L'Oise Agricole 06 janvier 2024 a 08h00 | Par ActuAgri

L'Académie de la Viande plaide pour «un débat éclairé et apaisé»

L'assemblée d'experts et de promoteurs de la viande a fêté ses 40 ans. L'occasion pour elle de rappeler, dans un manifeste, l'ancrage de l'élevage et de la viande dans l'économie et la culture mondiales et d'appeler à une réflexion apaisée sur les sujets de tension.

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Selon l'académie, «la consommation de viande et des autres produits animaux (lait, oeufs, miel) est consubstantielle à l'Homme, elle est universelle et a contribué à façonner nos modes de vie.»
Selon l'académie, «la consommation de viande et des autres produits animaux (lait, oeufs, miel) est consubstantielle à l'Homme, elle est universelle et a contribué à façonner nos modes de vie.» - © Pixabay

L'Académie de la viande, qui a célébré le 12 décembre dernier à Paris ses quarante années d'existence, en a profité pour publier un «manifeste» appelant «à un débat éclairé et apaisé sur la viande», dans un contexte de controverses à répétition sur l'élevage et l'abattage des animaux de rente.

Dans ce texte de quelques pages, la cinquantaine d'académiciens (professionnels des filières viandes, experts scientifiques, économistes, écrivains, journalistes...) présidée par le spécialiste aveyronnais de l'agneau Bernard Greffeuille, répondent à deux questions devenues récurrentes ces dernières années au sein des sociétés occidentales : «Peut-on élever des animaux et les tuer pour les manger ?» et «Faut-il continuer à manger de la viande ?»

Les productions animales, piliers de l'agriculture

Dans son argumentaire, l'institution fondée par le professeur Georges Chaudieu, créateur de l'École supérieure des métiers de la viande, relève que les injonctions à supprimer l'élevage des animaux domestiques ou à arrêter de consommer de la viande «se heurtent tout autant aux réalités économiques qu'aux habitudes de consommation». «Avec 60 % du PIB de la branche agriculture mondiale (FAO) et 40 % du PIB de la branche agriculture française (Insee), les productions animales sont un pilier majeur de l'agriculture», relève notamment l'Académie, qui souligne qu'au niveau mondial, «plus d'un milliard d'éleveurs, souvent les plus pauvres, tirent leurs revenus et leur alimentation de l'élevage».

La viande «n'est en aucun cas un accident ou une aberration dans notre évolution, encore moins un caprice des classes aisées des sociétés occidentales», poursuit l'assemblée d'experts. «Au contraire, la consommation de viande et des autres produits animaux (lait, oeufs, miel) est consubstantielle à l'Homme, elle est universelle et a contribué à façonner nos modes de vie, nos cultures et notre rapport à la nature».

Un message de liberté

Les académiciens n'en évacuent par pour autant les débats sur l'élevage et la viande et notamment sur leur impact environnemental, leur capacité à nourrir la planète ou encore les conditions faites aux animaux d'élevage. La modernisation de l'élevage et de l'industrie «a conduit à développer des techniques de sélection, d'alimentation et de confinement qu'il convient d'évaluer en termes de bien-traitance des animaux», reconnait notamment l'Académie qui appelle à une réflexion d'ensemble sur ces sujets «pour que les professions des productions animales anticipent et proposent à la société les contours de l'élevage de demain». En conclusion, l'institution entend porter un message de liberté («vous pouvez manger de la viande») et dit refuser «toute injonction ou interdit visant à bannir la viande de nos assiettes».

Cinq nouveaux membres et trois prix

Le quarantième anniversaire de l'Académie de la viande a été célébré au restaurant Le Boeuf couronné, dans le quartier de la Villette, naguère temple du marché de la viande à Paris, en présence de nombreuses personnalités de la filière. Parrainée par Christiane Lambert, présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles européennes (Copa), mais aussi éleveuse de porcs, la cérémonie a notamment vu l'intronisation au sein de l'Académie d'Agnès Mallet de Chauny, directrice du Veau d'Aveyron, de Gino Catena, directeur général d'Avigros, de Joël Merceron, directeur de l'Institut de l'élevage, de Pierre Oteiza, éleveur de porc basque et artisan charcutier, et enfin de Daniel Rizet, président du boeuf Charolais. Trois prix ont été remis par l'Académie de la Viande à cette occasion : le prix de la vulgarisation scientifique à Pierre Feillet, directeur de recherche Inrae, pour son ouvrage Pour une éthique de l'Alimentation ; le prix scientifique à Patrick Tounian, professeur en pédiatrie à l'hôpital Trousseau, pour sa publication Intérêt des produits carnés chez l'enfant et l'adolescent et enfin le grand prix 2022 à Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l'Institut Pasteur de Lille, pour son livre La joie de manger.

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