L'Oise Agricole 01 mai 2022 a 10h00 | Par Christophe Soulard

La sécheresse gagnerait-elle du terrain ?

Les premières restrictions des usages de l'eau commencent à être prises dans quelques départements français. Nos voisins européens ne sont pas épargnés, de même que d'autres pays étrangers.

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Partout dans le monde, l'eau manque.
Partout dans le monde, l'eau manque. - © onu

La préfecture de la Drôme a appliqué, depuis le 14 avril, les premières restriction des usages de l'eau, tant pour les eaux de surface que souterraines. Il est ainsi interdit d'arroser les pelouses, espaces verts et sportifs de toute nature de 9 à 20 h. Des tours d'eau sont mis en place pour l'irrigation des cultures agricoles. Il est interdit de remplir les piscines, etc. La Drôme suit de quelques jours le Maine-et-Loire et de la Mayenne où les usages de l'eau ont également été limités dans des proportions plus ou moins équivalentes. Le 14 avril, ce sont une partie des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime qui ont été placés en alerte et même alerte renforcée dans certaines zones pour les eaux superficielle. Au 19 avril, neuf départements étaient en restriction, c'est-à-dire au-delà de la vigilance et 25 arrêtés étaient en cours sur l'ensemble du territoire national.

Nappes à surveiller

Certes, les pluies assez fournies qui sont tombées vers le 12 avril ont permis d'atténuer le phénomène, mais la crainte d'une sécheresse printanière pèse toujours sur l'ensemble du territoire français. L'inquiétude est réelle dans le région Provence-Alpes-Côte-d'Azur qui n'a connu qu'un cumul de seulement 64 mm d'eau entre le 1er janvier et le 10 avril 2022. Les Alpes-Maritimes sont en arrêté restriction depuis début mars.

Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) s'inquiète lui aussi de l'état des nappes phréatiques qui sont à surveiller. Selon lui, la situation s'est rapidement dégradée et les pluies insuffisantes ont fortement impacté l'état des nappes. En avril, les tendances des nappes devraient être orientées à la baisse, indique-t-il. «Ces tendances sont valables pour encore deux ou trois semaines», indique-t-on au BRGM. Un peu partout ailleurs, les stocks jugés encore insuffisants pour garantir, à ce stade, un été sans arrêté d'alerte renforcée - limitant de 50 % les captages agricoles - voire sans arrêté de crise où les prélèvements d'eau se limitent à des usages prioritaires (santé, sécurité civile, etc.). Les récentes pluies pourraient-elles recharger les nappes et remettre en cause les arrêtés préfectoraux ? «Il faut attendre mi-mai», pronostique-t-on au BRGM.

Situation inquiétante

Chez nos voisins européens, l'Espagne et le Portugal n'ont pas été épargnés même si les précipitations des dernières semaines ont quelque peu atténué le phénomène dans certaines parties de la péninsule. Cependant, dans les bassins du tiers sud de l'Espagne, la sécheresse hydrologique et météorologique persiste. Dans le pourtour méditerranéen, la Tunisie sort juste de cinq années de sévère sécheresse et le Maroc connaît sa plus grave sécheresse depuis 1981. La sécheresse qui frappe la Corne de l'Afrique serait la pire en près de 40 ans, selon l'Onu. Elle menace 13 millions d'individus en Éthiopie au Kenya et en Somalie. En Éthiopie, plus de 200.000 têtes de bétail sont déjà mortes à cause de saisons des pluies inexistantes. Plus d'un million dans toute la Corne de l'Afrique.

Outre-Atlantique, plus de la moitié du territoire des États-Unis (61 %) est actuellement en état de sécheresse. Les précipitations tombées sur la période janvier-mars sont si faibles dans l'ouest américain qu'elles approchent des niveaux records. Au Chili, la situation devient à ce point inquiétante que, Claudio Orrego, le gouverneur de la capitale, Santiago, a annoncé le 11 avril, un plan de rationnement de l'eau.

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