L'Oise Agricole 09 avril 2020 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé, Dorian Alinaghi

L’élan de solidarité des agriculteurs de l’Oise

La crise du Covid-19 s’intensifie de jours en jours et les stocks de gants, combinaisons et de masques s’amenuisent. La FDSEA 60 a donc mené une action engagée afin de récolter tout ce matériel pour les donner gratuitement aux hôpitaux. De plus, d’autres mouvements solidaires des agriculteurs se multiplient.

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Le personnel du centre hospitalier de Beauvais s’est réjoui de l’action menée par les agriculteurs. (© Regis Desrumaux)  © D.  © Agence de presse

Les agriculteurs de l’Oise, comme la majorité des Français, ont voulu témoigner de leur soutien aux soignants. Et comme la solidarité n’est pas un vain mot, l’opération s’est rapidement mise en place et a été rondement menée. Dès le 2 avril dernier, la FDSEA a envoyé un SMS à ses adhérents leur demandant s’ils voulaient donner gants, masques ou blouses vétérinaires aux hôpitaux dont certains, comme celui de Beauvais, avait lancé un appel en ce sens.

Ni une ni deux, sous la houlette des présidents de SEA, des lieux de collecte ont été aménagés où chacun a pu venir déposer, en respectant les gestes barrière en vigueur, qui des gants, qui des masques ou des tabliers jetables. Simon Muller, président du SEA d’Auneuil-Beauvais, en témoigne : «J’ai demandé aux adhérents s’ils voulaient donner les matériels de protection que nous avons tous plus ou moins dans nos fermes. J’ai mis à disposition un local puis Régis Desrumaux, président du syndicat agricole, est venu chercher le tout pour le porter à l’hôpital de Beauvais».

Certains, comme Thierry Fraiture pour la Cuma du Sud-Ouest, ou Yvon Puissant, de Hautbos, ont acheté auprès de leur fournisseur habituel des gants pour les donner au personnel soignant.

D’autres ont eu un autre rôle à jouer, celui de transporteur comme Cédric Soenen, président du SEA du Pays de Thelle : «On m’a remis une dizaine de combinaisons à apporter à la Chambre d’agriculture, l’un des points de rassemblement pour les fournitures. Cela me paraît logique de venir en aide dans cette situation de crise. Le virus touche tout le monde et je pense que si je suis touché par cette maladie, les actions seront les mêmes à mon égard. Il faut tous se soutenir quoiqu’il arrive.» Les coopératives, dont l’Ucac, ont emboîté le pas et apporté aussi du matériel qu’elles détenaient en stocks : gants et masques notamment.

L’opération est toujours en cours sur la partie Est du département où il s’agit de collecter pour les hôpitaux de Senlis et Compiègne.

Des actions aussi dans les petites communes

Trois irréductibles agriculteurs, sensibilisés par la catastrophe sanitaire, familiale et économique provoquée par le Covid-19, ont décidé de se mobiliser pour amener un peu de réconfort aux personnes confinées et/ou privées d’emploi. Dès lors, les communes d’Autheuil-en-Valois et du Plessis-sur-Autheuil ont eu la chance de recevoir 350 colis de denrées alimentaires

«Contrairement à beaucoup de personnes, les agriculteurs ont la chance de pouvoir travailler pendant cette période de confinement, ce qui leur a permis de réaliser leurs semis de printemps. Ces semis sont la première étape, et elle est essentielle, à la production des denrées alimentaires. Les frontières sont fermées, mais les rayons des magasins sont encore fournis. Rien ne peut valoir plus que l’indépendance alimentaire, permise par des agriculteurs locaux. Accompagnés par nos partenaires qui nous ont fourni des denrées alimentaires à un coût raisonnable, nous avons fait le tour des habitations afin de venir en aide à la population.», explique Damien Heurtaut, agriculteur à Autheuil-en-Valois. Avec Alain Bizouard, de Gondreville, et Sylvain Collard, de Boursonne, ils ont pu récolter une quantité astronomique de produits alimentaires : 4 tonnes de pommes de terre, 1,3 tonnes de sucre, mille œufs et 600 kilos de farine. Afin de respecter les règles d’hygiène et les gestes barrières liés au virus, les colis ont été déposés devant la maison des habitants des villages. «Nous avons choisi des produits de proximité, tels que la farine et le sucre, issus de nos champs de blé et de betteraves, ou encore des pommes de terre et des œufs. La coopérative Valfrance nous a fourni la farine, Téréos et Saint Louis le sucre. Nous les remercions d’avoir participé à ce colis, qui nous l’espérons, amènera un peu de réconfort dans les maisons. Il faut garder un certain positivisme avec ces échanges et nous devons rester soudés et solidaire face à cette crise, ajoute-t-il. L’excédent de la collecte sera donné pour le personnel des hôpitaux ou maisons de retraite du secteur.»

Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, se réjouit de ces initiatives locales. «Le monde agricole montre ainsi ses capacités de réaction et sa solidarité envers les autres. Toutes ces actions, spontanées, plus ou moins organisées, offrent une image positive des agriculteurs, bien loin de celle des affreux pollueurs dont nous sommes parfois affublés !»

Drives horticoles : ouvertures dans l’Oise

La FDSEA de l’Oise a sollicité le préfet du département pour connaître les possibilités de dérogation à l’interdiction de circulation pour l’accès au point de vente des exploitations horticoles, suite à la publication du décret n°2020-293 du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. En effet, certains producteurs se trouvaient dans l’impossibilité de vendre leurs plantes.

Le préfet a accepté cette demande : «Pour autant, il ne sera pas fait obstacle à ce qu’un particulier, qui se déplace pour l’un des motifs valablement autorisés à l’article 3, puisse s’arrêter sur son trajet sur le site d’une exploitation horticole, dans le strict respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale, dites «barrières», définies au niveau national. Il ne pourra s’agir que de ventes ponctuelles de type drive suite à commandes préalables et à aucun moment d’un marché ou d’un lieu de rassemblement collectif.» Vous pouvez donc commander et aller chercher vos plantes chez l’horticulteur le plus proche de chez vous.

Les industriels agricoles fournissent du matériels

Fermés depuis près de deux semaines, le site de production de transmission de Gima et les chaînes de montage de tracteurs d’Agco à Beauvais abritent un stock d’équipements de protection individuelle qui ne servent pas du fait de l’inactivité. Seuls les opérateurs des pièces continuent à travailler sur l’imposant site industriel. Face à la pénurie de masques et de protections du personnel soignant débordé par l’épidémie du coronavirus Covid-19, Agco a décidé de faire don de 10.000 masques (chirurgicaux et FFP2), ainsi que des gants et des combinaisons, à l’hôpital de Beauvais. Ceci tout en assurant les règles d’hygiène strictes et les mesures de distanciation sociale nécessaires pour le personnel continuant à travailler sur site.

Des agriculteurs deviennent des professeurs

Depuis le mardi 24 mars, Vincent Guyot, un agriculteur de l’Aisne, a décidé de se servir de son activité pour devenir un professeur et proposer des cas concrets de problèmes mathématiques aux élèves confinés. Sur son compte Twitter, se filmant depuis son tracteur, il pose chaque jour un nouveau problème et publie ensuite la solution afin que les élèves puissent se corriger.

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