L'Oise Agricole 05 décembre 2020 a 11h00 | Par JCD

La luzerne déshydratée et ses empreintes positives

La filière luzerne déshydratée, dont les empreintes environnementales sont désormais positives en carbone et énergie, fait figure de «bon élève» en vue du plan protéines végétales, estime La Coopération agricole.

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Pour Éric Guillemot, directeur de la section déshydratation de la Coopération agricole, «la relance des protéines en Europe, c'est d'abord une problématique d'attractivité économique des cultures de luzerne, pois, soja, etc.».
Pour Éric Guillemot, directeur de la section déshydratation de la Coopération agricole, «la relance des protéines en Europe, c'est d'abord une problématique d'attractivité économique des cultures de luzerne, pois, soja, etc.». - © Pixabay

«Nous méritons le soutien public de l'administration dans un plan protéines», estimait Éric Guillemot, directeur de la section déshydratation de la Coopération agricole, le 23 novembre. Cette affirmation s'appuie sur une mise à jour par l'Inrae de l'analyse du cycle de vie de la luzerne, qui prend en compte des techniques de récolte améliorées (préfanage au champ), des process industriels devenus moins énergivores (baisse des températures de déshydratation) et l'utilisation d'énergies renouvelables (bois, miscanthus). Contrairement à la précédente étude, le bilan énergie apparaît positif : il est en 2018-2019 de + 1,2 giga joules par tonne produite contre - 3,6 en 2006-2007. Autrement dit, la quantité d'énergie contenue dans une tonne de luzerne déshydratée dépasse celle consommée pour l'obtenir. Le bilan carbone s'améliore quant à lui, grimpant à + 391 kg/t contre + 218 kg/t. «Ne nous jugez pas comme étant de grands consommateurs d'énergie», demande Éric Guillemot, pointant à l'inverse le stockage de carbone via la luzerne déshydratée.

Un problème d'attractivité économique

Se considérant comme «de bons élèves», les acteurs de la filière réclament leur part du plan protéines. «La relance des protéines en Europe, c'est d'abord une problématique d'attractivité économique des cultures de luzerne, pois, soja, etc.», défend Éric Guillemot. Car l'amélioration de l'empreinte environnementale a nécessité «des investissements considérables», selon lui. Pour l'industriel, utiliser de la biomasse coûte «beaucoup plus cher que le charbon». Cette augmentation des coûts de production n'est pas valorisée sur le marché, elle ampute le revenu des agriculteurs. La Coopération agricole Luzerne de France espère donc un coup de pouce du plan protéines. Mais également du plan de relance : «Nos investissements environnementaux doivent en bénéficier.» La filière fonde aussi ses espoirs dans la Pac. «On doit obtenir une rémunération des aménités positives de la luzerne dans le cadre du Plan stratégique national», déclare Éric Guillemot. Aujourd'hui, deux mécanismes favorisent le maintien de la production déshydratée (68 000 ha). Les surfaces d'intérêt écologique (SIE), parmi lesquelles la luzerne, donnent droit au «paiement vert» de la Pac. L'actuel Plan protéines, démarré en 2014, prévoit une enveloppe de 8 ME sous forme d'aide couplée aux légumineuses fourragères destinées à la déshydratation. Problème, la nouvelle Pac ne prévoit pas de maintenir les SIE. Quant à l'aide couplée, son avenir reste incertain. D'où l'inquiétude du secteur, confronté cette année à «une des pires récoltes depuis plus de vingt ans», en baisse de «près de 17 %» à cause de la sécheresse.

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