L'Oise Agricole 30 juin 2021 a 17h00 | Par Dorian Alinaghi

Le Cese, considéré comme «la chambre du temps long»

Christophe Grison, président de la coopérative Valfrance et d'Adivalor, renouvelle sa mandature de cinq ans au sein du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Troisième chambre après l'Assemblée nationale et le Sénat, il nous explique l'intérêt de ce Conseil souvent méconnu, mais primordial.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Christophe Grison
Christophe Grison - © D.

Une nouvelle mandature du Cese démarre pour 5 ans. Pouvez-vous nous rappeler qui compose le Cese et quelles sont ses missions ?

Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) est une assemblée constitutionnelle française composée de représentants de la société civile (patronat, syndicats, associations). Il a une fonction consultative. Saisi par le gouvernement ou le parlement, il donne son avis sur les projets de loi, d'ordonnance, de décret, sur les propositions de loi ou toute question d'ordre économique, social ou environnemental. Il peut par ailleurs, de sa propre initiative (auto-saisine), appeler l'attention du gouvernement et du parlement sur les réformes qui lui paraissent nécessaires. Les 175 membres du Cese se répartissent en 19 groupes selon leur appartenance socioprofessionnelle (par exemple, les entreprises, les associations, l'agriculture ou encore la coopération). Les groupes sont un espace dédié à l'élaboration de points de vue collectifs, basés sur une affinité d'idées et d'intérêts. Ils sont ensuite exprimés au sein des huit commissions de l'institution. Les périmètres de travail de ces commissions sont ceux des grands enjeux de notre société : affaires sociales et santé ; économie et finances, territoires, agriculture et alimentation... Chaque conseiller peut siéger dans une ou plusieurs commissions. Les commissions sont chargées de préparer les avis, rapports et études : ce sont les chevilles ouvrières du Cese qui produisent tout au long de la mandature les constats et préconisations qui visent à éclairer les pouvoirs publics.

À quel titre y siégez-vous ? Êtes-vous le seul représentant agricole ?

Président de la coopérative céréalière et semencière Valfrance (Oise), je suis membre du Cese au titre de La Coopération Agricole, organisation professionnelle qui promeut le modèle des coopératives agricoles françaises. J'ai siégé trois ans avec Hervé Davesne, ancien président des Jeunes Agriculteurs de l'Oise. Je fais partie du groupe de la Coopération que je préside pour la deuxième fois. Les autres membres du groupe sont Jacques Landriot, président de la Confédération générale des Scop et SCIC, et Olivier Mugnier, représentant de la Fédération nationale des coopératives HLM. Bon nombre de mes collègues conseillers issus du monde agricole (FNSEA, APCA, JA...) ont choisi de siéger au sein du groupe de l'agriculture.

Comment travaillez-vous au sein du Cese ?

Mon rôle au Cese est de porter, valoriser et défendre le modèle coopératif dans l'ensemble des travaux auxquels je participe. Pour cela, je participe aux réunions de travail hebdomadaires des Commissions «Territoire, agriculture et alimentation» et «Travail et emploi». Pour la première commission citée, elle est compétente dans les domaines de la décentralisation, du développement territorial et de l'accès aux services publics, de la planification et de l'organisation territoriales, de l'aménagement du territoire, de la ruralité, de l'urbanisme et du logement, des équipements collectifs, des transports, des communications, du tourisme, de l'égalité et de la solidarité territoriales, des productions agricoles, halieutiques, aquacoles, sylvicoles et des filières agroalimentaires, des coopératives agricoles, de la sécurité alimentaire.

La deuxième commission, quant à elle, est compétente dans les domaines des relations de travail, de la politique de l'emploi, dont la prospective et les reconversions, de l'organisation, du contenu, de la qualité, des nouvelles formes de travail, de la mobilité professionnelle, des conditions de travail, de la conciliation des temps de vie, des droits des travailleurs salariés et non-salariés, de la formation professionnelle et tout au long de la vie. En fonction des sujets de saisine, j'enrichis les débats de ma sensibilité coopérative (économie sociale et solidaire). Pour porter plus spécifiquement les enjeux agricoles, je suis en relation étroite avec mes collègues du groupe de l'agriculture qui participent comme moi-même aux travaux de la Commission territoires, agriculture et alimentation

Sur quels dossiers le Cese est-il amené à donner ses avis ? Quels est leurs poids ?

De par la diversité de ses formations de travail, le Cese travaille sur des sujets très variés. Les dernières publications portent par exemple sur la «pêche durable en mer face au changement climatique», la «redynamisation de nos centre-villes et nos centre-bourgs», la «sylviculture durable», les «reconversions professionnelles» ou les «investissements nécessaires pour l'avenir». Comme je vous le disais, le Cese a une fonction consultative. La portée de ses avis varie selon les sujets. Ce qui est important, c'est que la société civile ait un lieu d'expression et de travail concerté pour donner son avis au gouvernement et apporter sa pierre à l'édifice dans l'élaboration des politiques publiques.

Quels messages souhaitez-vous faire passer aux autres membres du Cese en tant que représentant agricole ?

Je n'ai pas de message spécifique à adresser aux membres du Cese, mais mon état d'esprit est très clair pour cette nouvelle mandature. Comme bon nombre de mes collègues conseillers, je veillerai à ce que toutes les composantes de notre société soient prises en compte dans les débats et travaux qui nous mèneront.

Nos travaux doivent être constructifs. C'est ainsi qu'ils auront le plus d'utilité et d'impact. Pour cela, il s'agit de favoriser l'écoute, écouter pour mieux prendre en compte les réalités des uns et des autres et les conjuguer efficacement aux enjeux de notre époque. Prenons l'exemple de la transition écologique (urgence climatique, enjeux environnementaux...) qui nous tient à coeur dans le monde agricole, et à LCA : il y a nécessité à la mener dans tous les secteurs d'activité. Mais cette réflexion et les recommandations qui en découlent, doivent prendre en considération les différentes facettes du sujet : de quoi a-t-on besoin pour mener ces transitions ? Quelles sont les innovations porteuses ? Comment déployer des solutions efficaces dans les champs et les usines, ainsi que les bonnes pratiques sur l'ensemble de la chaine alimentaire ? Comment, dans le même temps, améliorer le revenu des agriculteurs, continuer d'assurer l'activité et la compétitivité des entreprises, des filières ? Maintenir l'emploi sur les territoires ? C'est à toutes ces questions que nous devons répondre en même temps si nous voulons mener réellement les transitions. C'est un tout, il faut penser global et collectif où tout le monde a un rôle à jouer ! Le Cese est la «chambre du temps long», nous devons veiller à ce qu'elle prenne toujours la hauteur nécessaire pour remplir au mieux son rôle de vigie, d'éclaireur avisé des pouvoirs publics.

Le Cese en bref

  • Les formations de travail se réunissent a minima 1 fois par semaine
  • Les séances plénières ont lieu a minima 2 fois par mois
  • Le Cese a publié 156 travaux (avis, études, résolutions) au cours de la dernière mandature (2015-2021).

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,