L'Oise Agricole 07 janvier 2022 a 15h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

«Une solution pour travailler en sécurité à proximité de notre élevage»

Voilà des années qu’une ligne moyenne tension de 20.000 volts surplombait le corps de ferme du Gaec de Croix Belle Fontaine, à Hannaches.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Éric et Nicolas Caron devant le seul poteau qui reste à proximité du corps de ferme : plus de fil au-dessus des bâtiments pour une meilleures maîtrise des risques électriques.
Éric et Nicolas Caron devant le seul poteau qui reste à proximité du corps de ferme : plus de fil au-dessus des bâtiments pour une meilleures maîtrise des risques électriques. - © Dominique Lapeyre-Cave

Grâce à la convention entre la profession agricole, les syndicats d’électricité de l’Oise et Enedis, une solution a pu être trouvée et des travaux réalisés. «La ligne passait depuis plus de trente ans au dessus des bâtiments d’élevage, à trois mètres du distributeur automatique de concentrés. Avec les camions qui venaient livrer régulièrement des aliments et nos bennes de plus en plus grosses et donc qui montaient très haut lors du déchargement, je voyais bien que cela devenait dangereux et j’avais toujours peur à l’arc électrique», témoigne Éric Caron, membre du Gaec. Son fils Nicolas, alors président de JA 60, se renseigne sur les possibilités de travaux mais y renonce, vu les prix exorbitants annoncés. «Le dossier est resté sans suite jusqu’à ce que je sois contacté par Éric Demazeau, conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Oise, et Hervé Nicaise, conseiller prévention risques à la MSA de Picardie. Ils sont venus sur place pour se rendre compte de la situation», poursuit l’exploitant. Il s’agit de donner une suite et surtout une application concrète sur le terrain à une convention signée par le Syndicat d’énergie de l’Oise, le Syndicat des énergies des zones Est de l’Oise d’une part et la FDSEA, la Chambre d’agriculture, la Mutualité sociale agricole de Picardie, Enedis et la Sicae Oise d’autre part. Ce document vise à recenser les situations de risques sur les exploitations agricoles et, grâce à des concours financiers, à permettre les travaux pour les diminuer. «Dans le même temps, Enedis avait fait des contrôles par drone de la ligne et avait repéré les risques sur l’exploitation», ajoute Éric Caron. Le constat était partagé par tous. Restait à imaginer des solutions. «La première idée a été de rehausser de 12 à 15 m le poteau à côté du distributeur de concentrés. Mais comme le corps de ferme est de part de d’autre d’un vallon, cela ne réhaussait pas beaucoup le fil. Ensuite, il m’a été proposé de déplacer le poteau, mais cela supposait de couper des arbres que j’ai plantés pour l’insertion paysagère du corps de ferme et cela m’ennuyait.»

Une solution satisfaisante

Il convient de préciser que le contexte d’Hannaches est compliqué : un village en bord de vallon avec un ruisseau qui coule au fond, du relief, des bâtiments d’exploitation importants, la proximité du château. Enedis dresse des plans, imagine des solutions qui ne conviennent pas jusqu’à ce que s’impose l’évidence. À proximité, depuis des années, a été enfouie une ligne qui traverse Hannaches et il suffit alors de creuser pour raccorder cette ligne au corps de ferme. «Cela supprimait totalement la ligne aérienne au-dessus du corps de ferme et il y avait juste à rejoindre en sous-sol la ligne déjà enfouie, c’était le plus simple et surtout le moins coûteux», se réjouit l’exploitant.

De fait, les travaux sont chiffrés à 22.000 euros dont une grande partie est prise en charge par les partenaires de la convention. Ne restent que 5.000 euros à charge pour l’exploitant, que la MSA abonde pour 1.800 euros. Tous les membres du Gaec ont accepté de payer au final 3.200 euros pour supprimer les risques électriques et ainsi pouvoir faire évoluer l’exploitation sans être bloqués par l’aspect sécurité. Les travaux ont été réalisés entre avril et juillet 2021. Résultat : ne subsiste qu’un seul poteau extérieur où aboutit la ligne enterrée qui dessert le corps de ferme et les arbres n’ont plus besoin d’être taillés autour du passage du fil totalement supprimé puisque l’ancienne ligne a été démontée. «Je suis vraiment très satisfait de l’accompagnement de la Chambre d’agriculture de l’Oise et de la MSA de Picardie. Après tant d’années, le dossier a enfin abouti et c’est autant de risques en moins pour nous qui travaillons tous les jours dans ce corps de ferme», sourit Éric Caron. Faire bouger les lignes (électriques !), ce n’est pas impossible.

 

Agir en amont du risque électrique

Le risque électrique est présent sur de nombreuses exploitations de l’Oise. Dans la grande majorité des cas, il s’agit de lignes électriques qui traversent les parcelles ou qui longent les abords immédiats du corps de ferme.

La Chambre d’agriculture de l’Oise, la FDSEA de l’Oise, Enedis Picardie, la Mutualité sociale agricole de Picardie, SE 60, le Sezeo et la Sicae Oise viennent de signer une convention dite de «partenariat et d’actions de maîtrise des risques électriques aux abords des exploitations agricoles». Celle-ci a pour objectif de mettre en œuvre la mise en sécurité des corps de ferme vis-à-vis d’une ligne électrique (enfouissement, déplacement d’ouvrage…) par un co-financement tripartite : un tiers SE 60 ou Sezeo, un tiers Enedis ou Sicae Oise et un tiers à la charge de l’exploitant agricole : la MSA Picardie verse une subvention à l’exploitant à hauteur du tiers de la part restante à sa charge. Au final, l’exploitant agricole règlera environ un cinquième du coût total des travaux d’aménagements. Cette opération, qui fonctionne dans les département de l’ancienne région Picardie, est la prolongation d’un partenariat signé en 2011 entre ERDF et la FNSEA et ERDF et l’APCA.

Déroulement

Vous pensez être dans une situation à risque ? Contactez la MSA de Picardie (Hervé Nicaise) ou la Chambre d’agriculture de l’Oise (Éric Demazeau). Une visite de terrain sera réalisée avec les partenaires de la convention concernée en fonction de votre commune. Au regard de la gravité des risques, un devis pourra être établi. Si celui-ci est accepté par l’exploitant agricole, le dossier est présenté en comité de pilotage (1 à 2 comité par an en fonction du nombre de dossiers).

Contacts :

  • Éric Demazeau, chargé de mission Chambre d’agriculture de l’Oise

Tél. 03 44 11 44 67

eric.demazeau@oise.chambagri.fr

  • Hervé Nicaise, conseiller en prévention des risques professionnels MSA Picardie

Tél. 06 26 23 42 52

nicaise.herve@picardie.msa.fr

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,