Sucre baisse les surfaces 2025 pour donner la priorité au marché européen

La décision de la filiale française du groupe allemand Südzucker de concentrer sa production sur le marché européen a des conséquences sur les semis 2025 de betteraves.

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- © SLS

En ouvrant les portes de son usine de transformation de betteraves en sucre et son site de conditionnement high-tech de Roye (80) à la presse la semaine dernière - une première -, les dirigeants de Saint Louis Sucre ont profité de l'occasion pour établir un point de situation sur la campagne betteravière en cours.
Sans surprise, pour Saint Louis Sucre comme pour les autres groupes sucriers français, cette campagne est «atypique», selon Thomas Nuytten et pourrait être qualifiée de «moyenne» compte tenu «d'une richesse en sucre faible». Si la France est à la peine en termes de richesse, ce que vient de confirmer le ministère de l'Agriculture, ailleurs en Europe en revanche, «les rendements sont plutôt bons», à l'exception de la Belgique où la situation est comparable à la France. Si on ajoute à cela les exportations ukrainiennes de sucre vers l'Europe, la baisse de consommation en Europe ou encore l'augmentation de la production européenne au cours des trois dernières années, du côté de Saint Louis Sucre, on s'inquiète depuis quelques semaines d'un déséquilibre entre offre et demande qui pourrait impacter le prix payé aux producteurs de betteraves ; Saint Louis Sucre ayant la particularité de payer ses fournisseurs avec une référence au marché européen.

Baisse des surfaces 2025
Pour coller à ce contexte, Saint Louis Sucre a informé ses planteurs début octobre de son intention de réduire de 15 % les surfaces semées en 2025 via une enquête adressée à ces mêmes producteurs. Dans un courrier accompagnant cette enquête, Saint Louis Sucre dit vouloir «conserver la meilleure rémunération betteravière en 2025», ce qui passe selon Thomas Nuytten par le fait «d'orienter en priorité notre sucre vers le marché interne (...) et de limiter au maximum notre part à l'exportation». Pour SLS, il ne s'agirait donc que «d'ajuster la production de sucre 2025 aux besoins du marché domestique.»
Pour les syndicats betteraviers des Hauts-de-France, d'Île-de-France et de Normandie affiliés à la CGB, la réduction de 15 % des surfaces demandée par Saint Louis Sucre est néanmoins «drastique», et suscite des interrogations. En effet, pour la CGB, «une telle réduction des surfaces betteravières au niveau du groupe Südzucker serait insuffisamment efficace face au marché européen si cette orientation n'est pas partagée par tous les fabricants de sucre en Europe.» Or, rappelle le syndicat, «cette orientation n'est pas actée par certains producteurs de sucre en France et en Europe».

Nouvelles modalités contractuelles
Autre sujet d'inquiétude pour la CGB, le risque de voir les conditions du contrat proposé par Saint Louis Sucre être «dégradées». Le syndicat, dont plusieurs membres siègent au sein de la Commission de répartition de la valeur, s'interrogent sur l'arrêt de la corrélation du prix du sucre et de la betterave au-delà de 600 EUR/t, de la prise en compte du cours du marché mondial comme indicateur, de la perte du prix minimum de la betterave ou encore du changement de calcul du prix des betteraves excédentaires.
De son côté, le groupe sucrier assure vouloir tenir «une position prudente et responsable, tout en nous laissant collectivement la possibilité d'obtenir un meilleur prix en cours de campagne». Parmi ses engagements, que l'on peut lire dans l'enquête «surfaces» adressée aux planteurs, Saint Louis Sucre dit en effet vouloir «maintenir la prime de réalisation du contrat» ainsi que la possibilité d'un supplément de prix, une référence au marché européen et au cours mondial, tout en garantissant «un prix minimum de 23,54 EUR/t à16° betteraves entières qui sera complété en fonction des cours du marché». En dernier lieu, la filiale française de Südzucker explique vouloir proposer une valorisation des betteraves excédentaires, selon différents niveaux variant selon les volumes concernés. Mais force est aujourd'hui de constater que fabricant de sucre et planteurs n'ont pas la même lecture de mesures qui ne rassurent pas vraiment les membres de la Commission de répartition de la valeur (CRV) ; ces derniers déclarant par ailleurs ne pas comprendre le lien entre la modification des modalités du contrat pour 2025 et la question des surfaces.

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