L'Oise Agricole 08 septembre 2022 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

«L'État doit entendre notre demande»

À l'appel de JA 60 et de la FDSEA de l'Oise, environ 150 agriculteurs se sont réunis vendredi dernier devant la préfecture de Beauvais. Ils demandent, depuis déjà de nombreuses semaines, une dérogation à l'obligation de semis des Cipan-SIE au vu du contexte météorologique de cet été 2022 qui rend difficile, voir impossible, tout travail du sol et hypothèque la levée des graines.

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Environ 150 agriculteurs de toute l'Oise étaient réunis ce vendredi 2 septembre à Beauvais, devant la préfecture, pour demander à pouvoir déroger à l'obligation de semis. La pluie faisait son retour pour l'occasion.
Environ 150 agriculteurs de toute l'Oise étaient réunis ce vendredi 2 septembre à Beauvais, devant la préfecture, pour demander à pouvoir déroger à l'obligation de semis. La pluie faisait son retour pour l'occasion. - © DLC

Les agriculteurs sont remontés contre l'administration qui, jusque là, est restée sourde aux demandes, pourtant insistantes, des responsables syndicaux. D'où cette volonté de montrer les muscles et faire comprendre que l'exaspération est forte chez les producteurs de l'Oise.

Ironie de l'histoire, il pleuvait quand les manifestants se sont déployés dans le calme devant la préfecture ce vendredi 2 septembre. Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise, a pris la parole pour redire ce qu'il ne cesse de répéter depuis de nombreuses semaines. Le contexte de l'année est particulier et l'administration doit faire preuve de pragmatisme. Certains secteurs ont reçu des précipitations, d'autres pas du tout. Il est parfois difficile de déchaumer et bon nombre d'agriculteurs hésitent à semer du colza ou des Cipan-SIE car le risque de casse de matériel est grand pour une hypothétique levée si des pluies abondantes et régulières n'arrivent pas derrière. «Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a écrit en ce sens au préfet de Région, tous les responsables professionnels nous soutiennent. Nous ne comprenons pas que l'administration ne veuille pas entendre raison», déplore Régis Desrumaux. Côté JA, Gwenaëlle Desrumaux et Julien Degry se lancent dans un cours de biologie végétale pour les nuls : des graines mises en terre dans des pots et arrosées ou pas. «Devinez lesquelles vont germer entre celles qui ont reçu de l'eau et celles qui sont dans le sec !» Au delà de la boutade, tous veulent démonter l'absurdité d'une réglementation qui, si elle a des fondements agronomiques, ne se justifie pas avec les conditions exceptionnelles de cette fin d'été.

Finalement, une délégation est reçue en préfecture et, pendant l'entrevue, Benoît Biberon, agriculteur et élu au Conseil départemental en charge de l'agriculture, rappelle que la non dérogation est vécue comme une punition par les agriculteurs déjà fortement touchés par la hausse généralisée des intrants et du coût de la main-d'oeuvre. «Nous ne demandons pas une aide financière, juste à ne pas appliquer une réglementation qui n'a aucun sens cette année. Cela ne coûtera pas un centime d'argent public.»

Au bout d'une trentaine de minutes, la délégation ressort et c'est un Régis Desrumaux tout sourire qui reprend le micro. «La préfète nous en entendus et nous avons convenu ce qui suit. Si, d'ici le prochain comité sécheresse qui aura lieu mardi 6 septembre, il n'est pas tombé 50 mm de précipitations uniformes sur le département, nous obtiendrons une dérogation de semis pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait. J'invite chacun à relever son pluviomètre d'ici là. Une parole est une parole. Par contre, jouez le jeu : si vous pouvez semer vos Cipan-SIE d'ici mardi, faites-le. Nous respectons la réglementation quand elle n'est pas dogmatique.» Plus que quelques jours avant de crier victoire ?

Cipan-SIE : dérogation au semis validée partiellement !

Lors du comité sécheresse du 6 septembre, l'Oise a obtenu partiellement la dérogation au semis des Cipan-SIE au vu de pluviométrie historiquement basse sur 641 communes du département. Il s'agit d'une belle victoire syndicale et un soulagement pour bon nombre d'agriculteurs en attente d'une décision qui paraissait évidente. Toutefois, la FDSEA de l'Oise et JA 60 poursuivent leur combat : il n'est pas concevable que cette mesure ne bénéficie pas à tout le département ! En effet, cette dérogation ne concernera pas pour le moment 40 communes, suite à un critère retenu par la préfecture, à savoir des données européennes sur l'humidité du sol. Sur ces communes, il n'y a pourtant pas eu plus de précipitations, comme nous l'a clairement démontré l'un des représentants de Météo France présent à ce comité sécheresse. «On marche sur la tête et l'administration monte une usine à gaz», s'agace Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60.

D'ores et déjà, des dossiers individuels sont en cours d'élaboration pour étayer les arguments de la profession, corroborés par les données de Météo France. Les préfecture de l'Oise et de Région préfèrent se fier à des données de Bruxelles (indice Edo, European drought observatory) ne tenant compte, ni de la structure des sols, ni des précipitations. L'objectif est clairement de pouvoir déroger au semis sur ces communes et de protéger nos adhérents.

Les quatre secteurs (38 communes) sans dérogation au semis de Cipan-SIE sont :

- secteur 1 : Gouvieux, Chantilly, Lamorlaye, Coye-la-Forêt

- secteur 2 : Montagny-Ste-Félicité, Lagny-le-Sec, Le Plessis-Belleville, Silly-le-long, Ognes, Chèvreville, Brégy, Bouillancy, Reez-Fossé-Martin

- secteur 3 : Fontaine-Chaâlis, Borest, Mont-L'Évêque, Chamant, Ognon, Barbery, Montépilloy, Rully, Raray, Brasseuse, Villers St-Frambourg, Villeneuve-sur-Verberie, Roberval, Pontpoint, Chevrières, Houdancourt, Bazicourt, St-Martin-Longueau, Pont-Ste-Maxence, les Ageux

- secteur 4 : Moyenneville, Gournay-sur-Aronde, Wacquemoulin, Ménévillers, Neufvy-sur Aronde.

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