L'Oise Agricole 02 mars 2022 a 17h00 | Par Lucie Debuire, Vincent Fermon

Agriculteurs et visiteurs ont retrouvé «leur» salon

Jusqu’à dimanche, l’agriculture française, et régionale bien sûr, s’expose au Salon international de l’agriculture, à Paris. Les agriculteurs et leurs partenaires se sont retrouvés après deux années sans rencontres à cause du Covid. On laisse tomber les masques et place à la bonne franquette ! Ambiance.

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Le Sia reste un événement toujours aussi convivial.
Le Sia reste un événement toujours aussi convivial. - © T&t

Les couloirs du métro parisien ont repris leurs décorations de saison : les comédiens de théâtres parisiens ont laissé les planches aux agriculteurs pour une dizaine de jours, le temps du Salon international de l’agriculture (SIA).

Après avoir montré patte blanche, et son pass vaccinal, les allées du SIA accueillent les visiteurs pour un temps de retrouvailles sans masque. L’affluence ne s’est pas tarie. Toujours autant de personnes déambulent Porte de Versailles. «On est très contents de retrouver nos collègues de la région ou d’ailleurs, ça faisait deux ans que nous ne nous étions pas vus, s’enthousiasme un éleveur. On chouchoute nos bêtes la journée et le soir, on peut se retrouver pour faire la fête.» Une troisième mi-temps, où détente et échanges entre professionnels, qui manquait.

Des questions superficielles

Ce côté franchouillard, tant recherché par les visiteurs, n’a pas disparu, malgré le contexte morose. «On nous pose beaucoup de questions sur nos vaches, sur la race, l’origine, explique Nicolas Retaux, éleveur de rouges flamandes et fervent représentant de la race. On aborde très peu les questions économiques avec les visiteurs. Mais pour moi, le principal c’est de faire comprendre au grand public notre travail afin que les visiteurs se rendent compte de nos efforts pour qu’ils aient dans leurs assiettes de la viande de qualité.»

Le contexte tendu des négociations commerciales, des coûts de production élevés et le conflit russo-ukrainien sont des sujets qu’ils abordent davantage avec les élus locaux ou avec les journalistes. «Je pense que ce sont eux qui doivent relayer notre situation», estime un autre éleveur.

Une parenthèse enchantée

Non loin de là, l’enseigne Lidl, habituée du salon, signe à tour de bras des contrats tripartites avec les éleveurs français de porcs, de bœufs ou de lait.

Du côté du hall consacré aux produits régionaux, le cœur est encore plus à la fête. Nous avons eu une grande affluence samedi et dimanche, maintenant ça se calme un peu, constate Vincent Bogaert, brasseur. Les habitués, comme les visiteurs ponctuels, viennent toujours boire une bière sur notre stand, il reste un incontournable.»

Au stand du Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT), c’est l’affluence des grands jours. «Nous battons tous les records depuis le début de cette édition, révèle Sabrina Adam. Nous avons pour objectif de pérenniser la confiance des consommateurs envers nos produits.» Il faut dire que tout est fait pour attirer le client : concours, quiz... tout est fait pour connaître la pomme de terre.

Dans le hall 1, la fatigue se fait sentir chez les animaux et les éleveurs ce mardi. L’heure de la traite puis de la sieste a sonné… Pour la plupart des éleveurs, il faut être en forme pour cette dernière soirée au salon, car demain, ce sont d’autres races et d’autres éleveurs qui prennent le relais. «C’est bien beau de chouchouter notre vache pendant cinq jours, mais nous avons tout un troupeau qui nous attend à la maison !»

La Région se réaffirme au plus près des agriculteurs

Mardi midi, la Région Hauts-de-France avait donné rendez-vous sur son stand pour son inauguration. L’occasion, pour les élus, de revenir sur le contexte difficile qui touche actuellement le secteur agricole et de présenter les défis à venir pour l’agriculture régionale et la pêche.

«On va vivre une année compliquée», a déclaré Olivier Dauger, président de la Chambre d’agriculture régionale des Hauts-de-France. Si l’heure était à la fête pour l’inauguration du stand de la Région Hauts-de-France, le coeur n’y était pas forcément. Augmentation des charges, renouvellement des générations, coronavirus, guerre en Ukraine, agribashing et Brexit, qui impacte la filière pêche, le contexte est compliqué pour l’agriculture. Face à ces défis, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente des Hauts-de-France à l’Agriculture, a rappelé les investissements entrepris pour soutenir l’agriculture et assure que la Région «sera au plus près des filières, au plus près du terrain». Une proximité qu’Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Hauts-de-France, souhaite, notamment, pour la filière halieutique, car il existe «un décalage grandissant entre les exigences administratives, les politiques européennes et la réalité du terrain», a-t-il souligné.

«On continuera à se battre pour vous»

Olivier Dauger a cité ensuite quelques-unes des pistes possibles pour s’en sortir : l’économie circulaire pour favoriser l’autonomie énergétique, l’innovation tous azimuts, de la robotisation, à la génétique en passant par le numérique. C’est à Xavier Bertrand, président de la Région, qu’est revenu le soin de conclure les discours en condamnant l’attaque du stand de la FNSEA par les militants d’Extinction Rébellion dimanche 27 février. «Ils sont ici les écologistes, ce ne sont pas ceux qui ont démonté le stand de la FNSEA. L’agribashing n’a pas sa place dans les Hauts-de-France», en insistant sur la proximité de la Région avec les agriculteurs : «Ceux qui sont ici sont disponibles 365 jours sur 365 et pas seulement pour le salon (...) on continuera à se battre pour vous.»

Xavier Bertrand fustige les «technocrates» qui ont imaginé la future Pac

Mardi, au salon de l’agriculture, lors de la journée mettant à l’honneur la Région Hauts-de-France et ses productions, son président Xavier Bertrand s’en est pris à la future Pac ainsi qu’à la stratégie européenne Farm to fork. «Quels esprits stupides ou technocratiques ont pu prendre ces décisions alors que nous traversions tant de crises ?!», a interrogé Xavier Bertrand. La Pac, a souligné le président des Hauts-de-France et ex-candidat à l’élection présidentielle, «nous en avons besoin». Néanmoins, «il y a la question de la souveraineté (alimentaire, ndlr). C’est un combat à mener au regard de ce qui se passe en Ukraine. La Pac prévoit de mettre 4 % des terres en jachère. Et si on applique le Farm to fork, ça veut dire qu’il y aura de la décroissance. On devra produire 12 % de moins alors qu’il me semble que la population va augmenter et qu’on va avoir besoin de nourrir davantage de monde. Mais qui est cet esprit (…) capable de ne pas comprendre ce qu’est la marche du monde et de ne pas voir quels sont les besoins ?». Sous les applaudissements, Xavier Bertrand a assuré le monde agricole des Hauts-de-France du «soutien» du conseil régional pour «réussir la transition écologique», saluant sa capacité à s’adapter :

«Toutes les grandes mutations de la société, vous les avez acceptées, a dit M. Bertrand. Quand on vous a demandé de quitter les fermes pour aller en ville faire tourner les usines, l’agriculture a accepté. Quand on vous a demandé de changer de modèle parce qu’il fallait nourrir plus de monde, vous avez accepté. Maintenant, on vous demande de produire de manière écologique… alors que vous le faites depuis longtemps.» Pour cela, a-t-il ajouté, «il ne faut pas vous prendre pour des boucs-émissaires».

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