Du scooter de Michael Schumacher, en passant par les Dax, Monkey, Caddy, Manhurin, Vespa, Zoomer, la collection d’une trentaine d’engins, scénographiée par Hubert Le Gall, fera revivre des souvenirs à plus d’un visiteur. Vieux motard que j’aimais, engin de récréation autant que pièce de design, aucun objet ne peut mieux symboliser la découverte d’une nouvelle liberté dans la plus insolente des insouciances. La Mob’ symbolise l’âge d’or du deux-roues, développant souvent avec une grande ingéniosité des solutions originales, et pour lequel le dessin et l’allure générale étaient un point fondamental, à une époque où la créativité n’était pas encore bridée par les contraintes actuelles. Objet symbolique des premières libertés adolescentes, immortalisée dans de nombreuses scènes culte au cinéma, elle a été aussi source d’inspiration : par exemple, Bertrand Lavier l’a suspendue dans une vitrine à la Bourse du Commerce.

Le frein justifie les moyens

Invention française, la mobylette est une contraction de «mobile» et «bicyclette». En 1959, Motobécane, marque française née à Pantin en 1924, lance la mobylette AV88, la «Bleue» puis la «Chaudron» en référence à sa couleur cuivre. Les deux seront présentes dans l’exposition. La «Bleue» fait partie de la vie des gamins des années soixante et soixante-dix. Populaire et infatigable, la «Bleue» est un objet culte incarnant la France des «Trente Glorieuses». Motobécane déclinera la Mob au féminin avec le Cady apparu au milieu des années 60. Équipé d’un petit moteur, de roues de faible diamètre et d’un poids contenu (27 kg), le Cady est fait pour rassurer les parents de ces jeunes filles modernes et les publicités mettront principalement en scène des adolescentes souriantes en mini-jupes ! Motobécane développera d’autres modèles jusque dans les années 90. Au total, 14 millions d’exemplaires seront vendus dans le monde entier et «mobylette» deviendra un terme générique au même titre que «frigidaire».

Autre bécane venue de la botte italienne, la Vespa ! Née à la sortie de la seconde guerre mondiale, elle permettait aux Italiens de se déplacer facilement dans une Italie ravagée économiquement. La Vespa connaît un succès fulgurant et incarne cette Italie insouciante des années soixante. Aux côtés d’un Vespa 125 1955, on trouve un scooter Manurhin MR75, vert amande caractéristique des années 50. Fabriqué par la Manufacture du Haut-Rhin, plus connue pour ses fabrications d’armes à feu et de munitions, l’entreprise avait décidé de se diversifier et de profiter du succès du scooter. L’exposition montrera le scooter Gilera, aux couleurs de la Scuderia Ferrari, ayant appartenu à Michael Schumacher. Depuis des années, les scooters ont envahi les allées des paddocks. Ils permettent aux pilotes, aux mécaniciens, aux photographes de se déplacer d’un bout du circuit à l’autre.

Le cyclo «Sport» est un monde à part où des marques italiennes, françaises ou belges se livrent une concurrence acharnée. Itom, Paloma, Flandria, Malaguti, Gitane Testi rendent fous les gamins de 14 ans qui reluquent leurs réservoirs effilés, leurs selles biplaces à dosseret, leurs guidons bracelet et leurs moteurs à vitesse. Ceux qui ont le privilège de posséder un engin tel qu’un Paloma Super Strada Flash, figurant dans l’exposition, règnent sur la «bande » de potes qui ne possèdent qu’une vieille «Mob», attirent le regard des filles et vivent un rêve éveillé.

Motobécane veut concurrencer les cyclos italiens sur lesquels les ados louchent avec insistance. La marque française sort alors la SP 50, le haut de gamme des machines de Pantin.

Alternative à la Mobylette, le VéloSoleX. Produit à près de 7 millions d’exemplaires entre 1946 et 1988, le Solex est l’incarnation d’une France insouciante. Cette bécane a fait une belle carrière dans le cinéma français dans des rôles sur mesure (comme dans Mon Oncle de Jacques Tatimais il connaît son heure de gloire en permettant à Robert Redford de se déplacer dans New York dans Les Trois Jours du Condor. D’autres surprises vous attendent au donjon de Vez. Dès lors, mateurs et passionnés de Mob’, enfilez votre casque et arrêtez-vous pour admirer cette exposition.

Le donjon de Vez, la dialogue entre le Moyen-Âge et l’art contemporain

Haut-lieu de l’histoire du Valois, berceau originel des rois de France, le donjon de Vez fait dialoguer le Moyen-Âge et l’art contemporain depuis 30 ans. Construit durant la guerre de Cent Ans, ce haut-lieu de l’histoire du Valois, terre des Rois de France, classé monument historique en 1906, a nourri depuis toutes ces années les inspirations de grands artistes contemporains tels Sol LeWitt, Jean-Pierre Raynaud, Daniel Buren, François Morellet ou encore Bernar Venet, dans un jardin remarquable dessiné par Pascal Cribier.

Sous l’impulsion de Francis Briest, commissaire-priseur et Président du conseil de surveillance et de stratégie d’Artcurial, des œuvres d’art contemporaines permanentes se sont greffées sur les bâtiments historiques du XIIIe et XIVe siècles au fur et à mesure des années.

Les expositions estivales attirent chaque année de nombreux visiteurs et font du donjon de Vez une échappée culturelle incontournable à 1 h 30 de Paris. Le Café du Donjon permettra de faire une pause avant de poursuivre cette échappée culturelle et profiter de la proximité de Pierrefonds, la plus belle réalisation de Viollet-Le-Duc, Compiègne, le troisième plus grand palais de France après le Louvre, et Versailles, et Villers Cotterêts, une des résidences préférées de François 1er et le projet phare d’Emmanuel Macron pour y installer la Cité de la Francophonie.