Un constat préoccupant malgré des atouts
L’Assemblée permanente des chambres d’Agriculture (APCA) a organisé, le 27 novembre, un séminaire de réflexion sur l’érosion de la compétitivité de l’agriculture française et les défis à relever sur les différents marchés.

Alors que les parts de marché que détenait la France au début 2000 ont été divisées par deux en 2018, Thierry Pouch, économiste à l’APCA refuse de «pratiquer le langage de la déclinologie», car la France a de «puissants» avantages comparatifs. À la question : sommes-nous si mauvais en termes de compétitivité agricole ? L’économiste répond par deux chiffres clés. La France agricole est le troisième exportateur sur l’UE et reste le premier exportateur sur les Pays-Tiers. Si Thierry Pouch refuse de «pratiquer le langage de la déclinologie», c’est parce que la France, assure-t-il, a de «puissants» avantages comparatifs (capital humain, conditions géographiques, tissu territorial des PME, filières organisées, typicité des produits, diversité…) et des faiblesses «identifiées», dont les coûts de production. Le constat reste néanmoins «préoccupant» résume-t-il alors que la France a perdu son rang dans les exportations mondiales, que l’Allemagne exporte plus que nous et que nos importations ont augmenté de 96 % entre 2000 et 2018. Mais, le solde extérieur agricole de la France est «là» et les avantages comparatifs aussi.
Pertes sur le marché européen
La vraie question selon Thierry Pouch est celle de l’Union Européenne qui est devenue «un espace très concurrentiel à notre détriment». En effet, les produits français ne pénètrent pas les marchés de l’Est de l’UE. Ils sont importés par les pays du Sud de l’Europe. Même constat pour Philippe Chotteau, directeur du département économique de l’Idele, sur la filière laitière. «En 2014, à la fin des quotas laitiers, le solde commercial atteignait 4 milliards. Quatre années après nous sommes à trois milliards. On perd sur l’UE», explique-t-il. «Celle qui a gagné est la Pologne avec une stratégie d’augmentation des volumes de lait produits alors que la production de la France stagne», ajoute Philippe Chotteau.
Un manque d’ambition
Pour Daniel Sauvaitre, secrétaire général d’Interfel, «la France n’a pas choisi d’être compétitive. On nous parle de montée en gamme. Le message n’est pas de produire et d’exporter», regrette-t-il. Même critique du côté du Président de France export céréales. «Notre Etat n’a pas d’ambition à l’export, donc il ne faut compter que sur nous-même», souligne Philippe Heusèle. «Il nous faut faire de la qualité et de la quantité avec un large panel clients à l’export», résume-t-il. «Nous avons un potentiel pédo-climatique majeur, rappelle Daniel Sauvaitre. On doit pouvoir alimenter tous les marchés du monde». Avec ce préalable : «Dans un marché unique, il faut les mêmes règles pour tout le monde.»
Une concurrence faussée
«Il est évident que le problème de différentiels de standard existe sur la viande avec l’accord sur le Mercosur», explique Philippe Chotteau qui fait référence aux scandales sanitaires ayant secoué le Brésil depuis trois ans. L’agriculture française est aussi quelquefois une monnaie d’échange. «La viticulture est arbitrée (par le gouvernement) sur des sujets différents comme l’enjeu des panneaux voltaïques en Chine», rappelle Bernard Farges président du CIVB même si ce pays est «un magnifique aspirateurs de protéines», souligne François Le Fort, président de France-Poultry. Dans tous les cas, «l’export repose sur une stratégie», insiste Philippe Chapuis, directeur en charge de l’agro-alimentaire au Crédit Agricole. «Le problème de la marque France et de sa reconnaissance est plus important que les outils.» «On a un plafond de verre en France sur l’export», conclut Pascale Thieffry de Business France.
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