Une stratégie nationale d'accélération à 420 millions
Les ministres de la Transition écologique et de l'Industrie viennent d'annoncer le lancement d'une stratégie nationale «d'accélération» des industries biosourcées, avec un budget de 420 ME.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, ont annoncé le 10 décembre le lancement d'une stratégie nationale «Produits biosourcés, biotechnologies industrielles et carburants durables». Cette annonce a été faite quelques heures après la visite de la ministre déléguée chargée de l'Industrie sur le site pétrochimique et charbonnier de Saint-Avold (Moselle) en reconversion. Ce programme sera doté de 420 ME de soutiens publics du Programme d'investissements d'avenir. Ce soutien financier arrive «en complément des efforts importants déjà engagés dans ces domaines dans le cadre de France Relance», indique un communiqué commun aux deux ministères.
200 ME pour les carburants aéronautiques
Sur la somme de 420 ME, 300 ME seront dédiés au déploiement industriel, dont 200 ME seront orientés vers l'industrialisation de la production de carburants aéronautiques durables, et 100 ME fléchés vers des appels à projets destinés aux acteurs des fabricants de produits biosourcés. De plus, 70 ME seront orientés vers la recherche amont, 30 ME vers le transfert de technologies et 20 ME
vers la formation, a précisé Anne-Cécile Sigwalt, directrice du programme «énergie et économie circulaire» au Secrétariat général pour l'investissement (SGPI), lors d'une table ronde organisée le 15 décembre par le Toulouse white technology (TWB), qui est une unité mixte de services entre l'Inrae, le CNRS et l'Insa de Toulouse. Un appel à projets pour le développement d'une filière de production française de carburants aéronautiques durables est ouvert depuis le 27 juillet et sera clos le 29 avril 2022. Un appel à projets pour des démonstrateurs destinés aux acteurs des fabricants de produits biosourcés doit être lancé en décembre. Il aura pour objectif de développer des procédés et des produits écoconçus présentant de nouvelles fonctionnalités.
Concernant les carburants durables, sont inclus les biocarburants (issus de biomasse agricole, forestière ou algale), mais aussi les carburants de synthèse produits à partir d'énergie renouvelable (comme l'hydrogène et ses dérivés), qui ne sont donc pas biosourcés. Concernant les filières de produits biosourcés, les deux ministères citent les matériaux à destination du bâtiment, les produits respectant l'environnement (notamment la biodégradabilité de produits à usage perdu comme les crèmes solaires) ou la santé humaine grâce à la production de produits moins toxiques (tensioactifs, colles), et les intrants permettant de prendre le virage de l'agroécologie (biofertilisants, biopesticides). «En France, il est estimé que la chimie organique basée sur des matières premières végétales représenterait près de 5 % de la valeur ajoutée de l'industrie chimique française, soit environ 1 MdE», commente le communiqué.
La France va attirer des étudiants
Lors de la table ronde du TWB, son directeur général, Olivier Rolland, a attire? l'attention sur l'ampleur de la compétition internationale. Celle-ci est menée notamment par les États-Unis (avec comme pôles Boston et la Silicon Valley), le Danemark, les Pays-Bas et la Suisse. Ainsi, le département américain de la Défense a mis en place une opération de soutien à l'achat de fournitures d'objets biosourcés, pour un budget de 275 M$, afin de lancer leur marché. De même, «le Danemark a investi 150 ME il y a dix ans pour les biotechnologies industrielles, il va réinvestir
500 ME», a-t-il signalé. La France n'est pas sans atouts : elle va attirer de nombreux étudiants étrangers à Paris pour des séjours de neuf mois, qui travailleront sur les biotechnologies industrielles par équipes de dix à douze membres. «Ces rencontres qui ont lieu habituellement à Boston se tiendront à Paris à partir de 2022», a complété le directeur du TWB.
Des jeans teints avec un produit français biosourcé d'ici 2023
Synovance, start-up de biotechnologie, met au point de l'indigo biosourcé, et a annoncé, lors d'une visite de presse organisée par le Genopole d'Évry (Essonne) le 17 décembre, que les premiers jeans teints par ce colorant devraient être mis sur le marché dès 2023. La start-up fabrique ce produit à partir de fermentations de substrats organiques nourrissant des bactéries. Ces substrats peuvent être du glucose ou des résidus, tels que les drèches de brasserie ou les mélasses de sucreries. La jeune entreprise utilise des bactéries dont plusieurs gènes ont été modifiés pour qu'elles produisent un colorant bleu par fermentation de ces résidus baignant dans de l'eau. Le procédé habituel de production de l'indigo est pétrosourcé. Synovance teste la production d'indigo ainsi biosourcé dans un fermenteur de 100 l. «Nous comptons passer au fermenteur de 1 000 l dans moins d'un an et 10 000 l en 2023», a indiqué Olivier Fouques, directeur financier de Synovance. Actuellement en discussion avec plusieurs grandes marques de textiles, la start-up compte passer à l'étape de production commerciale en propre dans un site en région parisienne. Le laboratoire de Synovance est situé au Genopole, cluster de biotechnologies créé dès 1998 sur les thèmes de la santé, et qui se diversifie dans la bioéconomie.
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