L'Oise Agricole 15 juillet 2021 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Un rendement au top, des doutes sur la qualité

Avec un temps de juillet anormalement pluvieux, la moisson 2021 se fait attendre, particulièrement par les agriculteurs. Dans certains secteurs de l'Oise, les tout premiers rendements sont corrects, mais la qualité reste en dessous des espérances.

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Les premiers escourgeons sont satisfaisants.
Les premiers escourgeons sont satisfaisants. - © m.tricoci

Entre sécheresse, gel, coup de chaud, averses, le temps est capricieux dans le département. Mais cela n'a pas empêché de démarrer timidement la moisson. Une moisson est dite «historique» et «atypique» du fait de son retard.

Contactée le vendredi 9 juillet, la coopérative Ucac avait récolté 500 tonnes d'escourgeon sur les 25.000 attendues. Selon ses dirigeants, «on part sur des problèmes qualitatifs. On retrouve même de la fusariose. Mais surtout, on pense que les taux de PS seront bas et ne correspondront pas à la demande. Cela s'explique notamment avec ce climat étonnant depuis plusieurs mois.» Cependant, la coopérative espère avoir des surprises en blé avec un beau potentiel.

Pour Agora, le potentiel de collecte est relativement bon. «Malgré les conditions climatiques difficiles de ces dernières semaines, avec des précipitations excessives dans certains de nos secteurs, pour le moment, nous maintenons un potentiel de collecte relativement bon, au-dessus de la moyenne des dernières campagnes, donc supérieur à 900.000 tonnes. Le potentiel du rendement des blés semble préservé, malgré une potentielle dégradation de la qualité liée à l'excès d'eau, et les premiers échos des rendements d'orges d'hiver sont au-dessus de la moyenne. La déception, cette année, sera certainement sur le rendement des pois d'hiver.»

Du côté de Valfrance, la coopérative n'a rentré pour le moment que les orges d'hiver. «La qualité est au rendez-vous et le rendement est au-dessus de la moyenne.»

Toujours à la même date du 9 juillet, Arvalis et Intercéréales estiment une prévision de rendement national en blé tendre de 74 q/ha en 2021, soit une hausse de 8 % par rapport à 2020 et 4 % par rapport à la moyenne des 10 dernières années. La teneur moyenne en protéines dans le blé tendre français atteindrait 11,6 % en 2021

Des agriculteurs dans le doute

En attendant le soleil, les agriculteurs sont dans les starting block. C'est le cas de Nathalie Leclerc, dans le secteur de Senlis-Chantilly, où elle prépare sa moissonneuse-batteuse afin de débuter les premiers hectares. Mais le doute persiste pour cette agricultrice sur la qualité de ses grains. «Sur mon exploitation, la quantité sera au rendez-vous pour l'orge et le blé, mais j'ai peur concernant la qualité... Par contre, concernant les pois, on est relativement bon. Je pense que cela va tourner en moyenne à 50 quintaux.» Dans le Valois, à Silly-le-Long, Guillaume Chartier est plutôt satisfait de la qualité de ses escourgeons avec 90 quintaux.

Ailleurs, à la ferme du Chassy, à Esquennoy, les inquiétudes persistent avec les intempéries annoncées. «Nous sommes pour le moment concentrés sur la partie maraîchage de notre exploitation. On n'a pas encore débuté la moisson. Avec les fortes pluies qui sont prévues, j'ai vraiment peur du rendement de mes escourgeons. De même, pour mes blés, qui étaient beaux. Les jours qui vont suivre vont être déterminants.»

Du côté du Trumilly, Louis Ferry se dit confiant pour ses rendements. «Je ne peux pas parler des colzas car c'est toujours difficile à prédire. Cependant, aujourd'hui, je pense qu'on aura des rendements supérieurs à la moyenne. Je crains tout de même pour la qualité et au taux de protéine. On commencera la moisson en milieu de semaine prochaine avec les beaux jours annoncés.»

Moisson régionale : une estimation à 89 q/ha en blé tendre

Entrecoupez les analyses établies par FranceAgriMer, par les services de la Draaf et par Arvalis concernant les surfaces de production, les conditions de culture et les prévisions de rendement pour la récolte 2021, et hop, voilà une estimation de la moisson à venir. C'était un des points abordés lors de la réunion du Comité régional des grandes cultures de la région Hauts-de-France, le 28 juin dernier. Les membres de ce comité, «au vu de leur expertise et de leur observation quotidienne du terrain», ont estimé que les prévisions de rendements moyens s'établissaient proches des moyennes quinquennales, autour des valeurs suivantes : 89 quintaux par hectare pour le blé tendre, 80 pour l'orge d'hiver, 67 pour l'orge de printemps, 34 pour le colza et 40 pour le pois. «Le comité souligne toutefois que des différences marquées sont à prévoir en fonction des zones dont la qualité des sols et le bilan hydrique sont sensiblement différents», est-il précisé dans un communiqué. Il rappelle également que chaque acteur de la chaîne de production, des agriculteurs aux maillons finaux en passant par les organismes stockeurs, doit se mobiliser pour veiller à préserver la qualité des différents lots récoltés.

Quant à la valorisation du blé tendre ? Sur la base d'une étude d'Intercéréales, le Comité a décidé d'engager des travaux sur l'adéquation entre l'offre et la demande pour la filière. «La localisation privilégiée et le potentiel de la région, tant au niveau quantitatif (20 % de la production nationale provient de la région) que qualitatif, sont des atouts majeurs pour répondre aux nombreux débouchés intérieurs ou internationaux.» Les sujets à creuser comprendront l'adaptation des semences en prévision des marchés futurs, ainsi que les questions de logistique, avec notamment l'aspect carbone à prendre en compte.

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