L'Oise Agricole 23 octobre 2025 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Les communes ne veulent pas être la variable d'ajustement du budget de l'État

Réunis en assemblée générale le 18 octobre à UniLaSalle Beauvais, les maires ne s'estiment pas responsables de la dégradation des finances publiques et ne veulent pas que l'État fasse trop économies sur leur dos.

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Ils sont le socle du fonctionnement de la démocratie locale, font preuve d'engagement au sein de leur commune, sont souvent démunis face à des difficultés et parfois malmenés, voire agressés par leurs administrés : les maires en ont gros sur le patate et à la veille des élections municipales de 2026, craignent de devoir subir le tour de vis budgétaire que le gouvernement Lecornu s'apprête à leur faire subir. 
«La dette de la France s'élève à 3.400 milliards d'euros, soit 50.000 EUR par Français et même 144.000 EUR par actif ! Et voilà que les collectivités locales sont appelées à la rescousse de l'État alors qu'elles ne représentent que 8 % de la dette !», s'insurge Nadège Lefebvre, présidente du Conseil départemental, installée à la tribune aux côtés d'Alain Vasselle, président de l'UMO, et de Franck Pia, maire de Beauvais. 
Tous reconnaissent que 2026 sera une année difficile, avec des recettes en berne et des dépenses en hausse. 

Quelques vérités sur les finances publiques
À l'heure d'une grande confusion sur ce que sera le budget 2026 de la France, Clément Bousquet, du cabinet CBG Territoires, cabinet spécialisé en finances locales et en optimisation d'organisation des services publics, a révélé quelques schémas et graphiques sur les défis financiers des collectivités, entre fragilisation budgétaire et obligations de demain.
Après une forte hausse de l'inflation puis une baisse entre octobre 2020 et juillet 2025, la France présente le déficit public le plus important des pays d'Europe. 
Le poids des collectivités publiques dans ce déficit s'élève à environ 20 % et reste constant, malgré les transferts de compétences qu'opère l'État à leur destination. «L'État équilibre son budget en ayant recours à l'emprunt, alors que les collectivités doivent toujours voter un budget en équilibre», précise l'intervenant. Le poids de la dette par rapport au PIB (produit intérieur brut) reste constant pour les collectivités, à hauteur de 10 %.
Si l'on s'intéresse à la situation fiancière des communes de l'Oise, 13 ont une surface financière inférieure à 100.000 EUR et une grosse majorité gère un budget inférieur à 1 million d'euros. Avec une surface financière faible, les petites communes ne peuvent pas accéder à l'emprunt. Dans les communes de moins de 3.500 habitants, le taux d'épargne (pourcentage des recettes épargné chaque année) baisse et 30 % rencontrent des difficultés à équilibrer leur budget de fonctionnement. Pourtant, les investissements des communes de l'Oise sont en légère augmentation, à hauteur de 283 millions d'euros en 2024. Elles utilisent leur trésorerie pour investir, mais gardent quand même des niveaux d'épargne satisfaisants. Leur dette est inférieure à la moyenne nationale des communes françaises et elles gardent une capacité à investir. «On peut dire que la majorité des communes de l'Oise est en bonne santé financière et ne contribue pas au déficit poublic», ajoute Clément Bousquet. 
Il pointe néanmoins le poids croissant des normes dans le budget des communes françaises : normes de sécurité, sanitaires, mise en accessibilité... qui leur ont coûté 11 milliards d'euros depuis 2014. «L'enjeu du prochain mandat sera sans doute d'imaginer des structures collectives permettant de porter à plusieurs des investissements coûteux», conclut l'intervenant.
Le prochain budget de l'État vise à réaliser 17 milliards d'euros d'économies et à augmenter les recettes de 14 milliards d'euros. Les collectivités devront faire des économies à hauteur de 4,7 milliards d'euros, mais ce sera sans doute plus selon le Comité des finances locales, qui estime plutôt l'effort demandé à 8 milliards. Sachant que les collectivités représentent 78 % des investissements publics, les maires présents se sentent floués par ces perspectives : ils gèrent plutôt bien leur budget, mais doivent se serrer la ceinture pour un État défaillant. 

Statut de l'élu
Et certains d'évoquer les difficultés relationnelles avec quelques administrés qui en viennent à leur manquer de respect, voire à les agresser. Ils attendent depuis des années la création d'un statut de l'élu qui leur assurerait un appui juridique et psychologique et une protection, même si l'UMO a développé un service de soutien aux élus.
Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, propose de rendre le pouvoir aux territoires, y compris aux préfectures, «pour avoir de la souplesse, coller au terrain et faire avancer les dossiers. Quand on est à portée de baffes des habitants, on se doit d'avoir des résultats. Je propose même que départements et régions fusionnent des fonctions support pour qu'il n'y ait qu'un seul interlocuteur par service. On croûle sous les normes.» Un remise en cause du mille-feuilles administratif pour plus d'efficacité et de démocratie locale.

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