L’horticulture, une filière discrète mais indispensable
Lors de la dernière assemblée générale de Val’Hor, les intervenants ont souligné l’importance de la filière horticole trop méconnue qui entreprend petit à petit son aggiornamento.
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau est venu clôturer les travaux de l’Assemblée générale de Val’Hor, l’interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. «Nous sommes une filière discrète, mais indispensable pour l’équilibre de notre société», a déclaré Catherine Muller, présidente de Val’Hor, en accueillant le ministre. Elle en veut pour preuve, le fort engouement des collectivités locales, pour les fleurs, les plantes et les arbres. «Ces projets de plantations de milliers d’arbres sont une victoire pour le végétal», ajoute-t-elle tout en prévenant : «Nous ne pouvons pas répondre à la démultiplication de la demande publique sans avoir une filière forte et durable.» Mais «nous sommes prêt à prendre notre part dans cette ambition de souveraineté». La présidente insiste sur le fort maillage des 52 000 entreprises qui composent le secteur, dont les commerces de proximité, «essentiels» à l’équilibre des territoires. Comme toutes les filières agricoles, la filière connaît les difficultés du moment : sécheresse, avec des restrictions d’arrosage parfois trop drastiques, prix de l’énergie…
«Le végétal, c’est la vie»
Mais le secteur du végétal ornemental est prêt pour s’engager dans les nécessaires transitions écologiques, énergétiques, digitales et sociétales. Pour ce faire, Val’Hor prépare la révision de son plan de filière. «Plus que jamais, nous vous sollicitons pour agir. Nous sommes toutes les forces du végétal, conclu-t-elle. Le végétal c’est la vie.» «Je connais toute l’importance des métiers du végétal, a répondu le ministre. Votre filière est active dans la transition écologique. Vous participez à la renaturation des espaces, à la renaturation des villes.»
Pour renforcer le secteur, Marc Fesneau a annoncé la possibilité de déployer des programmes opérationnels dans la future Pac dès 2024. «Le décret reconnaissant le secteur horticole dans les organisations de producteurs va être publié prochainement.» Il est également revenu sur la question de l’eau. «Sans eau, pas d’agriculture. La question de l’accès à la ressource en eau est essentielle.» Il invite les professionnels à «trouver des solutions au niveau des territoires». Parmi les pistes de travail, celle de la réutilisation des eaux usées traitées (REUT, ndlr), un chantier en devenir pour la France qui ne réutilise que 1 % de ses eaux usées, contre 14 % en Italie et 12 % en Espagne. Une partie des réponses à l’ensemble de ces chantiers devrait se trouver dans la loi d’orientation et d’avenir qui sera débattu à la fin du 1er semestre 2023.
Les programmes opérationnels attirent les convoitises
Dix millions d’euros restent à flécher vers les filières pour créer de nouveaux programmes opérationnels, dans le cadre de la prochaine Pac. Une enveloppe dérisoire qui attire le monde de l’élevage mais aussi l’horticulture.
Invités par les députés de la commission des affaires économiques (Coméco) à participer à une table-ronde sur la structuration des filières le 2 novembre, les AOP de l’Ouest Cerafel (légumes), Poplait (lait) et Porcs Grand Ouest (porcs) ont prôné le regroupement des producteurs en OP pour «concentrer» l’offre, et ainsi «peser sur le marché» afin d’améliorer véritablement le revenu des agriculteurs. «On attend de vous, Mesdames et Messieurs les députés, de faire en sorte que les agriculteurs puissent agir collectivement, et pour cela il faut encourager les OP et AOP, via un bonus individuel pour inciter à l’organisation économique, et via le financement de programmes opérationnels (PO)», a déclaré le président de Poplait, Fabrice Guérin.
À l’instar de la filière des fruits et légumes habituée des PO pour se structurer, Poplait et Porcs Grand Ouest veulent obtenir des cofinancements européens via la mise en place de PO durant la prochaine Pac (2023-2027). «Nous voulons être intégrés aux négociations sur la répartition des financements prévus par les PO dès cet automne», a ajouté M. Guérin, qui espère obtenir un rendez-vous à ce sujet avec le ministère de l’Agriculture.
10 millions à répartir
Dans la déclinaison nationale de la prochaine Pac (PSN), la France prévoit de réorienter 0,5 % des aides directes vers le cofinancement de nouveaux PO, c’est-à-dire hors filière fruits et légumes. Cela représente un budget de 33 millions d’euros (M€) par an, selon la fédération des coopératives et Sica de producteurs de fruits et légumes (Felcoop). «La France a déjà fléché 22 M€ vers les protéines végétales, donc il reste en gros 10 M€ qui ne sont pas fléchés», explique la directrice de Felcoop, Caroline Ducourneau. Le cabinet du ministre de l’Agriculture a confirmé ces chiffrages le 9 novembre, précisant que les nouveaux PO seront mis en place «à partir de 2024», et que «les contenus des programmes ne sont pas encore déterminés».
Reste donc à trancher qui bénéficiera de l’enveloppe de 10 M€ pour mettre en place des PO. Un montant dérisoire, au regard du montant annuel d’aides directes touché par certaines filières, mais qui attire les convoitises. «Politiquement, c’est un peu la guerre», glisse-t-on en coulisses, car les filières d’élevage mais aussi l’huile d’olive et l’horticulture sont intéressées. Felcoop, qui épaule la filière horticole pour créer des OP avec PO, estime que ce projet «consommerait 6 M€». «L’horticulture est un secteur qui n’a jamais eu aucune aide, ni nationale, ni européenne, donc pour laquelle cela se justifie bien de pouvoir avoir cette enveloppe-là», glisse Caroline Ducourneau.
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