L'Oise Agricole 15 septembre 2022 a 09h00 | Par D.A.

«Vous êtes en train de tuer les éleveurs laitiers»

Le mardi 13 septembre, une action coup de poing a été menée par les jeunes agriculteurs de l'Oise et la section lait de la FDSEA 60. Une vingtaine d'agriculteurs sont allés dans les rayons de quatre supermarchés de Beauvais pour dénoncer le faible prix du lait vendu aux consommateurs.

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L'association Solaal a récupéré les briques de lait récoltées pour les distribuer aux plus démunis.
L'association Solaal a récupéré les briques de lait récoltées pour les distribuer aux plus démunis. - © D.A.

«Comment fait-on pour vivre ou nourrir nos enfants ?», «vous tuez tout un métier, toute une vie !», «les questions de pouvoir d'achat concernent aussi les paysans, on n'est plus en mesure de vivre de notre travail», voilà ce que l'on pouvait entendre des rayons lait des grandes distributions de Beauvais. Déterminés, les vingt producteurs ont mené une action coup de poing à Auchan, Intermarché, Carrefour et Leclerc Drive à Beauvais. Ils sont venus contrôler les étiquettes de prix de toutes les bouteilles de lait demi-écrémé. Si elles étaient proposées à moins d'un euro, les bouteilles étaient retirées du rayon. Lorsque cela était impossible, les producteurs collaient sur les bouteilles une étiquette avec la mention «Je suis éleveur, je meurs. Producteur en colère». Le constat est là, les producteurs ont vu avec aberration des prix descendant jusqu'à 74 centimes la bouteille de lait demi-écrémé... «On voit que les GMS ne jouent pas le jeu de la loi Egalim. Ils ne respectent pas le coût de production et l'augmentation des prix. On entend partout qu'il y aura une pénurie de beurre et de lait... Ils auront raison... Il s'agit d'une réalité ! Les producteurs sont en train de jeter l'éponge. On bosse comme des damnés pour au final n'avoir aucune rémunération, on a les boules ! Avec les étiquettes, nous voulons sensibiliser les consommateurs sur les produits qu'ils souhaitent acheter. L'agriculteur met de sa poche lorsque l'on voit du lait demi-écrémé à moins d'un euro. Il faut être juste et mettre le produit à un euro minimum.» explique Gwenaëlle Desrumaux, présidente des Jeunes Agriculteurs de l'Oise.

Dès lors, dans l'une des grandes distributions, les producteurs sont ressortis avec six caddies remplis à ras bord de briques de lait. Ils ont même déversé une benne de fumier devant le Leclerc Drive. «Il est inadmissible de trouver du lait dans les GMS à moins d'un euro. Aujourd'hui, nous sommes payés en moyenne à 400 euros des mille litres, il nous faut au minimum 500 euros des mille litres dans les exploitations pour pouvoir continuer notre métier. Nos charges explosent, beaucoup d'entre nous ne vont pas tenir le coup notamment les jeunes agriculteurs. On sait depuis des années que l'on perd des élevages dans le département et cela s'accentue à vitesse grand V. Nous venons de subir une sécheresse provoquant une augmentation considérable sur nos coûts de production. Qui produit le lait ? c'est nous ! Le producteur laitier fait vivre le territoire et entretient le paysage. Après cette action dans le calme, on espère qu'ils seront à l'écoute. On prêche toujours pour la bonne foi ! Si cela ne change rien dans les prochains jours, on recommencera avec des moyens différents et des actions plus importantes.» exprime Pascal Foucault, membre de la FDSEA 60. Le lait, à moins d'un euro récupéré, a été livré à l'association Solaal Hauts-de-France qui se chargera par la suite de redistribuer aux plus démunis.

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