L'Oise Agricole 24 juillet 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

La centrale Photosol à Creil se veut un chantier exemplaire

Sur l'ancienne base aérienne de Creil, cette installation photovoltaïque, en partie déjà en service, a nécessité des années de concertation locale pour aboutir à ce qui sera la deuxième plus grosse centrale de France.

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- © DLC

«Avec à terme une production de 200 mégawatts, Creil sera la deuxième plus importante installation photovoltaïque de France et la plus grande que Photosol construise actuellement, annonce Alix Lajoie, présidente de la société. Elle fournira l’équivalent de la consommation de 85.000 personnes.»
Démarré en 2019, ce projet a été possible car l’armée française a mobilisé son ancienne base de Creil vers les énergies renouvelables. «C’était un énorme challenge car le site est réparti sur trois communes et présentait des enjeux techniques, agricoles, militaires et environnementaux avec des partenaires qui n’avaient pas forcément les mêmes intérêts. Mais nous avons choisi de prendre le temps de la concertation pour aboutir à un consensus autour de ce projet grâce à l’accompagnement des services de l’Etat, DDT, sous-préfecture de Senlis entre autres. Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’ambiance est pacifiée», se réjouit Antoine Dubos, responsable développement et relations institutionnelles chez Photosol. Les deux tiers de l’installation sont déjà en pleine production et la dernière tranche sera installée d’ici la fin de l’année pour une inauguration officielle prévue en début 2026. Il aura fallu 2,5 ans de travaux dont un an pour dépolluer le site.

Le diagnostic initial
Avec une importante partie en herbe et la forêt de Halatte à proximité, le site de Creil accueille des espèces animales et végétales qui font l’objet de mesures de protection. Parmi elles, des passereaux qui nichent au sol, le pipit farlouse et l’alouette, et un couple de milans royaux. Côté végétaux, le fraisier vert, la véronique tri-lobée et un papillon remarquable, la livrée des prés. Pour les protéger, les zones enherbées sont clôturées, les travaux lourds interdits pendant la période de nidification (jusque début août) et 3 km de haies ont été plantées d’espèces locales. Avec le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-deFrance, un arrêté biotope sera pris pour mettre en place les mesures de conservation les plus adaptées, comme la fauche tardive des surfaces pour protéger les nids au sol.
Les mesures de compensation porteront sur environ 140 ha, propriétés de la communauté de communes Oise-Halatte, ou de l’établissement public foncier de l’Oise. Comme ces surfaces sont morcelées, un travail de la Safer visera à les regrouper afin de permettre leur exploitation ; ces surfaces seront semées en prairies. Des ovins pourront les pâturer ou des fauches seront exportées. Un suivi sera bien entendu assuré par un comité pour mesurer l’efficacité des mesures.

Une installation pensée
Les panneaux photovoltaïques sont essentiellement installés sur les anciennes pistes et le tarmac pour laisser un maximum de surfaces enherbées. Les panneaux qui seront implantés sur les surfaces naturelles seront surélevés pour laisser passer la lumière. Une orientation plein sud a été privilégiée.
Le chantier nécessite une logistique pointue entre l’arrivée des modules photovoltaïques chinois biface (cellules des deux côtés pour profiter de la réflexion au sol), les supports suisses et les onduleurs italiens. Sur les pistes ou le tarmac, les câbles ne sont bien entendu pas enterrés mais enfermés dans des rails métalliques qui les mènent jusqu’aux onduleurs.
À noter que le raccordement a été planifié avec Enedis et que le site participe à un mécanisme d’ajustement à la baisse mis en place par RTE. Il permet à RTE d’arrêter la production de Creil 1  lorsque cela est nécessaire pour la gestion du réseau. «Nous contribuons ainsi à un équilibrage du réseau en flexibilisant notre production. Toutes les équipes sont très fières de participer à ce chantier», assure Alix Lajoie.
À terme, 10 personnes assureront l’exploitation du site, dont des salariés de la ville de Creil qui ont suivi à cette fin une formation qualifiante. L’accent est mis sur la gestion des déchets et la sécurité du site, notamment pendant les phases intenses de travaux durant lesquelles 250 personnes vont intervenir dès début août pour finir le chantier jusque début 2026. Il faut assurer la cohésion et le bon déroulé avec des ouvriers de différentes disciplines.
Le site de Creil devrait fonctionner trente ans environ. Le démantèlement, le démontage et le recyclage de toute l’installation sont déjà prévus, à moins qu’il ne soit prolongé à cette échéance.

Creil en chiffres

200.000 mégawatts
147 ha de terrain
331.830 modules
246 onduleurs
110 km de câbles AC tirés
1.800 km de cables DC tirés
17 points de raccordements
11 points de livraison
13.266 t de CO2 évitées/an
130 millions d’euros investis par Photosol, la Caisse des dépôts et consignations et un financement participatif

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