L'Oise Agricole 28 mai 2025 a 15h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

CGB 60 : «Pour maintenir la production, il faut nous en donner les moyens»

Organisée le 27 mai en ses locaux d'Estrées-Saint-Denis, la conférence annuelle de la CGB de l'Oise s'est penchée sur l'avenir de la production de betteraves.

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Alexis Hache, président de la CGB 60 et nouvellement de l’ITB, SéverineJeanneau, responsable des relations filière et environnement chez Corteva Agriscience et Franck Sander, président de la CGB France.
Alexis Hache, président de la CGB 60 et nouvellement de l’ITB, SéverineJeanneau, responsable des relations filière et environnement chez Corteva Agriscience et Franck Sander, président de la CGB France. - © DLC

Alexis Hache l'assène dès le début de la réunion : «Les betteraviers doivent sans cesse s'adapter aux conditions climatiques, réglementaires et au marché et, si le tout-chimique est désormais révolu, pour l'instant, impossible de faire sans dans l'attente de nouvelles solutions. Nous avons besoin d'innovation, de recherche et de lobbying pour que demain, des solutions nous permettent de continuer à produire.»

Décomplexer la chimie
Séverine Jeanneau, responsable des relations filière et environnement chez Corteva Science, rappelle l'ambition de la firme : apporter des produits qui assurent le succès des agriculteurs tout en  tenant compte des attentes sociétales. Pour cela, Corteva dépense 4 millions d'euros par jour en recherche et développement pour la protection des plantes et la génétique des semences. «À tous ceux qui pensent que les produits phytosanitaires sont créés et employés avec légèreté, je rappelle qu'il faut 13 ans pour homologuer une molécule et qu'en 20 ans, le coût nécessaire à l'homologation a été multiplié par 7 tant la procédure est lourde : 250 millions d'euros investis pour une molécule avec 700 études menées. 10 % concernent l'efficacité du produit, 50 % la toxicologie et 40 % son impact sur l'environnement. Un dossier d'homogation pesait 90 kg quand il était déposé en papier !» Selon elle, notre système d'homologation est le plus strict au monde et l'amélioration des molécules a conduit à réduire les volumes de phytos utilisés de 57 %, les doses par 8 et la toxicité par 10. Corteva attend d'ailleurs l'homogation d'un herbicide contre les chénopodes et mercuriales sur betteraves sucrières ainsi que celle d'un fongicide. 
Séverine Jeanneau plaide pour une plus grande souplesse de la procédure d'homologation des produits de biocontrôle et invite les agriculteurs à assumer l'utilisation des phytos. «Ne cachez rien, expliquez que ces produits permettent d'assurer la production et de nourrir la population. Sinon, on importerait des produits de moindre qualité ! Nous devons n'avoir qu'un seul discours face à nos détracteurs !»
Le collectif, c'est le mode de fonctionnement de l'ITB. «Avant leur sortie, nous testons en conditions réelles les phytos, proposons des ajustements d'utilisation aux firmes. Ce travail permet une meilleure efficacité et de garder les molécules plus longtemps. Nous effectuons également les demandes de dérogations auprès de l'Anses, comme celle du Movento», explique Alexis Hache, aussi président de l'ITB.

La Pac en vue
Alors que le rejet de la loi Duplomb vient d'être voté, Franck Sander brosse le contexte de guerre économique sur fond de souveraineté alimentaire. «L'acétamipride n'est pas le monstre décrié, c'est un produit utilisé par beaucoup dans la vie quotidienne sans le savoir». Le président de la CGB se réjouit du lobbying efficace qui a conduit au rejet de la loi, mais reste vigilant sur la suite. «Il faut du courage pour assumer ce que l'on fait.» Plus largement, il pointe les importations de sucre ukrainiennes heureusement revenues à leur niveau d'avant-guerre et la nouvelle Pac : «nous devons avoir les mêmes moyens de productions que nos voisins européens.»
Et Alexis Hache de conclure en plaidant pour une remise en route des prix d'intervention dans la future Pac. «Avec un coût de production de 3.000 EUR/ha, pour maintenir la filière, il faudra que la valeur soit équitablement partagée et que les risques pris par les agriculteurs soient couverts.»

Rétrospective 2024

1.457 planteurs dans l'Oise pour 33.343 ha, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023.
Rendement moyen : 75,1 t/ha à 16, en baisse de 7 %, mais supérieur à la moyenne des 5 ans ; rendement France à 80 t/ha.
Richesse de 16,7, inférieure aux 17°sur 5 ans.
Retard de trois semaines des semis, réalisés en moyenne le 14 avril.
Printemps et été humides, plus frais et moins ensoleillés, entraînant le développement de la cercosporiose et du milidiou.
125 à 135 j de campagne sucrière.
Une note de la CGB 60 a été adressée aux industriels sucriers pour faire le point sur la campagne et signaler les difficultés rencontrées : planning d'enlèvement, bâchage des silos, indemnités de début et fin de campagne...
Rencontres régulières avec la préfecture et la DDT pour la logistique. Vigilance pour les chargements en bordure de route, sensibilisation vers les planteurs et les industriels à la traversée des communes... la CGB 60 a joué un rôle de facilitateur dans la filière afin que les nuisances de la campagne soient les plus réduites.
La CGB 60 informe et communique auprès de ses adhérents : visioconférences avec l'ITB sur des sujets techniques, lettres d'information, prêts et achats de matériels, vente et conseil sur le choix variétal des graines...

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