Malgré la baisse de consommation, Elvea 60 tire son épingle du jeu
Bilan 2022 somme toute honorable malgré le contexte de l'année écoulée. Néanmoins, des craintes se font sentir pour 2023, mais l'association a des projets sous le coude

«2022 aura été une année atypique. Janvier et février étaient dans la ligne de 2021, mais l'annonce de la guerre en Ukraine a totalement chamboulé le marché: des prix fortement en hausse et une consommation qui s'est quand même maintenue au départ, puis une baisse qui atteint 10 %», retrace Francis Camus, le président d'Elvea 60.
Côté Elvea 60, 105 éleveurs ont adhéré en 2022, contre 1216 en 2021. Parmi ces départs, 2/3 sont dus à des arrêts de l'activité d'élevage dans les exploitations. 9 acheteurs ont adhéré en 2022, un chiffre stable.
Parmi les magasins auprès desquels l'association commercialise des bovins, on dénombre une vingtaine d'Intermaché 52 éleveurs ont vendu 500 bovins), 6 centres Leclerc (106 bovins pour 25 éleveurs), 3 Carrefour (27 bovins pour 10 éleveurs) et 2 Auchan (45 bêtes pour 18 éleveurs). S'ajoutent assi des bovins commercialisés via les filières locales, comme celle montée avec Lidl. Cette dernière a écoulé 487 bonvins mais les éleveurs de l'Oise n'ont pas pu fournir 160 bovins, dont la commande a été finalement honorée par Elvea Hauts-de-France.
Globalement, tous les chiffres sont en baisse par rapport à l'année précédente. 245.000 euros de plus-values ont été dégagés pour 1.167 bovins (en baisse de 300 par rapport à 2021). 94 éleveurs livreurs sur les 105 adhérebnts ont été concernés par l'activité et 12 bovins par éleveur pour la filière locacle Lidl.
Il ne faut pas oublier la foire Sainte Catherine ou 14 éleveurs sont venus exposer 64 bêtes, toutes vendues, avec une plus-value de 35.000 euros.
2023 voit la baisse des volumes se confirmer, avec sans doute - 10 %. La filère Lidl a du mal à être approvisionnée, les engraisseurs ne s'y retrouvent pas financièrement et abandonnent.
Parmi les projets en cours, une nogociation avec un abattoir pour produire un steack haché Hauts-de-France. Les quartiers arrière seraient vendus en rayon boucherie et tous les avants passeraient en steack haché. Des vaches plus ordinaires trouveraient ainsi un débouché intéressant.
S'adapter à la demande
Christophe De Bruyne, directeur d'Elvea 60, insiste sur l'intérêt des acheteurs pour la limousine, plus légère, avec une rotation en rayon plus rapide, moins de pertes et plus de marge. Les habitudes de consomamtion changent, la viande rouge devient un achat plaisir et si la consommation s'est maintenue les deux premiers mois de 2022 malgré la forte hausse des prix, ce n'est plus le cas. «Ce sont les bouchers des GMS qui choisissent les bêtes, sachons répondre à leurs demandes.»
Elvea 60 a fini son exercide 2022 à l'équilibre grâce à l'aide des Conseils régional et départemental. Michaël Bussy, Jacques Moutailler, Jean-Marie Ramadier et Olivier Thomas, élus sortants et candidats, ont été réélus.

La décapitalisation du cheptel s'accélère
- 837.000 ! Voilà l'évolution du nombre de vaches en France depuis 2016, dont plus de la moité de races allaitantes (- 494.000). «S'il y a la volonté de réduire le cheptel, il suffit de laisser faire», sourit Maximin Bonnet, chargé d'études à l'Institut de l'élevage (Idele), en référence au récent rapport de la Cour des Comptes préconisant à la France de réduire son cheptel afin de tenir ses engagements climatiques. «D'autant que s'il n'y a pas de réduction équivalente de la consommation, on va supprimer de la viance française pour importer de la viande d'Amérique du Sud», poursuit-il. Ou comment prendre la pollution à Paul pour la donner à Jacques...
Si les créations en élevage allaitant apportent toujours autant de vaches que par le passé, ceux qui le restent en perdent (- 0,4 vaches par exploitation en moyenne). Il n'y a donc pas assez d'agrandissements pour compenser les arrêts, qui expliquent le gros des pertes de vaches. «Les installations s'appuient surtout sur la transmission familiale. Il y a peu de venues extérieures, car cela demande un fort investissement en capital et le métier attire peu».
Des arrêts massifs, menés par la démographie
Le peu de reprises hors cadre familial a pour conséquence un démembrement du patrimoine. Dans les zones intermédiaires comme l'Oise, on assiste à une réorientation de la production vers le végétal. Et la tendance n'est pas prête de s'inverser avec le vieillissement de la population des éleveurs. «On se situe à un taux de remplacement de 45 % dans la filière bovine, soit 4 installations pour 10 retraites. C'est entre mauvais et catastrophique», se désole Maximin Bonnet. «La démographie est un élément clef pour anticiper la décapitalisation». Les projections basées sur la démographie des éleveurs estiment un nombre de vaches laitières et allaitantes sous la barre des 3,15 millions d'ici 2030.
Un manque d'offre en broutards
Avec un recul de 4,1 % du nombre de naissances allaitantes sur la campagne 2022-2023 et des disponibilités en forte baisse (- 8 % de mâles allaitantes de 0 à 6 mois au 1er avril présents dans les élevages), l'offre se fait rare, favorisant un prix élevé (3,57 EUR/kg pour un mâle charolais U de 350 kg, soit 13 cts de plus qu'en 2022). L'italie reste la première destination des broutards français (858.000 têtes), mais accuse un recul de 5 % par rapport à 2021. Nos voisins italiens semblent refroidis par le manque d'offre et les prix élevés. À l'inverse, la hausse des prix du gaz et l'entrée en devise induite, ajoutée à une demande importante et une forte décapitalisation, a dynamisé nos exportations de 70 % vers l'Algérie. Conséquemment, on assiste à une réorientation des broutards vers l'engraissement français. De leur côté, les envois français de jeunes bovins finis sont devenus anecdotiques (22.000 en 2022).
En ce qui concerne le cheptel laitier, il poursuit sa décapitalisation amorcée en 2014 pour ne plus atteindre que 3,45 millions en janvier dernier. Ici aussi, le peu d'offre entraîne une hausse des prix (la cotation du veau mâle type lait de 45-50 kg a dépassé les 100 EUR en avril). Leurs exportations sont en hausse, notamment vers l'Espagne (342.000 têtes en 2022), tirées par les animaux croisés (53 %), au détriment des mises en place en France.
Quant aux importations de viande bovines, celles-ci sont en hausse (+ 23 %), En cause, la levée des restrictions pour les restaurateurs qui se tournent vers des origines UE moins chères (Irlande, Allemagne, Pologne). La part d'imports dans la consommation atteint les 23,1 % tandis que nos exportations de viande bovine sont en baisse vers nos clients historiques. L'inflation et la baisse du pouvoir d'achat font baisser la demande allemande et avantagent la concurrence espagnole.
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