Les agriculteurs à l'épreuve du feu
La présidente du Conseil départemental de l'Oise, Nadège Lefebvre, accompagnée de Franck Pia, premier adjoint au maire de Beauvais, ont visité une exploitation à Troussures. La famille Muller s'est équipée récemment d'une motopompe pour anticiper et éviter tous risques d'incendies.

Les incendies de récolte ont ravagé le département de l'Oise depuis 2019. Pour éviter des futurs dégâts matériels ou humains, le Conseil départemental de l'Oise, la préfecture et la FDSEA 60 ont mis en place une solution pour aider à lutter contre l'incendie, les motopompes. Cette machine est surtout utilisée en milieu rural où l'approvisionnement en eau est difficile et où les sinistres en requièrent de grandes quantités. Une motopompe est une unité pompe-moteur à explosion utilisée dans divers domaines comme l'agriculture ou la sécurité civile. Cette machine peut être munie d'une simple poignée de transport et de petites roues pour les plus légères ou éventuellement attelées et tractées par un véhicule automobile pour les modèles plus lourds et volumineux.
La famille Muller, victime d'incendie par le passé et avec l'aide de la FDSEA 60, a décidé d'acquérir une motopompe. «Le coût est de 1.400 euros avec la lance et le tuyau. Si on souhaite le kit complet, cela revient à 2.000 euros. Avec une aide de 1.000 euros du Département, la motopompe revient à la moitié de son prix. C'est très avantageux. La motopompe sert essentiellement à éteindre les départs de feux. On ne prend pas le rôle de sapeurs-pompiers. On essaye de freiner la propagation du feu. Si on le stoppe, c'est tant mieux, mais il faut la présence des pompiers, on n'est jamais à l'abri d'un nouveau départ de feu. En 2019, on prévenait le Sdis 60 sur les zones où il restait encore des parcelles à moissonner afin que les camions puissent s'y concentrer», explique Simon Muller.
La présidente du Conseil départemental a poursuivi la discussion en rappelant les différents dispositifs contre les incendies. «Avec l'ancien préfet, Louis Le Franc, et Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, nous avons réfléchi à plusieurs solutions. Déjà, le Département a dû réinvestir 600.000 euros en camions de pompiers suréquipé, entre autre,s pour la sécurité des pompiers. En 2020, malgré les incendies, les agriculteurs étaient mieux préparés avec des déchaumeurs et des tonnes à eau. On a également mis en place une application Gestion incendie. Cela permet aux pompiers de se rendre plus facilement et plus précisément sur les lieux incendiés.»
Autre point soulevé par Franck Pia et Nadège Lefebvre, la date de la moisson. «On arrive plus facilement à diagnostiquer le climat dans les jours à venir. Au lieu de moissonner l'après-midi durant les très fortes chaleurs, il faudrait réaliser la récolte le soir. Dès lors, l'État doit autoriser les coopératives à ouvrir la nuit ,au moment où la température est plus fraîche.» Nadège Lefebvre prévoit plusieurs réunions avec la préfecture. «Avec le changement climatique, on sera confronté à ce genre d'événements plus fréquemment. Nous devons prévoir des réunions avec la préfète Corinne Orzechowski pour définir un plan incendie afin d'anticiper et éviter les futurs feux de récoltes.»
À ce jour, 150 agriculteurs ont profité de la subvention du Conseil départemental pour l'acquisition d'un matériel de protection incendie. 143 sont passés par la FDSEA 60 pour faire l'acquisition d'une motopompe, de la simple motopompe au kit complet avec cuve intégrée. Pour les adhérents, il existe des tarifs préférentiels avec les deux fournisseurs.
Rappel des importants incendies 2019 dans l'Oise
Pour rappel, le département a connu au cours de l'été 2019 un important épisode de feux agricoles, au cours duquel plus de 3.000 hectares de cultures ont brûlé. Sept sapeurs-pompiers blessés dont un brûlé au visage, un agriculteur décédé, 50 personnes évacuées, 45 personnes confinées. 484 hectares de récoltes détruits le mardi 23 juillet et 1.046 hectares le jeudi 25 juillet. Des dépendances d'un corps de ferme détruites, deux fourgons d'incendie endommagés, des engins agricoles détruits.
Au plus fort de la journée du 23 juillet, sur les 387 sapeurs-pompiers de garde au Sdis 60, 329 étaient engagés en opération, soit 85 % de l'effectif du jour, dont 172 sur des feux de récoltes soit 44 % de l'effectif du jour. Lors de la journée du 25 juillet, 478 pompiers étaient engagés dont 349 sur des feux de récoltes.
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