L'Oise Agricole 06 octobre 2022 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une nouvelle unité collective inaugurée dans le Valois

Vendredi dernier, la société SAS DPT Métha, regroupant Émeric et Guillaume Duchesne, Christophe Piot, Benoît et Jean-Baptiste Thibault, trois familles d'agriculteurs, inaugurait son unité en présence d'élus locaux et de partenaires du projet.

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Inauguration officielle à Mont-l'Évêque, entre Borest et Barbery, de la SAS DTP Métha.
Inauguration officielle à Mont-l'Évêque, entre Borest et Barbery, de la SAS DTP Métha. - © DLC

Porté par des fils ayant repris l'exploitation familiale, ce projet a trouvé sa genèse lors d'une formation organisée par la Chambre d'agriculture de l'Oise sur la méthanisation en 2018. Les jeunes exploitants, avec des parcours et des expériences différents, avaient saisi l'intérêt de diversifier leurs exploitations de grandes cultures en pérennisant les emplois, créant de la valeur ajoutée et participant à la transition énergétique du territoire. «Nous avons rapidement opté pour la méthanisation et nous nous sommes fortement impliqués dans le dossier. Malgré des difficultés liées aux fouilles archéologiques et au raccordement au réseau, nous avons donné les premiers coups de pioche en septembre 2020 avant d'injecter début décembre 2021, ce qui est relativement rapide», reconnaissent les jeunes exploitants.

Ils ont bénéficié du soutien du maire de Mont-l'Évêque, commune sur laquelle s'élève l'unité, indispensable à la réussite du projet, et de l'appui d'élus locaux et nationaux qu'ils ont t sollicités an amont. La seule opposition a été celle du maire de Chamant qui ne voulait pas d'une canalisation de gaz traversant sa commune. Les agriculteurs ont bénéficié d'aides et de l'appui du Département, du Feder, du Parc naturel régional Oise-Pays de France, de la Région pour un investissement global de 6 millions d'euros, financé en partie par le Crédit agricole Brie-Picardie.

Et le résultat est là : à distance de plus d'un km des villages, l'unité a été construite après avoir décaissé la zone, afin les trois digesteurs soient peu visibles dans cette plaine de grandes cultures. Une butte de terres plantée d'arbres et arbustes et entretenue par des brebis tondeuses assure l'insertion paysagère. Certains bâtiments sont bardés bois.

Ensuite, la moitié de la ration des digesteurs est issue de cultures à vocation énergétique et de céréales immatures produites sur les exploitations des 5 agriculteurs. Pas d'allers et venues incessantes sur la route et, en plus, les exploitations bénéficiant d'un réseau d'irrigation enterré, ce dernier servira à l'épandage du digestat afin de limiter encore les déplacements de matériels agricoles. Un projet réfléchi pour limiter au maximum les désagréments et qui n'a d'ailleurs pas soulevé d'oppositions locales.

2.800 foyers

L'unité de méthanisation produit actuellement 185 Nm3/h de méthane et montera jusqu'à 285 à terme. Elle alimente plus de 2.800 logements neufs en chauffage, cuisson et eau chaude sanitaire sur les communes de Senlis, Chantilly, Fleurines, Pont-Sainte-Maxence et villages environnants. Elle utilise, pour 7 % de ses besoins, l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques installés sur le toits d'un bâtiment et, à l'avenir, les exploitants imaginent produire du carburant vert destiné au transport, une filière en cours de construction.

Sur le site, trois silos de stockage recueillent la ration du digesteur : ensilages de seigle et orge d'hiver récoltés immature en avril, pulpes de betteraves qui ne tarderont pas à être livrées, mais aussi déchets d'industries agroalimentaires, issues de céréales... Les cinq exploitants fournissent la totalité de la ration auto-produite grâce à leurs 600 ha autour de l'unité, soit la moitié des apports totaux. 30 tonnes de matières sont insérées par jour dans les deux premiers digesteurs selon une ration calculée et y restent en moyenne 120 à 140 jours, 80 % du gaz y est produit. La matière finit ensuite la fermentation dans le troisième digesteur.

À la sortie du procédé, du biogaz qu'il faudra épurer car il contient encore du gaz carbonique et du sulfure d'hydrogène. Ce n'est que lorsqu'il répond totalement au cahier des charges de GRDF qu'il est injecté. De l'autre côté, le digestat stocké dans une lagune et qui sera épandu grâce au système d'irrigation en place. «Nous avons ainsi réduit de 50 % nos achats d'engrais minéraux. Notre dépendance est diminuée et notre bilan carbone est amélioré», témoigne Émeric Duchesne.

Les exploitants se relaient pour surveiller l'installation et les salariés des différentes structures agricoles travaillent sur le site. Développement du territoire, maintien de l'agriculture et des emplois, transition énergétique, la méthanisation fait valoir ses atouts. Et ce ne sont pas les représentants de GRDF qui vont s'en plaindre car «à côté de l'électricité, le gaz, notamment vert, sera indispensable pour couvrir nos besoins.»

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