Malgré les turbulences, Naturalia veut poursuivre son développement
Après avoir vu son chiffre d'affaires reculer pour la première fois en 2021, l'enseigne spécialisée bio du groupe Casino espère reprendre le chemin de la croissance malgré les turbulences sur le marché bio. Un contexte de consommation en berne dans lequel la crise ukrainienne pourrait révéler les atouts du bio en matière d'autonomie des exploitations.

Tout dépend où l'on place le curseur de référence. Par rapport aux résultats de 2019, le chiffre d'affaires de 385 millions d'euros annoncé par Naturalia le 30 mars en conférence de presse représente une hausse de 19 %. Mais par rapport au chiffre d'affaires de 395 millions d'euros de 2020, il s'agit d'une baisse de 2 % environ. Un recul inédit dans l'histoire de l'enseigne bio spécialisée du groupe Casino. «Nous n'avions pas établi notre budget 2021 par rapport à l'année 2020, qui était une année exceptionnelle, mais bien par rapport à 2019», insiste Allon Zeitoun, directeur général de l'enseigne.
La réduction du chiffre d'affaires, prévient-il, ne remettra donc pas en cause la stratégie du groupe : poursuivre son déploiement. Alors que 38 nouveaux magasins ont été ouverts en 2021, Naturalia espère maintenir la dynamique, avec «30 à 40» inaugurations supplémentaires en 2022. Et comme le souligne Allon Zeitoun, avec une poignée de magasins en Suisse au sein de sites du géant helvète Migros, le groupe s'aventure même à l'étranger.
Ce développement géographique s'accompagnera d'un travail sur l'offre. Avec «6 à 10 %» de produits locaux actuellement dans les magasins, Naturalia espère atteindre 15 % de références produites à moins de 150 km pour chaque site d'ici 2023. Un objectif qui reposera sur les dirigeants des magasins, puisque ce sera désormais à eux d'identifier les producteurs avec lesquelles ils souhaitent travailler, et non plus au service achats du siège.
Tassement de l'écart entre bio et conventionnel
Malgré toutes ces perspectives optimistes, Allon Zeitoun le reconnaît : «Depuis le mois de septembre, le marché est compliqué.» Après les records enregistrés en 2020, les inquiétudes sur le pouvoir d'achat et la réouverture des restaurants ont ralenti la consommation de bio à domicile, et créé des surplus dans certaines filières. Mais comme de nombreux autres acteurs du bio, le dirigeant de Naturalia estime qu'il ne s'agit là que d'une crise passagère. «Ce n'est pas un sujet d'offre, mais de demande», insiste Allon Zeitoun, qui attend, lui aussi, beaucoup de la campagne à venir de l'agence bio.
Car son enseigne est loin d'être une exception dans cette galaxie bio qui connaît ses premières déceptions depuis une dizaine d'années. Le réseau Biocoop affiche, lui aussi, un recul de chiffre d'affaires de quelques points, en passant de 1,62 milliard d'euros de chiffre d'affaires à un peu moins de 1,6 milliard. Un arrêt de croissance que le patron de l'enseigne, Pierrick de Ronne, attribue dans un échange avec l'AFP non seulement aux conséquences du Covid, mais également à «différentes allégations qui viennent faire croire que c'est du bio moins cher». HVE, sans résidus de pesticides : «Ce ne sont pas des réponses aux enjeux agroécologiques», opine Allon Zeitoun.
Dans ce contexte tendu, la guerre en Ukraine pourrait alors, selon lui, mettre en lumière certains atouts du cahier des charges AB. Car les fermes bio, rappelle Allon Zeitoun, s'avèrent moins sensibles au renchérissement des intrants, et notamment à la hausse des prix des engrais et fourrages. «Nous pourrions assister à un tassement de l'écart de prix entre le conventionnel et le bio», prévoit le dirigeant de Naturalia. Pour rebondir, un soutien renforcé des pouvoirs publics serait bien accueilli. Mais comme l'avait exprimé l'ancien président de l'Agence bio il y a quelques mois, Allon Zeitoun, également président de Synadis Bio, syndicat des distributeurs spécialisés, estime auprès de nos confrères de l'AFP que le gouvernement actuel n'est pas très favorable au bio. Pourtant, défend-il, ce cahier des charges «a toute sa pertinence en termes de réduction des gaz à effet de serre ou d'impact sur le sol et le climat». Alors que plusieurs candidats proposent une baisse de TVA pour rendre le bio plus accessible, le dirigeant juge que cette révision fiscale «ne changerait pas la différence de prix». À cette mesure, Allon Zeitoun préférerait «une position claire en faveur du bio».
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