Une année moyenne, mais un marché porteur
Entre températures caniculaires et manque d'eau, Maxime Visse, responsable de plaine à la SCA Lin 2000, fait un point sur la récolte du lin. Une culture qui semble bien se porter malgré le contexte météorologique actuel.
Printemps très sec, vent d'Est fréquemment présent, la culture du lin de printemps a connu de nombreuses difficultés. Cette culture a été semée dans des terres très sèches. Cependant, grâce à la vigilance des producteurs, 90 % des lins ont eu de très belles levées. «L'inconvénient est qu'on n'a pas eu de perte de pieds à la levée avec très peu d'altises, on avait donc une surpopulation entre les rangs. Avec le manque d'eau, il y a eu une concurrence hydrique importante. De plus, la sécheresse et les fortes chaleurs ont provoqué une floraison précoce des lins, on ne pouvait pas les arracher. Le lin a besoin de beaucoup d'humidité. Pour l'eau, il ne faut pas forcément une grande quantité ,mais elle doit intervenir au bon moment. Nous cultivons sur un cycle très court (d'avril à juin-juillet)», explique Maxime Visse, responsable plaine à la SCA Lin 2000.
Autre constat, des lins courts ont été récoltés. Idéalement, pour être commercialisable en fibre longue, la fibre doit mesurer 55 centimètres. En plaine, le lin doit monter au minimum à 70 cm. «Frayeur fin mai car les lins était à 55 centimètres et ils commençaient à fleurir. Heureusement, quelques précipitations ont sauvé la majorité des lins. Aujourd'hui, on a tout arraché. Une grosse moitié tourne autour de 70 centimètres avec des lins allant jusqu'à 4,5 tonnes, on a une partie des lins qui sont corrects avec 80-85 cm et avoisinant les 5,5 tonnes et une partie des lins qui est très bonne. Ces derniers sont situés majoritairement dans le secteur Ouest du département avec un tonnage de 7,5 tonnes et des lins mesurant jusqu'à 1,15 m» poursuit le responsable.
Mais par ce temps sec, la coopérative n'a pas encore roulé les lins. En effet, le risque étant d'abîmer la fibre qui n'est plus solide. «La pluie permettra de les solidifier. Dans tous les cas, il faudra prendre une décision. On devra enrouler des lins plus clairs. Il ne faut pas que le potentiel fibre chute. S'il pleut, on pourra les retourner et les enrouler facilement», nuance-t-il. La semaine en cours, jusqu'au 15 août, est décisive pour le rouissage et l'avenir de la récolte. Les pluies attendues sont annoncées.
Heureusement, depuis 10 ans le marché du lin se porte bien. La plus grosse croissance vient des pays d'Asie, notamment l'Inde et la Chine. Historiquement, les gros consommateurs étaient l'Europe et l'Amérique du Nord. «L'année dernière, on a réussi à vendre des lins de basse qualité à très bon prix. Il y a une grosse demande, notamment de nos filateurs chinois. On a tout intérêt à valoriser le lin avec les prix soutenus», souligne-t-il.
Lin 2000 a plusieurs atouts dans son sac
Pour faire face aux changements climatiques, la coopérative agricole de lin textile et oléagineux a déjà réfléchi à d'autres cultures pour pallier au lin de printemps. En effet, depuis quelques années Lin 2000 se lance dans le lin d'hiver. Une culture qui porte apparemment ses fruits. «On est dans un dilemme. D'un côté, on a une demande en fibre qui augmente constamment et de l'autre, le contexte climatique. Ce dernier nous freine et nous devons changer notre stratégie. Le lin d'hiver permet d'éviter le coup de sec au mois de mai», affirme Maxime Visse. Cependant, cette culture a bien évidemment une faiblesse et de taille, le gel. En effet, ce n'est pas la force du gel qui va impacter le lin, mais le choc du gel à un instant bien précis. «Si le gel intervient en fin de saison, le lin d'hiver sera détruit. Cette année ,les lins d'hiver sont magnifiques. Parallèlement à cela, Linéa travaille sur des variétés plus résistantes au gel. En 2023, on va augmenter significativement les surfaces de lin d'hiver en passant de 120 à 300 hectares. On a un autre facteur limitant, la semence. On n'avait pas prévu une telle augmentation mais on est obligé de répondre à la demande. Dans l'avenir, on pense qu'un tiers de nos surfaces sera en lin d'hiver», explique le responsable.
Outre le lin d'hiver, la coopérative développe de plus en plus le lin bio. Les producteurs ainsi que le marché sont très demandeurs. «Le savoir-faire français est très prisé et le lin est une fibre naturelle. On va demander la certification auprès d'Ecocert pour pouvoir travailler du lin bio sur norte site à Grandvilliers», poursuit-il. Mais la coopérative ne s'arrête pas là !
Elle souhaite se lancer dans le chanvre. Une plante idéale par temps sec. «On va aussi travailler sur le chanvre. Une plante qui a plus de potentiel en conditions plus séchantes. Les filateurs s'intéressent de plus en plus à cette culture. Elle a un potentiel plus qu'intéressant. Lorsque l'on constate que la récolte de lin de printemps reste très moyenne, il faut se diriger vers autre chose. Le but est surtout d'aller chercher de la valeur ajoutée sur les terres. Mais nous y allons à tâtons, la récolte du chanvre est totalement différente ainsi que sa technique. Nous allons réaliser des essais et nous nous informons pour réussir cette culture», conclut Maxime Visse.
Maîtres semenciers lin, l'amélioration et la qualité en objectif
Engagés dans une démarche d'amélioration continue pour fournir aux agriculteurs des semences certifiées de lin high tech, les coopératives Agrial, Exelience, Terre de lin et les ETS Brygo et Linéa ont reçu le 16 juin dernier, lors du lalon Lin'Ovation, leur diplôme de «Maître semencier lin» 2022 par le Semlin.
Un engagement continu pour approvisionner le marché en semences de qualité
Pour obtenir la distinction «Maître semencier lin», les établissements de semences doivent répondre à de nombreux critères impliquant les agriculteurs-multiplicateurs, mais aussi et surtout tout le procédé de triage et d'enrobage de la semence. Ces établissements respectent à la fois la traçabilité, les modes de récolte et les techniques employées pour trier et traiter les semences. À toutes les étapes, ils s'engagent également à réaliser des contrôles de qualité pour mettre en marché des semences de haute technologie, c'est-à-dire à haut niveau de germination, quasi absentes de maladies, avec des traitements adaptés et un apport de zinc, le tout en limitant les émissions de poussières. Les établissements souhaitant obtenir le label «Maître semencier lin» sont audités par Semae (l'interprofession des semences et plants) qui vérifie que les établissements ont bien réalisé les améliorations attendues les années précédentes. C'est le principe de l'amélioration continue.
Une attention particulière sur l'état sanitaire des semences en 2022
Les Maîtres semenciers s'engagent dans une démarche d'amélioration continue à tous les niveaux et dans tous les services concernés. Pour les semences fournies en 2021-2022, l'état sanitaire des semences a été essentiel. Ainsi, les Maîtres semenciers ont mis en avant les efforts supplémentaires menés dans tout le procédé. Un premier Maître semencier a formé son équipe aux analyses sanitaires pour son laboratoire ; un autre a conçu un nouvel outil de traçabilité unique pour l'ensemble des étapes de production ; une étude a été déployée sur des pelliculants des semences sans microplastique ; un autre avance sur un nouveau procédé de micro-nettoyage des semences ; un dernier a mis en place des fiches récoltes et améliore ainsi son suivi des agriculteurs. Ces quelques exemples d'innovations étayent l'amélioration continue mise en place par les Maîtres semenciers, du suivi technique de l'agriculteur-multiplicateur à la mise en sac, afin d'obtenir des semences à très haut potentiel. De nouveaux audits seront réalisés à l'occasion de la prochaine campagne en prêtant une attention particulière à nouveau aux aspects sanitaires des semences, sujet ô combien majeur dans le cadre de l'application des politiques agricoles actuelles.
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