L'Oise Agricole 31 octobre 2017 a 13h00 | Par Patricia Olivieri

La viande bovine, grande cause nationale

S’il dresse un premier bilan positif de la démarche Éleveurs & engagés, Bruno Dufayet souligne que plusieurs chantiers - dont celui de l’export et du pacte sociétal - doivent avancer de front.

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«On attend que l’État porte la production bovine comme un étendard de la production française au même titre qu’Alstom ou Airbus.»
«On attend que l’État porte la production bovine comme un étendard de la production française au même titre qu’Alstom ou Airbus.» - © P. O.

La FNB a fait de la démarche Éleveurs & engagés un des leviers de reconquête des prix et d’amélioration du revenu des producteurs. Quel en est le premier bilan ?

Nous sommes aujourd’hui sur une moyenne mensuelle de 5 500 vaches(1) abattues, soit 25 % du potentiel. Sur les six premiers mois, ce sont plus de 9 millions d’euros qui sont ainsi arrivés sur le compte des éleveurs. La démarche va continuer à monter en puissance avec des actions de communication et de nouvelles rencontres avec la grande distribution pour accroître les volumes. On est également en train de formaliser un engagement avec le syndicat des bouchers. Et on va lancer prochainement un site internet qui fournira des in-formations sur les éleveurs, leur travail, les points de vente... avec l’ambition d’être à terme très interactifs. Il y a parallèlement tout un travail de communication dans la presse autour du logo Éleveurs & engagés et sur le principe équitable associé à cette démarche. Sachant que dès son origine, on ne s’est pas positionné en concurrence des labels. D’ailleurs, on finalise un travail avec Fil rouge, la fédération nationale des labels, pour continuer à positionner le label rouge sur le premium. Ce qu’on peut dire aujourd’hui, c’est que les États généraux de l’alimentation où le prix payé aux producteurs est annoncé comme une priorité nous confortent dans le fait que notre démarche est bien en phase avec les enjeux du gouvernement et l’ambition de maintenir une production française.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ces États généraux ?

Faire prendre conscience que, comme pour tout secteur d’activité, l’éleveur doit couvrir ses coûts de production. Aujourd’hui, on a un déficit de 80 centimes d’euros en moyenne par kilo de viande, quelle que soit la catégorie. Si rien ne change, on va droit à l’échec. Il faut donc que la construction du prix se fasse en partant du coût de production de l’éleveur et non d’un soi-disant prix acceptable par le consommateur pour, in fine, laisser les miettes aux producteurs. A partir de là, on doit ajouter la marge de chaque maillon en toute transparence et je ne suis pas sûr que cela génère beaucoup de hausse du prix à la consommation. L’Observatoire des prix et des marges l’illustre bien. Nous attendons de même une totale transparence dans les contrats tripartites. Dans le cadre des États généraux, un gros travail est en cours sur l’encadrement de ces contrats et la notion de prix minimum en dessous duquel les producteurs ne couvrent plus leurs frais. On espère y arriver par la loi ou par un contrôle de l’État. Plus globalement, on attend de la part du gouvernement une impulsion forte à Bruxelles pour que soit activée l’exception agricole au droit de la concurrence qui empêche des accords sur les prix et de générer des dynamiques de filière.

L’autre levier porte sur la demande. On attend toujours la réouverture de la Turquie...

Nous sommes toujours dans la logique d’aller chercher de nouveaux marchés ou d’en rouvrir. On a plutôt de bonnes perspectives sur l’Algérie et la Turquie. Sur la Turquie, de gros contrats sont en cours de signature pour exporter de la viande bovine. C’est une opportunité que les opérateurs de l’aval doivent saisir et bonifier pour apporter un bol d’air à toute la filière. Une évolution du certificat sanitaire négocié avec Ankara pourrait aussi permettre de redonner accès à ce marché aux zones FCO. Dans le cadre des États généraux et de l’atelier dédié à l’export, nous voulons aussi faire entendre que l’État doit être un vrai partenaire de l’export français en mobilisant ses services, aujourd’hui en sous-effectif sur ce dossier. On attend, en outre, qu’il porte la production bovine comme un étendard de la production française au même titre qu’Alstom ou Airbus avec tous les ministères concernés.

La FNB entend aussi être très active sur les questions sociétales. De quelle façon ?

Avec l’ensemble de la filière, on s’engage dans un pacte sociétal, non pas pour un bel affichage, mais vraiment avec l’ambition de répondre à toutes les questions qui sont posées et aux attentes citoyennes. Nous menons cette démarche, encadrée par la norme Iso 26 000 qui confère une responsabilité sociétale, avec l’idée de travailler avec l’ensemble des parties prenantes de la viande : les acteurs de la filière, les consommateurs, les ONG environnementales, de défense du bien-être animal... C’est un travail de longue haleine, qui se veut durable. On se félicite de cet engagement à nos côtés de la filière, car c’est aujourd’hui un enjeu vital pour le renouvellement des générations en agriculture et pour l’acceptation sociétale de notre activité. On n’a pas assez pris conscience de la distance qui s’est créée entre une société de plus en plus urbaine et nos métiers dans le rural. Ce pacte a l’ambition de recréer des liens. Répondre à ces questions va devenir une de nos missions au même titre que nourrir les animaux ou récolter les fourrages.

 

1) Vaches de races à viande avec des critères d’âge, de poids, de classement et une maturation minimale des carcasses.

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