«Les agriculteurs ont intégré les problématiques environnementales»
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, était l’invitée le jeudi 27 août d’un débat organisé par le Medef, lors de la Renaissance des entreprises de France 2020, sur l’hippodrome de Longchamp. Au menu des échanges : «L’économie au secours de l’écologie, et vice-versa ?»
Bien que certains orateurs à l’image de Yannick Jadot, député européen Europe Écologie Les Verts (EELV) aient voulu aplanir sinon gommer les différences de fond entre les différents intervenants, en les exhortant à «sortir des caricatures», chacun des participants de cette table-ronde entendait marquer son territoire et défendre, fort logiquement, ses intérêts.
Verdir les industries
C’est ainsi que Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a insisté sur le rôle important que l’agriculture joue en matière d’environnement. «Oui, nous avons une responsabilité écologique importante. Et nous l’assumons. Nous sommes un secteur de solutions [parce que] nous sommes des refroidisseurs du climat, notamment par la captation carbone de nos cultures, de nos prairies, parce que nous produisons des énergies vertes comme le biogaz, de la biomasse, du photovoltaïque, etc.», a-t-elle indiqué. La FNSEA ne s’est-elle pas rapprochée de Veolia pour mettre en place une convention qui permettrait la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) ? «L’agriculture est en mesure de verdir les industries», a-t-elle soutenu, expliquant le rôle important que la recherche peut jouer dans l’accompagnement de cette transition écologique, notamment dans le domaine du numérique, de la génétique, de la recherche variétale. D’ailleurs, la consommation de produits de biocontrôle a augmenté de 80 % pour remplacer les produits chimiques de traitement des plantes, mais «l’erreur du Grenelle de l’environnement est d’avoir imposé 50 % de réduction de produits phytosanitaires sans donner de moyens à la recherche, laissant les agriculteurs gérer seuls le problème», a regretté Christiane Lambert.
Décarbonation et souveraineté
Présente en plateau, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a confirmé que 30 % des crédits du plan de relance, soit une enveloppe de 30 milliards d’euros, serait dédiés au verdissement de nos industries et de notre économie et qu’une partie serait consacrée au développement de l’agroécologie. Elle a également confirmé l’application de la Convention citoyenne pour le climat dans la lutte contre «la bétonisation des terres agricoles et forestières» et se fixe comme objectif «la décarbonation» de nos modes de production, de distribution et de consommation pour parvenir à une neutralité carbone à l’horizon 2050. Barbara Pompili a également pointé du doigt «l’échec collectif» sur le dossier des néonicotinoïdes, faisant remarquer qu’on «avait quatre ans devant nous. La filière n’a pas fait le travail, l’État non plus, la recherche non plus et à la fin, on doit prendre une décision très douloureuse». Christiane Lambert a souligné que la France a été le seul pays européen à avoir inscrit leur interdiction dans une loi. Sur
19 pays producteurs de betteraves, 14 pays ont réintroduit les néonicotinoïdes pour des raisons d’urgence sanitaires et économiques. «C’est une question de souveraineté, a insisté la présidente de la FNSEA. Pourquoi Teisseire et Coca-Cola se sont-ils installés dans le Nord de la France ? Parce qu’il y a du sucre. Les Belges et les Allemands n’attendent qu’une chose. L’arrêt de la production sucrière en France pour fournir ces entreprises.»
Contre les «procès faciles»
Si chacun des orateurs accepte l’idée qu’il n’existe pas d’incompatibilité pour concilier logique écologique et compétitivité, la présidente de la FNSEA tient à rétablir quelques vérités et à fixer quelques limites. Pas question pour elle «d’interdire chez nous et penser que les autres suivront. Les autres ne suivent pas et on est chocolat. Alors, nous devenons des héros morts et ce n’est pas sérieux». Surtout, elle s’inscrit en faux contre les «procès faciles» : «Nous, agriculteurs, serions les ringards et eux (les écologistes, ndlr) les modernes. Non, les agriculteurs ont intégré les problématiques environnementales», a-t-elle conclu.
Medef et FNSEA vont planter 4 kilomètres de haies
Le rendez-vous est fixé le 25 novembre prochain dans le département de la Marne. Ce jour-là, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, planteront un arbre chacun, les premiers d’une longue série puisqu’il est prévu d’implanter quatre kilomètres de haies, «permettant de capter 37 tonnes de carbone», a précisé Christiane Lambert. Réalisé en lien avec le collectif Epiterre, ce dispositif permettra aussi de favoriser la biodiversité du milieu agricole, de lutter contre les effets du changement climatique et de donner de la visibilité et de la valeur aux services environnementaux rendus au quotidien par les agriculteurs.
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